Chapelle ardente de Guy Lafleur: petits et grands saluent la légende
Des milliers de partisans ont pris le temps d’aller dire au revoir à l’ancien numéro 10 du Canadien
Clara Loiseau et Camille Payant
Plusieurs milliers d’admirateurs de Guy Lafleur ont convergé dimanche vers le Centre Bell, qui s’était transformé en chapelle ardente pour l’occasion, afin de rendre hommage à une légende et un héros pour plus d’une génération.
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« Arrivé devant son cercueil, j’ai pleuré. Tout le monde était émotif, c’est une grande partie du Québec qui s’en va », a laissé tomber Charles Simard, après avoir dit au revoir au Démon blond.
L’homme de 69 ans, qui a le logo du Canadien de Montréal tatoué sur un bras, n’a pas hésité une seconde à se lever à 3 h pour quitter Jonquière, à Saguenay, afin de venir à Montréal pour ce jour historique.
Comme lui, des milliers de Québécois ont fait le déplacement jusqu’à la glace du Centre Bell dimanche.
Toute la journée, des fans du #CH sont venus prendre une photo, déposer des fleurs devant la statue du Démon blond au @CentreBell, après avoir dit un dernier au revoir à leur joueur préféré et offert leur condoléances à la famille de #GuyLafleur. pic.twitter.com/ruZverQJVA
— Clara Loiseau (@ClaraLoiseauJDM) May 1, 2022
De partout
Des quatre coins du Québec, en passant par le Nouveau-Brunswick ou Ottawa, tous ne se sont pas posé de question lorsqu’est venu le temps de rendre un dernier hommage à cette légende.
Plusieurs ont patienté quelques heures sous le soleil printanier avant d’entrer dans l’amphithéâtre. La majorité des amateurs avec qui Le Journal a discuté avaient eu la chance de rencontrer Guy Lafleur, signe de la proximité qu’avait hockeyeur avec le public.
« Plusieurs disent que c’est lui qui a donné le plus d’autographes dans l’histoire du Québec, ce n’est quand même pas rien », a précisé le premier ministre François Legault, à sa sortie de la chapelle ardente.
Comme M. Simard, nombreux sont les partisans qui sortaient très émus de la chapelle ardente. Dans une salle relativement plongée dans le noir, ils pouvaient parcourir un tapis rouge illuminé, avant de pouvoir offrir leurs condoléances à la famille Lafleur, présente une bonne partie de la journée.
« J’ai eu la chance de le rencontrer plusieurs fois et il m’a donné beaucoup de conseils. Il prenait toujours le temps de discuter avec nous », se souvient Christian Jolin, de Danville en Estrie.
Des trophées exposés
Quelques trophées remportés au cours de sa longue carrière dans la Ligue nationale ont été prêtés pour l’occasion par le Temple de la renommée du hockey, dont la coupe Stanley, bien en vue au centre du mémorial.
Un hélicoptère aux couleurs du CH trônait à côté de la coupe afin de souligner la passion de « Ti-Guy » pour l’aviation.
Comme beaucoup, je me suis rendu au Centre Bell pour dire au revoir à Guy Lafleur aujourd'hui. Ému de voir autant de monde qui se sont déplacés pour rendre hommage à leur héros.
— François Legault (@francoislegault) May 1, 2022
Merci pour tout, Guy! Merci de nous avoir inspirés et rendus fiers. On ne t’oubliera jamais! pic.twitter.com/GUGMT14YKU
Un moment historique
Si beaucoup de fans ont fait le déplacement, c’est aussi pour le côté historique de l’évènement : Guy Lafleur était la dernière légende vivante du Canadien de Montréal et un héros pour plusieurs Québécois.
« On vient de perdre la dernière grande légende du hockey au Québec, des joueurs comme ça on n’en verra plus jamais », a laissé tomber Marc Lottinville, 50 ans, qui était accompagné de son fils, Simon, 8 ans.
Ce dernier, qui n’a jamais connu le Démon blond sur la glace, sait pourtant qu’il assiste à une journée importante.
« Avec Guy Lafleur, on était des gagnants. » - François Legault pic.twitter.com/YnaJmnIcOC
— Jonathan Bernier (@JBernierJDM) May 1, 2022
« Mon père m’a montré beaucoup d’archives, je sais qu’il l’aimait beaucoup », confie-t-il timidement.
▶ Lundi, la chapelle ardente se poursuivra de 10 h 30 à 15 h. Les funérailles nationales auront lieu à la cathédrale Marie-Reine-du-Monde mardi à 11 h.
