Bénédicte Décary et François Papineau retournent vivre à la campagne
Carolyn Richard
Grande actrice de sa génération, jouant des rôles plus marquants les uns que les autres depuis 20 ans, Bénédicte Décary s’est construit une vie familiale bien équilibrée avec François Papineau et leurs deux enfants. Que ce soit sur scène ou à l’écran, dans son jardin ou sa cuisine, la comédienne excelle partout et priorise toujours l’essentiel!
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Bénédicte, tu viens enfin de jouer dans Lysis au Théâtre du Nouveau Monde. Ça s’est bien passé?
C’était un bon rush, mais ça s’est vraiment bien passé. En effet: «enfin»! Ça faisait quatre ans qu’on travaillait sur ce projet. Il avait été arrêté à deux reprises à cause de la pandémie, alors l’aventure de Lysis fut assez vertigineuse. (rires)
Tu as déjà 20 ans de carrière. On t’a vue à la télé, au théâtre et au cinéma. Quel bilan fais-tu de ces deux décennies?
Ouf! Ce n’est pas facile, car c’est un long voyage durant lequel j’ai acquis beaucoup d’expérience et de maturité. Sans oublier qu’à travers ça, François (Papineau) et moi avons eu deux enfants. Alors, ce que je retire de ce beau parcours rempli de hauts et de bas, c’est qu’il m’a transformée et m’a donné beaucoup de force intérieure, autant sur le plan professionnel que sur le plan personnel.
C’est bien dit. Lesquels de tes rôles t’ont le plus marquée?
Le plaisir d’incarner un personnage, pour moi, commence avec un bon travail de recherche. J’adore plonger dans son univers. Quand je fais mes recherches afin de mieux le comprendre, j’ai un plaisir fou à m’imprégner de tout ce que j’apprends. Ceci dit, ce que je viens de vivre au TNM en incarnant Lysis a été fabuleux. Je me sentais comme une guerrière en la jouant et elle m’a beaucoup fait voyager. J’ai aussi adoré joué dans Le Misanthrope avec mon chum il y a quelques années; ça aussi c’était une superbe expérience. J’ai été très choyée dans mes rôles sur scène, je suis privilégiée.
Tu as aussi joué de beaux personnages à l’écran...
Absolument! Au cinéma, j’ai adoré jouer Nicole dans le film Dédé, à travers les brumes. Je travaillais avec une belle gang et je suis fière d’avoir fait partie de ce beau projet qui racontait une histoire vraie, celle de Dédé Fortin et des Colocs. J’étais nerveuse d’incarner cette femme, car ce n’est pas un personnage fictif, elle existe vraiment. À l’époque, je suis même allée la rencontrer chez elle pour m’aider dans ma recherche. Je me souviens que je voulais tellement qu’elle m’accepte et qu’elle m’aime. (rires) C’est fou mais, à cause de ce rôle, Louis Saia — qui jouait le rôle du gérant de Dédé — m’a offert de jouer dans la série Les Boys, à ma grande surprise. En plus, je devais jouer au baseball. Moi, la petite nerd qui ne se faisait jamais choisir quand c’était le temps de faire les équipes pour les activités sportives à l’école! (rires) Mais finalement, j’ai aimé faire ça et je suis vraiment sortie de ma zone de confort! (rires)
Tu es une grande dame de théâtre et tu excelles dans le drame, mais la comédie te va à merveille. Il y a eu Les Boys et puis Entre deux draps!
Oui, c’est vrai. Même si je suis plus à l’aise dans le registre dramatique, j’adore la comédie et si c’était juste de moi, j’en ferais plus souvent. À la télé, le rôle qui a eu le plus grand impact sur moi est Mahée, dans Ruptures. Ça, c’était du grand drame. À la base, je ne la comprenais pas, j’ignorais ce qu’était le syndrome de la dissociation dont elle souffrait, elle avait une personnalité multiple. J’ai dû faire un gros travail de recherche pour la comprendre, pour me connecter à la douleur qui l’habitait et pour bien l’incarner.
Et tu étais incroyable dans ce rôle! Mahée donnait des frissons. Les gens t’en ont certainement parlé beaucoup...
Merci, c’est gentil. Oui, on m’en a beaucoup parlé. J’y pense et j’aimerais tellement incarner plus de personnages complexes comme Mahée. Je suis la maman de deux jeunes enfants et j’ai rarement joué des mères de famille, alors ça aussi, j’aimerais bien. (rires)
Avoir 20 ans de carrière, c’est aussi vieillir à l’écran. Toi qui joues souvent les femmes fatales, quel est ton rapport avec ça?
