Patrick Roy ébranlé par le décès d'un «vrai»
Kevin Dubé
Patrick Roy a été l’idole d’une génération complète d’amateurs de hockey. Vendredi, toutefois, c’est son idole à lui qu’il a perdue, lorsque Guy Lafleur s’est éteint.
Même si, un peu comme tout le monde, il savait que les jours du Démon blond étaient comptés, Roy avoue qu’il continuait à vivre dans l’espoir d’une bonne nouvelle survienne sur son état de santé.
Voyez son point de presse complet en vidéo principale.
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«On a beau s’attendre au pire, il me semble qu’on n’est jamais prêt à ça. On espère tous qu’un miracle se produise et qu’on entende une bonne nouvelle. Malheureusement, ça n’a pas été le cas ce matin, a-t-il tout d’abord commenté. Guy Lafleur, c’était une légende, une personne qui a eu un impact sur beaucoup de gens, surtout sur les gars de ma génération. Le samedi soir, on allait dans le passage chez mes parents et on était des Guy Lafleur et des Ken Dryden.»
Rencontre marquante
Après l’avoir adulé, Roy a eu la chance de le côtoyer comme coéquipier à sa première saison dans la Ligue nationale de hockey, avec le Canadien, en 1984-1985. Âgé de 18 ans, il avait commencé la saison avec le Tricolore avant d’être retourné avec son équipe junior des Bisons de Granby.
«De rentrer dans le vestiaire, d’être le petit cul qui le regardait le samedi soir et d’être assis à quatre bancs de lui, c’était impressionnant et intimidant. Malgré tout, c’était quelqu’un de très accessible et un gars qui aimait faire des "jokes" avec les gars. [...] Je me considère chanceux d’avoir vécu ces moments. Sur le coup, on ne réalise pas la chance qu’on a et aujourd’hui, ça me permet de faire une réflexion sur ce que j’ai pu vivre.»
Après l’avoir brièvement côtoyé comme coéquipier, Roy a par la suite eu l’occasion de l’affronter lorsque Lafleur avait décidé de faire un retour au jeu avec les Rangers de New York après une retraite de trois ans.
Un bon souvenir
Son affrontement le plus mémorable aura assurément été celui du 4 février 1989, soit le premier de Lafleur au Forum de Montréal dans un autre uniforme que celui du Tricolore. Pour l’occasion, il avait inscrit deux buts contre Patrick Roy, mais le Canadien l’avait tout de même emporté 7 à 5.
«Pour moi, ça demeure un bon souvenir. Tu n’aimes jamais te faire marquer des buts, mais tant qu’à t’en faire marquer, aussi bien que ce soit lui. Pour le spectacle, ça avait été une soirée magique pour les gens. Dès qu’il était sauté sur la patinoire pour la période d’échauffement, la foule était en délire. Ça ne m’est pas arrivé souvent d’entendre une ovation après m’être fait marquer!», a blagué Roy.
Un homme vrai
Outre le talent et l’héritage laissé au Canadien de Montréal, une autre chose unissait Guy Lafleur et Patrick Roy : un franc-parler peu commun de nos jours.
Lafleur n’a jamais eu peur de donner son opinion, même lorsque questionné sur des sujets chauds entourant le Canadien de Montréal. Lors du dernier processus d’embauche d’un directeur général par le Tricolore, Lafleur avait milité en faveur de la candidature Roy dans les médias.
«Il y avait beaucoup de respect entre nous deux et ça me touchait de sentir qu’il était derrière moi et qu’il me soutenait dans ce que je faisais parce que Dieu sait qu’on en a besoin. En même temps, il n’a jamais eu peur de dire ce qu’il pensait. [...] Il était vrai. Qu’on aime ce qu’il dit ou pas, il était vrai. C’est ça qui est important aujourd’hui. Que ça fasse l’affaire des gens ou pas, ce n’est pas important. Les gens qui répondent sur Twitter ou les cocos qui essaient de se donner de l’importance sur des sites... L’important c’est d’être vrai dans la vie.»
Pour Roy, ce qui démarquait aussi Lafleur était le fait que, malgré la gloire, il était toujours demeuré terre à terre et attaché à ses racines.
«Avec les Remparts, je l’ai toujours perçu comme quelqu’un qui savait d’où il venait. Il était toujours disponible pour nous et a été un ambassadeur de première marque. Non seulement était-il le meilleur joueur de l’histoire de notre organisation, mais en plus, il était disponible, accessible et généreux de son temps. J’avais beaucoup d’admiration pour ça.»
Un exemple pour ses joueurs
Évidemment, les joueurs que Roy dirige avec les Remparts n’ont pas connu Guy Lafleur. Malgré tout, l’entraîneur-chef estime qu’ils peuvent tout de même apprendre de l’héritage qu’a laissé l’ancien numéro 10 du Canadien de Montréal.
«Ce que je retiens, c’est sa combativité. Je lisais un article récemment dans lequel Yvan Cournoyer disait à que point il était un gars d’équipe et un coéquipier de première classe. C’est ce qu’on veut de nos joueurs, qu’ils soient des gars qui se tiennent, jouent en équipe et sont persévérants. Le début de sa carrière n’a pas été aussi facile que lors de ses meilleurs moments. Il avait même décidé d’enlever son casque parce qu’il pensait que ça lui nuisait. Il a été persévérant et résilient dans sa façon de faire.»
D’ailleurs, Roy propose que la traditionnelle minute de silence soit remplacée par une ovation, vendredi soir, dans tous les amphithéâtres de la Ligue de hockey junior majeur du Québec (LHJMQ).
«Je pense que les gens ont besoin d’extérioriser, de manifester et de démontrer le respect qu’ils avaient pour l’homme.»