«Je perds mon premier héros» - Martin St-Louis
Jean-François Chaumont
BROSSARD - Plus grand que nature. Cette expression revient toujours dans les conversations pour décrire Guy Lafleur. Il y avait le joueur de hockey qui marquait l’imaginaire, mais aussi l’homme. Martin St-Louis a parlé des deux volets en décrivant son idole d’enfance.
«Guy était mon premier joueur favori, a raconté St-Louis, vendredi, avant le départ du Canadien pour Ottawa. Je suis né en 1975. Il n’était pas juste le joueur préféré de mon père.»
- À lire aussi: Guy Lafleur: la décision de Scotty Bowman qui a tout changé
- À lire aussi: Décès de Guy Lafleur : Geoff Molson peine à retenir ses larmes
«Il avait une présence. Je le revois avec ses cheveux blonds dans le vent. Il était électrisant quand il patinait en zone neutre à 100 milles à l’heure vers le territoire offensif. Il m’a aidé à avoir la passion du hockey. C’est une grosse perte de le voir partir. Je trouve ça lourd. Il n’était pas juste un excellent joueur de hockey. J’aimais aussi l’humain à l’extérieur de la patinoire.»
De la classe
St-Louis a raconté une anecdote personnelle qui témoignait de l’immense cœur du numéro 10.
«Quand ma mère est décédée, c’était la journée (funérailles) avant notre premier match de la série contre le Canadien. Guy Lafleur et Réjean Houle s’étaient présentés aux funérailles de ma mère. C’était très touchant pour moi, mais pour mon père aussi. C’est difficile de voir partir un joueur de même.»
Au mois de mai 2014, St-Louis portait les couleurs des Rangers de New York. Il n’était pas un membre de la grande famille du Tricolore. Mais les Rangers s’apprêtaient à jouer contre le Canadien en finale de l’Est.
Sa mère, France, était décédée subitement d’un infarctus à l’âge de 63 ans le 8 mai 2014. À ce moment, les Rangers se retrouvaient au deuxième tour des séries contre les Penguins de Pittsburgh. Les funérailles s’étaient déroulées le 15 mai à Laval, à deux jours de l’ouverture de la finale de l’Est contre le CH. St-Louis et les Rangers l’avaient emporté en six matchs contre le Tricolore.
«Quand j’y repense, ça m’impacte de plusieurs façons, a souligné St-Louis. Je perds mon premier héros. J’ai eu la chance d’être ami un peu avec Guy. Je lui ai serré la main. Mais avec sa présence pour ma mère, je voyais l’humain et tout le bon côté de cette légende.»
Pas juste du talent
À l’image de Lafleur, St-Louis a sa place au Temple de la renommée du hockey.
«Guy n’a pas juste eu un impact avec ses statistiques, a rappelé l’entraîneur-chef du Tricolore. Guy était le visage du Canadien. Mais pas juste pour le joueur de hockey. Il arrivait quatre heures avant un match. C’était un pro. Il pouvait se fâcher aussi, il jouait avec passion. J’aimais entendre les histoires des anciens à son sujet. S’il ne marquait pas, il pouvait frapper ou se fâcher. Il arrivait tôt avant un match et quand il jouait moins bien, il pouvait demander à Michel (Bunny) Larocque de venir plus tôt aussi. Et il décochait 200 tirs contre lui avant une rencontre. Il n’avait pas juste le talent, il avait une aussi grande détermination.»