CH: la soirée inoubliable d'un miraculé
Nora T. Lamontagne
Un adolescent attikamek polyhandicapé à qui on ne donnait à sa naissance que 10 mois à vivre a pu réaliser son rêve de voir jouer le Canadien en vrai grâce à la générosité d’une centaine de personnes.
« Ça a été l’une des plus belles soirées de sa vie. Je le serrais dans mes bras en disant : “Alex, t’imagines ? On est devant le Canadien !” » raconte Nelson Flamand, le papa d’Alex Boivin-Flamand, 16 ans.
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Père et fils prenaient place dans les gradins du Centre Bell jeudi lors de la victoire historique du CH contre les Golden Knights de Las Vegas, qui lui assure une place en finale de la Coupe Stanley.
« Le dernier but a vraiment émerveillé Alex. Il regardait la foule crier, sauter, et il était là avec son petit sourire, en tapant des mains », poursuit M. Flamand, encore sur un nuage.
Atteint d’un rare syndrome polymalformatif qui le cloue à un fauteuil roulant et l’oblige à s’alimenter par gavage, son Alex est surnommé « Superman » depuis son enfance pour avoir déjoué les pronostics médicaux qui prédisaient sa mort avant son premier anniversaire.
Sa condition, qui s’accompagne d’une déficience intellectuelle et motrice, ne l’a jamais empêché d’être un fier partisan du Tricolore.
« La seule affaire qu’il aime, c’est regarder la game, même s’il sait pas c’est quoi le pointage », dit son père, qui travaille comme opérateur de machinerie lourde.
Le super fan attikamek avait déjà touché la coupe Stanley, de passage au Manoir Ronald McDonald’s, mais jamais n’avait-il mis les pieds au Centre Bell.
Alex avait d’ailleurs revêtu le chandail de son joueur préféré, Carey Price, en plus d’une casquette et d’une couverture aux couleurs du club pour l’occasion.
L’un des moments forts de sa soirée aura été son apparition sur l’écran géant au centre de la patinoire, où on l’a ensuite salué par son nom complet.
« Après, tout le monde lui disait “Alex, ça va ?”, comme s’ils le connaissaient. Le cœur me débattait tellement j’étais content », témoigne Nelson Flamand.
La soirée des deux amateurs s’est terminée par une escorte policière à travers les rues mouvementées de la ville.
Cinq minutes après s’être couché, un Alex aux anges et épuisé dormait déjà.
Bonheur à l’état pur
C’est le cousin de Nelson Flamand qui a d’abord eu l’idée de partir une campagne pour financer ce voyage hors de l’ordinaire.
« Ça m’a tellement touché de voir Alex aussi joyeux en regardant le Canadien gagner... C’est pour lui qu’on a ramassé ça. Même pour moi, j’en prends pas, des billets », dit François Dubé, en riant.
Des dons de partout au Québec – de Manawan, mais aussi de Wemotaci, de Sept-Îles, de Wendake, de Schefferville, de Joliette et de Montréal – ont finalement totalisé 4500 $ en moins de 24 heures, amplement de quoi payer une paire de billets et une chambre d’hôtel à Montréal pour la nuit.
Départ express
La petite famille a donc organisé à la dernière minute toute la logistique du périple de 4 h 30 entre Manawan, dans le nord de Lanaudière, et la métropole.
« La semaine d’avant, on avait acheté un chandail [du CH] à Alex parce qu’on était sûrs qu’on ne serait pas capables de lui payer des billets », dit sa mère, Marjolaine Boivin, émue par l’attention donnée à son garçon.
« Chaque matin, on remercie le Bon Dieu de nous avoir donné une journée de plus pour Alex. On essaie de lui faire vivre le plus de choses possibles qu’il aime », ajoute son mari, en rappelant la fragilité de la santé de leur fils.