Après près d’un an de sobriété, Éric Lapointe s’occupe de choses qu’il négligeait avant

En plus de 30 ans de carrière, Éric Lapointe a fait des spectacles dans à peu près toutes les salles du Québec, des mythiques aux plus banales. Nous avons pu le rencontrer à quelques heures de sa grande rentrée montréalaise, qui s’est déroulée sur la scène de l’Espace St-Denis le 20 septembre. Il a été question de son album Je marche dans ma vie, de son année de sobriété et de cette deuxième chance que le public et l’industrie — puisqu’il est à nouveau en nomination à l’ADISQ — semblent enclins à lui offrir.

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Éric, comment ça va?

Je suis heureux, car il se passe de belles choses dans ma vie, dont l’annonce de ma nomination au Gala de l’ADISQ pour mon disque Je marche dans ma vie, dans la catégorie Album rock de l’année. Je suis super content même si, personnellement, je ne pense pas avoir de chance de remporter le prix. Juste d’être en nomination, ça me touche et j’ai l’impression que ça marque ma réinsertion dans la grande famille de l’industrie de la musique québécoise.

C’est l’une des nominations les plus importantes de ta vie?

Oui, elle est assurément très importante, car il y a eu un très long processus pour ma réinsertion à l’ADISQ. Mes deux disques précédents n’avaient même pas été mentionnés dans les listes de parutions des nouveaux albums; c’était comme si je n’existais plus. Qu’on reconnaisse mon existence à nouveau, ça fait du bien.

Quel genre d’été as-tu eu?

J’ai eu un été fantastique avec mes deux fils et j’ai fait plusieurs spectacles. J’ai même battu des records de spectacles. J’ai eu une année bien remplie et Dieu merci, le public est encore au rendez-vous en grand nombre. Je performe aussi comme jamais, car je suis en forme.

Tu vois un grand changement sur scène depuis que tu es sobre?

Oui, vraiment! Je viens de faire une série de trois concerts en trois jours. Je n’aurais jamais pu faire ça avant ou, du moins, ça faisait une éternité que ça ne m’était pas arrivé. Enlevez l’alcool et les autres substances de mon corps, et le manque de sommeil dû à mes nuits de party, et c’est certain que mon énergie et ma voix s’en ressentent.

Ça fait presque un an que tu es sobre?

Oui, le 21 octobre, ça fera un an exactement. Ça a passé très vite. C’est la preuve que je l’avais vraiment décidé cette fois-ci. Je pense que toutes les autres fois, je croyais ma démarche sincère, mais je ne voulais pas vraiment arrêter. Je voulais peut-être juste prendre un break. Mais là, ma vie me convient, je suis heureux et j’espère ne jamais retoucher à l’alcool.

Est-ce que la sobriété change le caractère?

Oui, je découvre des aspects de ma personnalité que je ne connaissais pas, comme faire du jardinage et entretenir mes plates-bandes. Je reconnecte avec une partie de moi que je connais peu. De plus, les défauts de caractère et les faux plis accumulés depuis des années me sautent dans la face en ce moment. Le défi, c’est de réapprendre à vivre sans les béquilles qu’étaient pour moi l’alcool et les autres substances.

Je te connais depuis longtemps, mais je ne connais pas tant le Éric Lapointe sobre. Comment est-il?

Je suis toujours aussi excessif et crinqué. Mais là, je me lance dans le sport. J’ai l’impression des fois de vivre trois journées en une seule, tellement je suis dans le moment présent. Maintenant, je suis maître de mon temps. Je m’occupe de plein de choses que je négligeais avant.

Donne-moi un exemple de choses que tu as négligées pendant des années?

Tu me diras que c’est la base, mais je n’avais jamais fait le ménage de mes tiroirs avant dernièrement. Je suis retombé sur du vieux linge de l’époque. Je suis encore en apprentissage de cette nouvelle vie. Je l’apprivoise. Je chemine intérieurement et émotivement. Je suis en constante reconstruction.

On est à quelques heures de la grande première montréalaise de ton spectacle. Comment te sens-tu?

Je suis le premier surpris de ne jamais avoir fait de spectacle au Théâtre St-Denis. Je suis content et en même temps, même si je connais ce spectacle sur le bout de mes doigts, j’appréhende un peu cette soirée, parce que les gens de l’industrie vont être là et les médias aussi. J’ai donc un peu peur.

Pourquoi cette peur?

Le trac ne m’a jamais quitté. J’ai toujours eu une certaine peur avant chaque spectacle. Et là, l’éternel anxieux a peur de ne pas être à la hauteur de cette première rentrée montréalaise depuis les événements. J’ai l’impression de tout recommencer, de repartir à zéro.

Qu’est-ce qu’il y aura pour toi après cette tournée?

Je suis en train de finaliser le mixage du réenregistrement de mon album Obsession. Je compte présenter ça au printemps. Ce sera un bel objet sur support vinyle. J’ai aimé me replonger dans tous ces souvenirs. En plus, c’est mon complice Stéphane Dufour qui réalise cet album. Au printemps, je vais aussi partir en tournée pour les 30 ans d’Obsession. Je vais jouer le disque au complet. Il y a aussi mon album Entracte, qui est un peu tombé dans l’oubli à cause des événements. ’aimerais faire un spectacle acoustique avec celui-ci. Je vais donc mener deux tournées de front: une tournée rock et une tournée acoustique.

Pour connaître les dates de son nouveau spectacle en lien avec son dernier album, Je marche dans ma vie, ou pour en savoir plus sur ses projets à venir, rendez-vous à ericlapointe.com.

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