«Le troisième lien, c’est faire une job de cochon pour la congestion à Québec»
TVA Nouvelles
Les élus de la Commission des transports avaient deux heures vendredi avant-midi pour questionner le ministre des Transports, François Bonnardel, concernant le troisième lien à Québec et parmi eux se trouvait Catherine Dorion, députée de Taschereau et critique en matière de transport pour Québec solidaire.
La députée s'est fait critiquer d'avoir qualifié le 3e lien de «projet Elvis-Grattonnien» mais selon elle, ce n'est pas une exagération.
«Moi je pense que le troisième lien, c’est de faire une job de cochon pour la congestion à Québec», lance-t-elle. «C’est de promettre à Québec et à toutes ses banlieues beaucoup plus de congestion, beaucoup plus d’automobiles, c’est de raser les boisés pour faire des stationnements... Les gens qui sont allés en banlieue pour la tranquillité, pour l’accès à la nature vont perdre ça, il faut qu’on comprenne ça.»
Mme Dorion dit que le ministre Bonnardel n'avait pas de réponse à ses questions vendredi matin.
«Je lui ai demandé à trois reprises pendant l'interpellation deux études qui démontraient que ça allait alléger la congestion. En fait, il n’y absolument rien qui démontre que ça peut régler la congestion», note-t-elle.
D'autres solutions possibles
Il y a nombre de solutions outre le 3e lien, selon Mme Dorion.
«Pourquoi on ne fait pas comme avec le pont Victoria à Montréal, juste une direction le matin, juste une direction le soir?» demande-t-elle.
«Tout ce que les experts en urbanisme et en congestion routière disent, c’est que la seule façon de décongestionner les villes et les banlieues proches à long terme, c’est d’augmenter et d'investir dans le transport en commun et de limiter l’ajout de voies d’autoroutes pour que ça devienne plus tentant pour les gens de prendre les transports en commun que de prendre l’autoroute. C’est la seule solution au trafic à long terme.»
Un transport en commun pas compétitif
Selon la députée de Québec solidaire, le problème, c’est que le transport en commun n’est pas compétitif à Québec.
«Je n’ai pas tous les experts du ministère des Transports pour dire quelles sont les alternatives les plus valables, mais ce que je vous dis, c’est qu’il y a un million d’alternatives qui pourraient être étudiées, beaucoup moins chères, beaucoup plus efficaces», dit-elle.
Elle note qu'il y a une voie de train sur le pont de Québec qui ne sert presque jamais qui pourrait être utilisée, entre autres.
«L’idée, c’est si le transport en commun, pour ceux pour qui c’est possible et simple, devient compétitif en terme de temps et de confort, il y a plus de gens qui vont le prendre. Et ça va réduire le nombre d’autos partout sur le réseau municipal», dit Mme Dorion. «C’est la seule solution à long terme parce que la ville va continuer de grandir.»
Le 3e lien contesté
Selon la députée de Taschereau, le troisième lien est extrêmement contesté à Québec.
«Je savais qu’au centre-ville c’était le cas, mais je suis aussi allée en banlieue, à Charlesbourg notamment, je pensais me faire recevoir avec une brique et un fanal, non c’était une personne sur deux qui n’était vraiment pas pour ça, ''c’est du gaspillage de fonds public, cet argent-là devrait aller ailleurs''», témoigne-t-elle.
Elle note que le seul sondage récent qui a eu lieu sur le troisième lien et qui mentionnait son coût révélait que même dans la grande région de Québec, l’appui était de moins de 50%.
«C’est sûr qu’ils vont dire que c’est populaire, c’est le seul argument qui leur reste. Tous les arguments rationnels sont tombés», se désole-t-elle.
«Du point de vue des GES et des finances publiques, c’est catastrophique», ajoute-t-elle. On a des besoins en santé et en éducation, c’est criant. Ça devient de plus en plus difficile à défendre.»