Un géant qui a touché toutes les générations
Son talent et sa générosité sans bornes ont fait de Guy Lafleur l’homme du peuple, qui lui a bien fait sentier toute son admiration, dimanche.
« Guy, c’était un Picasso du hockey. C’était un artiste sur patin qui ne pourra jamais être remplacé. »
– Charles Simard, 69 ans, venu de Jonquière avec Laurène Tremblay et Éric Dubois (à droite).
« On vient de perdre la dernière grande légende du hockey au Québec. Des joueurs comme ça, on n’en verra plus jamais. »
– Marc Lottinville, 50 ans, de Sainte-Catherine, avec son fils Simon, 8 ans.
« Même si on ne l’a pas connu ni vu jouer, on sait tous qui est Guy Lafleur. C’était important de venir lui rendre hommage et de participer à cette journée historique. »
– Jérémy Scaire, 23 ans, de Montréal (à droite).
« C’est une page d’histoire qui vient de se tourner. On ne sait pas si on aura la chance de revivre un de ces moments historiques, alors c’était important de venir vivre ça et d’en faire partie. »
– Alexandre Leclerc, 23 ans, de Montréal (à gauche).
« Depuis que je suis petit, j’ai toujours admiré M. Lafleur, autant comme joueur de hockey qu’en tant homme généreux. C’était vraiment un joueur du peuple. »
– Barry Wedmark, 52 ans, d’Ottawa.
« J’ai plus pleuré à la mort de Guy Lafleur qu’à la mort de mon père. C’était une légende et un homme humble qui a été un exemple pour moi et beaucoup d’autres. »
– Christian Jolin, 64 ans, de Danville.
« Je l’ai vu au Forum en 76, 77, 78, 79 remporter les coupes Stanley. On voulait tous être le numéro 10 sur la glace pour être comme lui ! C’était le seul qui nous faisait nous lever et crier devant la télévision. Il nous faisait vivre des émotions, il était spectaculaire. »
– Daniel Goyer, de Montréal, qui montre un souvenir à Valérie Plante.
« Quand Guy est décédé, c’est la fin du mont Rushmore du hockey québécois. Je l’ai suivi toute sa vie comme fan, alors le moins que je puisse faire, c’est de venir lui dire au revoir. »
– Jamie Duckett, 66 ans, d’Ottawa.
« Quand j’étais petit et qu’on jouait avec mes amis, on se battait pour être celui qui allait être Guy Lafleur sur la glace. Ça a toujours été mon idole, et ça le restera. »
– André Godin, de Montréal, avec Daniel Goyer (à gauche).
« C’était un grand joueur, mais un joueur à la hauteur du peuple, car il était accessible. Petit, à l’école de hockey, il venait nous voir et passer du temps avec nous. C’était presque un coach pour nous. Ce sont des souvenirs inoubliables. »
– Jocelyn Duteau, 58 ans, de Cowansville, avec Réjean Vallières (à gauche).
« Mon père nous a transmis ça. C’est comme si on avait vu sa carrière et qu’on savait ce que ça faisait quand les gens criaient “Guy ! Guy ! Guy !” dans les estrades. »
– Emrik Bourré, 11 ans, de Montréal, avec Karine Lavoie, Peyton et Daniel.
« Je livrais à son restaurant Bleu-Blanc-Rouge. C’était mon idole de jeunesse déjà, c’était important de le voir. [...] C’était un gars simple, naturel. Tu pouvais lui parler comme si ça faisait 20 ans qu’il te connaissait. »
– Sylvain Lapointe, 51 ans, de Sainte-Adèle, avec Andrew, Kevin et William.
« En plus d’être notre meilleur joueur, c’est un gars qui est tellement humain. Il signait des autographes à tout le monde, il était très gentil. On s’identifie un peu à lui. »
– Jocelyn Beauvais, 67 ans, Montréal.
« Il était mon premier amour, pas ma femme. Je l’ai aimé avant d’aimer n’importe qui. »
– Tony Perry, de Toronto, accompagné de son neveu Robert.
« Il était une vedette, pas comme les vedettes d’aujourd’hui. Il était une personne normale. Il te parlait, te regardait dans les yeux, te demandait ce que tu faisais dans la vie. »
– Mosé Persico, 60 ans, animateur pour CTV Montreal, qui peinait à contenir ses larmes.
« [Wayne] Gretzky est le meilleur joueur de tous les temps, c’est sûr, mais il n’était pas aussi excitant que Lafleur. Ce n’était pas que ses cheveux dans le vent, mais son attitude. Ses buts étaient tous spectaculaires. »
– Stephen Shard, 61 ans, de Vancouver, portait fièrement un chandail du match des étoiles de 1991 en l’honneur de Guy Lafleur.