Pour l’instant, vieillir ne m’angoisse aucunement et ça ne m’intéresse pas de commencer à modifier quoi que ce soit. C’est peut-être mon passé très «granole» qui fait que pour moi, vieillir, c’est le fun et je m’assume là-dedans. Tout ce que je veux, c’est rester en santé pour faire ce dont j’ai envie. Présentement, il y a un mouvement de femmes qui gardent leurs cheveux gris et qui assument d’avoir tellement plus à offrir qu’une apparence de jeunesse. Et puis, je suis bien dans mon couple et dans ma vie de famille. Je sais que mon chum m’aime et je vis une belle vie à travers mon métier.
Bénédicte, tu abordes ton passé «granole». Tu as grandi dans une commune, alors tu as connu une enfance plutôt atypique. Est-ce grâce à cet environnement que ta fibre artistique s’est développée?
Probablement, car la commune dans laquelle j’ai grandi était remplie d’artistes; peintres, sculpteurs et musiciens. Mon père étudiait en beaux-arts, alors on vivait avec sa gang. Finalement, on peut dire que je suis tombée dedans quand j’étais petite! (rires) Dans mes souvenirs, c’était une vie merveilleuse, car on vivait à la campagne. Je me revois, couchée dans le gazon, à tripper d’être entourée d’autant de beauté. C’est probablement pour ça que je me sens chez moi dans une troupe de théâtre, ça me ramène à mon enfance. Notre commune était bien straight, c’était une commune d’entraide. (rires)
Tu n’étais pas la seule enfant de la commune?
Non, pas du tout. Mes parents à eux seuls avaient six enfants. Je me souviens que j’étais toujours entourée d’enfants, et à l’âge de quatre ou cinq ans, j’organisais des spectacles. Je m’occupais des décors, des costumes et je dirigeais les enfants, alors je jouais déjà à la metteuse en scène. (rires)
Crois-tu que tes enfants ont aussi cette fibre artistique? Après tout, leurs deux parents sont comédiens!
Je crois que oui. Notre fille, Céleste, a huit ans et Lambert, notre garçon, en a six. Ils sont en âge de comprendre ce qu’on fait dans la vie et ils sont exposés à beaucoup d’art à travers nous. François les a justement amenés au théâtre dernièrement, alors que j’étais sur scène. Ils m’ont vue jouer lors de la représentation, puis je leur ai fait visiter les coulisses et monter sur la scène. Je vois que, déjà, nos enfants ont cette fibre artistique qui se développe. Céleste dessine beaucoup et est très intéressée par la littérature, entre autres. Pour Lambert, ces temps-ci, c’est surtout la construction qui l’intéresse, alors il aide son père.
Faites-vous des travaux?
François et moi, on est toujours dans les rénovations! (rires) On déménage bientôt, alors on prépare ça. Je dois dire que François est vraiment habile de ses mains. Il a tout appris de son père, qui faisait ça dans la vie. On rénove tellement à la maison que lorsque le professeur de Lambert lui a demandé le métier de son père, il a répondu «rénovateur»! (rires)
Donc, cet été, vous serez en plein déménagement?
Oui. On habite la banlieue en ce moment, mais on retourne vivre à la campagne. On s’est beaucoup cherchés dans les dernières années. Le début de la pandémie nous avait amenés à la campagne, mais avec le travail, on trouvait que ce n’était pas raisonnable. Alors, on s’est rapprochés de la ville pour vivre en banlieue. Finalement, on retourne en Estrie, car notre bonheur est définitivement là-bas. J’aime la vie à la campagne. J’adore jardiner, mettre mes mains dans la terre... c’est un grand bonheur. Et cuisiner est une de mes passions. Je suis une grande foodie. Je suis allée à l’émission Curieux Bégin récemment et j’ai trippé. Dans le fond, tout ça me ramène à mes racines, au temps où je vivais en commune. Et François aussi est attaché à la vie de campagne. Son père avait construit un chalet à Saint-Donat, où il a passé ses étés en grandissant.
Vivre à la campagne, c’est une belle vie que vous bâtissez pour vous et vos enfants.
Je pense que oui. Qui sait, dans cette tranquillité et cette communion avec dame Nature, je serai peut-être inspirée à créer! J’aimerais écrire un projet, une série ou autre chose. Et depuis mon passage à Curieux Bégin, j’ai envie de faire de l’animation. C’est certain qu’une émission de cuisine tomberait dans mes cordes. Alors, je lance tout ça dans l’Univers! (rires)
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