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Culture

Après 20 ans d'absence, Michel Goyette brise le silence sur les raisons qui l’ont forcé à quitter le showbiz

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Érick Rémy

2024-04-22T10:00:00Z
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Enfant comédien au talent indéniable et à l’avenir prometteur, Michel Goyette a laissé sa trace dans nos souvenirs. De 1985 à 2002, il a entre autres joué dans L’or du temps, Lance et compte, Les filles de Caleb, Watatatow, Diva et Les orphelins de Duplessis. Puis, un jour, il a disparu de nos écrans. Après avoir refusé toute demande d’entrevue pendant une vingtaine d’années, il a accepté de nous raconter son parcours loin des projecteurs.

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Dans le temps, je ne voulais pas faire l’objet d’une entrevue genre “Que sont-ils devenus?” ou, pire encore, être traité en has been. À cette époque, je ressentais encore beaucoup de tristesse d’avoir quitté mon métier. Cela aurait rouvert la plaie qui venait à peine de se cicatriser. Or, en 2020, Véro m’a persuadé de participer à L’ombre et la lumière (une série documentaire animée par Véronique Cloutier faite de rencontres avec des vedettes et ex-vedettes). Et voilà que ta demande arrive au bon moment», dira-t-il pour expliquer ce rendez-vous avec le passé, mais surtout avec le présent.

Malgré ses 51 ans, il n’est pas rare que les gens le reconnaissent, grâce à sa baby face et à ses yeux d’un bleu unique. «Les gens qui viennent me parler ont généralement entre 40 et 60 ans. C’est loin d’être aussi intense qu’à l’époque, mais c’est tout aussi agréable. (rires) À d’autres occasions, parce que je fais souvent affaire avec des architectes, des ingénieurs ou d’autres professionnels dans mon milieu de travail, je vois dans leurs regards, au début de nos premières réunions, qu’ils essaient de se rappeler où ils m’ont vu auparavant. Il n’est pas rare qu’ils finissent par faire le lien ou que quelqu’un le leur dise afin d’élucider le mystère. Ça donne parfois lieu à des scènes amusantes.»

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Photo : / TVA
Photo : / TVA

Le succès et les excès

Les raisons qui ont amené Michel Goyette à faire un changement de carrière ne sont pas très différentes de celles d’autres artistes ayant connu la célébrité à un jeune âge. «Je n’avais que 12 ans lorsque j’ai décroché le rôle de Francis, le fils de Marc Gagnon, joué par Marc Messier, dans les deux premières saisons de Lance et compte. Tout de suite après, j’ai joué Lazare Pronovost dans Les filles de Caleb. Ces succès, coup sur coup, m’ont fait perdre de vue que c’était un vrai travail. Jusqu’à ce moment-là, tous mes rôles avaient été un jeu. Puis un jour, la réalité m’a frappé de plein fouet...»

Il poursuit: «Alors qu’à mes débuts nous n’étions qu’une poignée de jeunes à auditionner — Guillaume, Mahée, Vincent et quelques autres —, après Watatatow, il en arrivait de partout. Il fallait désormais que je me batte pour obtenir des rôles. J’ai réalisé que, pendant toutes les années fastes où je mêlais célébrité et vie nocturne, j’avais négligé le sérieux et la discipline qu’exige une telle carrière. Il n’était pas rare, lors des tournages matinaux, que je sois abîmé par mes excès de la veille. D’ailleurs, j’en profite pour m’excuser auprès des gens du métier que j’ai indisposés durant cette période. J’aurais dû me prendre en mains une fois rendu à l’âge adulte, mais je ne l’ai pas fait», avoue-t-il avec regret et humilité.

Le point tournant

La goutte qui a fait déborder le vase a été son arrestation pour conduite avec facultés affaiblies. À cette époque, la nouvelle avait tourné en boucle sur les réseaux d’informations et fait la première page des journaux. Il avait été déclaré non coupable, mais ce coup de semonce a sonné la fin de sa vie insouciante et de sa carrière de comédien. «Un jour, témoin impuissant de mon inexorable descente aux enfers, mon père m’a tendu la main. Il m’a demandé si j’étais tanné. Il est entrepreneur dans le domaine de la construction et de la démolition, et il m’a offert de m’aider à couler une fondation solide à ma vie en me joignant à son entreprise. Alors que je pensais hériter du poste de vice-président, j’ai plutôt commencé en tant que manoeuvre. Les premiers jours, littéralement au pic et à la pelle, j’ai dégagé les morceaux de ciment et la brique du sous-sol d’un édifice que nous démolissions à Montréal sur la rue Berri, près de Sainte-Catherine.» (rires)

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Se refaire une vie

Après un an de ce dur labeur, Michel est devenu chef d’équipe et, quelques années plus tard, en 2006, partenaire à parts égales de l’entreprise familiale dirigée par son père, Denis, et sa mère, Francine. «J’étais déterminé à assumer de plus en plus de responsabilités, alors je suis retourné sur les bancs d’école. J’ai d’abord appris à être entrepreneur spécialisé. Puis, plus tard, entrepreneur général. J’ai appris à lire des plans et des devis. Cela m’a permis d’instaurer de nouvelles façons de faire. Alors qu’à ses débuts notre compagnie s’occupait de démolition, au fil du temps, elle s’est spécialisée dans la décontamination de bâtiments, quand il y a de la moisissure ou de l’amiante, par exemple. De 2006 à 2009, je me suis investi dans l’étude de cette sphère d’activité.» Or, en 2020, la pandémie a changé le cours des choses pour celui qui avait désormais entièrement repris les rênes de l’entreprise. «Avec la difficulté sans cesse grandissante à recruter de la main-d’oeuvre qualifiée, j’ai dû fermer la compagnie et fonder une nouvelle entreprise. Aujourd’hui, j’oeuvre en tant que consultant externe en décontamination auprès d’entrepreneurs. J’ai même récemment acquis mon propre microscope et je pourrai bientôt identifier les contaminants moi-même.» L’ex-comédien affirme n’avoir jamais été aussi heureux et épanoui, malgré, dit-il en riant, sa dizaine de kilos en trop.

Un mariage cet été

À ce bonheur s’ajoute celui de voir sa fille unique, Ève, 28 ans, déployer ses ailes. «Un peu comme moi, elle s’est cherchée durant un petit bout de temps. Elle a d’abord été hygiéniste dentaire, puis a étudié la comptabilité. Passionnée de voyages, elle est maintenant agente de bord chez Air Canada, et elle est basée à Vancouver.» Après une longue série de relations qui n’ont mené nulle part, Michel a enfin trouvé sa partenaire de vie, Mélanie, 44 ans, patroniste dans le domaine de la mode. Ils se marieront d’ailleurs en août prochain devant familles et amis à l’église Saint-Charles, dans le quartier Griffintown, à Montréal. «Puisque ma fondation, mes murs et la toiture de ma vie sont solides, j’ai senti, après plus de cinq ans de relation, que nous étions prêts à nous engager davantage.»

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