Bénédicte Décary se confie sur son long accouchement
Sabin Desmeules
Après deux annulations dues à la pandémie, la pièce dans laquelle Bénédicte Décary tient le rôle-titre a enfin vu le jour! Le propos féministe du spectacle fait prendre conscience plus que jamais à la maman de l’importance de transmettre à ses enfants des valeurs d’égalité des sexes et de bienveillance...
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La production était initialement prévue au programme du TNM en 2020. Bénédicte Décary se préparait à jouer Lysis quand, coup de théâtre!, la pandémie a paralysé les arts vivants. La création d’Alexia Bürger et de Fanny Britt, très librement inspirée du classique grec antique Lysistrata, d’Aristophane, a été annoncée de nouveau en 2022. Mais le rideau ne s’est pas levé, la crise pandémique faisant encore des siennes. Comme on dit: «Jamais deux sans trois!»... Et on ajoute: «La troisième est la bonne!» Bénédicte peut enfin camper ce rôle — un rôle-titre, qui plus est — et évacuer toute la pression qui l’habitait depuis si longtemps! «Ç’a été un long accouchement! On a un très beau bébé, illustre l’actrice. Comme ç’a été arrêté deux fois et que j’ai entendu de nombreuses personnes dire qu’elles attendaient impatiemment la représentation, oui, la pression était plus forte que d’habitude.»
D’autant plus que, techniquement, Lysis n’est pas simple. «C’est un spectacle magnifique! La technique est importante. Il y a eu beaucoup de choses à mettre au point jusqu’à la dernière minute. Il y a des changements de costumes... L’orchestre a eu besoin de s’accorder.» Mais la magie est au rendez-vous. «On est très contents de ce qu’on a réussi à créer tous ensemble! Il y a une superbe énergie entre les acteurs, on est contents de se retrouver!»
Ce spectacle est la toute dernière mise en scène de Lorraine Pintal à titre de directrice artistique du TNM, alors qu’elle achève son long et prolifique mandat dans ce théâtre montréalais. «Quand j’ai commencé ma carrière, Lorraine était là en tant que directrice artistique. Elle m’a accueillie au TNM comme débutante...Je me sens privilégiée de pouvoir être présente à ce moment important de sa vie. Je trouve ça très émouvant!»
Une réflexion nécessaire
La Lysis du titre est chercheuse dans une compagnie pharmaceutique qui a créé un médicament... qui rend les femmes malades et les pousse au suicide! «Elle est entrée dans l’entreprise un peu comme un agent double, d’abord pour venger sa mère, puis pour sauver les femmes.»
Le spectacle est porteur d’une voix féministe. «On a besoin d’entendre ça. Je lisais dernièrement qu’en Corée du Sud, les femmes ont dû faire un soulèvement de ce genre-là! On est loin de l’égalité! Par exemple, chaque fois que je sors du théâtre, des compagnons masculins me demandent si je suis correcte pour marcher jusqu’à ma voiture toute seule, note-t-elle. Tout ne va pas bien. Il faut qu’on se parle. Ce thème qu’on aborde est nécessaire!» insiste celle qui est interpellée non seulement comme comédienne, mais aussi comme femme. «Je suis maman d’une fille, je suis complètement mobilisée, à la fois en tant qu’être humain et en tant qu’actrice!» Elle précise à propos du spectacle: «Ce n’est pas une pièce qui accuse, il y a beaucoup d’amour! J’espère que les gens vont sortir avec de l’espoir.»
La mère de Céleste, huit ans, et de Lambert, six ans, admet avoir déjà commencé à sensibiliser ses enfants à l’égalité homme-femme. «Ça se fait beaucoup dans le partage, dans l’écoute... Par rapport à mon garçon, c’est important qu’il nomme ses émotions... On est très conscients et on leur inculque ces valeurs avec beaucoup d’amour et dans la douceur pour que chacun se sente entendu, écouté, accueilli, guidé... dans la joie!»
Une collaboration spéciale
En ce moment, elle a besoin de silence entre deux représentations. «Je prends soin de ma voix, je dors... Et je suis une maman un peu plus dans ma bulle. François (Papineau) et moi, on a un horaire conjoint. On essaie, quand l’un travaille, de faire en sorte que l’autre ne travaille pas; on essaie de se passer le relais. Et là, c’est mon chum qui s’occupe de tout! Il est avec les enfants. J’ai fait de même pour lui au début de l’année, car François s’est vraiment investi, il avait beaucoup de projets, et j’étais là pour lui. Maintenant, c’est à son tour.»
Si la pandémie a retardé Lysis, Bénédicte Décary tire du positif de cette période trouble. «La grande pause que ça nous a forcés à prendre a fait en sorte que mon chum, les enfants et moi, on est allés vivre à la campagne. J’ai suivi un cours de maraîchage bio, on a eu des poules, on a développé toutes sortes d’affaires incroyables qu’on n’aurait pas pu vivre autrement!»
Bénédicte Décarie tient le rôle-titre de la pièce Lysis, présentement à l’affiche du TNM, à Montréal jusqu’au 1er juin.