Biden sous pression pour conditionner l'aide à Israël
AFP
Après avoir exprimé son «indignation» face à la mort de volontaires humanitaires dans une frappe israélienne, Joe Biden va-t-il passer aux actes? Le président américain, qui doit appeler le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu jeudi, fait face à une pression grandissante pour conditionner l'aide américaine à Israël.
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Cette pression sur le démocrate de 81 ans, qui briguera un second mandat en novembre, s'exerce jusque dans les cercles les plus intimes, à travers son épouse Jill Biden.
«Il faut arrêter ça maintenant», aurait demandé la Première dame, selon des propos rapportés par Joe Biden aux participants d'une réunion à la Maison-Blanche, et dont le New York Times se fait l'écho.
L'un des sénateurs démocrates les plus proches du président, Chris Coons, a pour sa part été interrogé jeudi sur CNN pour savoir s'il était favorable à conditionner l'aide militaire à un changement de stratégie militaire à Gaza.
Il a répondu: «Je pense que nous sommes arrivés à ce stade».
L'élu du Delaware (nord-est) a ensuite précisé que ces propos concernaient une possible offensive israélienne majeure à Rafah, dans le sud de la bande de Gaza, à laquelle les Américains sont fermement opposés.
Si Benjamin Netanyahu ordonnait une offensive terrestre «majeure» et sans «prendre des mesures pour protéger les civils», dont plus d'un million sont réfugiés à Rafah, alors «je voterais pour conditionner l'aide à Israël. Je n'ai jamais dit ça jusqu'ici. Je n'ai jamais pris cette position», a dit Chris Coons sur CNN.
«Pas assez»
Le président américain avait réagi mardi par un communiqué au ton plus virulent que d'habitude, après la mort la veille de sept volontaires humanitaires à Gaza, dont six étrangers, tués par une frappe israélienne.
Il s'était dit «indigné» et avait estimé qu'Israël n'en faisait «pas assez» pour protéger les organisations venant en aide à la population civile à Gaza, confrontée à une situation humanitaire catastrophique.
Va-t-il pour autant changer de ligne, lui qui a endossé le rôle de premier soutien d'Israël depuis l'attaque sans précédent du Hamas, le 7 octobre, et qui en fait une affaire «personnelle», selon le mot employé par son proche conseiller Jake Sullivan?
Le président américain ne cache pas sa frustration envers Benjamin Netanyahu, avec qui il a toujours eu une relation difficile, et il l'exprime plus moins frontalement, au travers de communiqués ou de petites phrases qui filtrent dans la presse.
Mais il a refusé jusqu'ici de poser des conditions à l'aide militaire et il demande que tout cessez-le-feu soit lié à une libération des otages encore détenus à Gaza.
Ce soutien inconditionnel lui vaut la colère des Américains musulmans et d'origine arabe, qui l'accusent de contribuer aux souffrances des civils palestiniens, ainsi que d'une partie de l'électorat progressiste.
Selon un sondage Gallup paru il y a quelques jours, et réalisé au début du mois de mars, 55% des Américains désapprouvent désormais l'opération militaire israélienne à Gaza, contre 45% en novembre dernier.