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Culture

Anne-Élisabeth Bossé très présente pour son père atteint d’Alzheimer

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Pascale Wilhelmy

2023-04-18T12:00:00Z
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Anne-Élisabeth Bossé vient de débuter le tournage de la seconde saison d’Indéfendable. «Le long tunnel!» comme elle le dit en riant, ajoutant qu’elle aime son personnage dans la série. Un rôle qui lui tient à cœur, tout comme celui — pas à la télévision ni au cinéma, mais dans la vraie vie — de porte- parole de la Fédération québécoise des Sociétés Alzheimer (FQSA). Pour la populaire comédienne, ça allait de soi. «Ça me sort de mon impuissance face à la maladie de mon père.»

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C'est sa façon de réagir. AnneÉlisabeth parle de cette situation qui la touche — son père est atteint d’une forme précoce de la maladie d’Alzheimer — avec respect, retenue et beaucoup de pudeur. En revanche, lorsque vient le temps d’expliquer les revendications, de cosigner des lettres ouvertes et d’être une voix qui porte pour faire la différence, elle se fait entendre. Récemment, elle a cosigné une lettre ouverte demandant que le gouvernement crée un fonds dédié à la maladie d’Alzheimer. Déterminée et en colère par moments, elle voudrait aussi qu’on soutienne plus les proches aidants et qu’on mise sur la détection rapide de la maladie. Pour celle qui incarne Marie-Anne Desjardins dans Indéfendable au petit écran, cet engagement est sa manière à elle de faire sa part.

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Anne-Élisabeth, comment vas-tu?

Je vais très bien. En ce moment, je suis super excitée de replonger dans le tournage d’Indéfendable. J’ai été en congé pendant quelques mois. On a fini de tourner la première saison à la mi-novembre, et là c’est reparti pour 160 jours de tournage! Donc le long tunnel de la saison 2, c’est là, maintenant! (rires)

Photo : Patrick Seguin / TVA Pu
Photo : Patrick Seguin / TVA Pu

Une quotidienne, c’est très prenant, intense même. As-tu eu le temps de te reposer un peu?

Oui, vraiment. J’ai fait quelques voyages, j’ai été dans le Sud et en Italie aussi. J’étais déjà allée à Rome, à Florence et à Venise, mais là, j’ai fait des villes différentes. J’ai un ami qui est à Bologne, j’avais aussi loué un appartement, j’ai fait Modène, Vérone... J’en ai profité, et ça me prenait ça. J’avais besoin de vacances. Je ne sais pas si mes collègues de la quotidienne en ont profité autant que moi ou s’ils ont enchaîné les projets, mais pour ma part, ça me prenait une véritable pause. J’aurais été incapable de me lancer dans un film ou un autre truc, car j’étais vraiment fatiguée. Mais là, je suis revigorée pour la prochaine saison!

Récemment, tu as cosigné une lettre ouverte pour demander la création d’un fonds pour la maladie d’Alzheimer. C’était comme un cri du coeur, dans la mesure où tu demandes une action rapide. Tu es devenue, par la force des choses, une porte-parole qui fait la différence...

Comme je suis directement touchée par la maladie, parce que mon père en est atteint, j’avais besoin de sentir que, même si je n’ai pas de pouvoir sur la maladie, je pouvais faire quelque chose. Ça me sort de mon impuissance d’accepter ce rôle-là. Avec la lettre, j’ai l’impression qu’on amène des moyens plus concrets pour apporter des changements. C’est pour ça que j’ai accepté ce rôle, que je ne pensais jamais tenir.

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En ce moment, tu as un horaire chargé. Est-ce que tu te surprends par ton degré d’implication dans ce rôle?

C’est sûr que ce n’était pas prévu. On ne souhaite pas ça. Mais au fond, je suis contente que ma notoriété puisse servir à conscientiser les gens à cette maladie. En réalité, concrètement, c’est la fédération qui travaille; moi, je suis le porte-voix, la pointe de l’iceberg. Même dans ma famille, je ne suis pas celle qui s’occupe le plus de mon père puisque je suis dans la vie active, dans la trentaine, que je travaille beaucoup. Alors ma façon d’aider, c’est de me servir de ma notoriété. Dans ma famille, le vrai gros travail, c’est ma belle-mère, la femme de mon père, qui le fait. Moi, je passe le message et je témoigne de mon histoire personnelle pour toucher les gens. C’est vraiment comme ça que je vois mon rôle.

Te considères-tu tout de même comme une aidante naturelle?

Mon père est en résidence maintenant. Je ne peux pas dire que je suis proche aidante, car il est pris en charge. Mais sa proche aidante, c’était surtout sa femme. Elle a vraiment gardé mon père à la maison le plus longtemps qu’elle a pu.

C’est difficile d’être proche aidant. Et c’est justement du soutien pour eux que vous demandez dans la lettre...

Oui, ça retombe beaucoup sur les épaules des proches. On encourage les gens à garder leurs proches malades le plus longtemps possible à la maison, mais en même temps on n’a pas nécessairement beaucoup de soutien ni de ressources. Alors oui, on les garde à la maison tant que faire se peut, mais il faudrait aussi donner plus de moyens aux proches pour cette démarche-là.

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Dominic Gouin
Dominic Gouin

Quand la maladie entre dans une famille, même si la situation est difficile, ça crée parfois des liens différents, puisqu’il y a une forme de solidarité qui s’installe. As-tu l’impression que des trucs ont changé sur ce plan?

Oui. Malheureusement, en bien et en mal. Parce qu’il y a des gens qui sont incapables de faire face à la maladie et qui peuvent nous décevoir. Mais il y a aussi des gens qui nous surprennent et qui s’impliquent plus qu’on l’aurait imaginé. Il y a vraiment un avant et un après. Comme dans toute situation d’adversité, ça fait qu’on se serre les coudes, qu’on travaille en équipe et qu’on est dans l’action. Par contre, la maladie, ça soulève aussi toutes sortes de questionnements, ça ramène les gens à leur propre mort, à la perte d’autonomie. Ce n’est pas neutre, quoi... Mais on peut se tourner vers la lumière. Il y a aussi de bonnes nouvelles à partager. 

Comme quoi?

Dans la lettre, on mentionne un médicament qui existe aux États-Unis et qui va sans doute être homologué ici bientôt. Au lieu de se retrouver dans la même situation que la covid, au lieu de bâtir l’avion en plein vol, on pourrait prévoir le coup. C’est un médicament qui s’administre par injection, et ces injections sont plus efficaces au premier stade de la maladie. Le message que je veux transmettre aux gens, c’est d’aller chercher un diagnostic même si ça fait peur. Parce que plus tu as ton diagnostic rapidement, plus vite tu peux agir sur la maladie. Il faudrait démocratiser le scan du cerveau. La santé de notre cerveau devrait être plus prise en charge. C’est le temps d’agir. 

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Dominic Gouin
Dominic Gouin

Tu racontes que c’est ta façon d’agir devant ton impuissance face à la maladie. Est-ce que tu retires une fierté de ce rôle?

Honnêtement, je n’ai pas beaucoup de recul pour en parler. Je pense que mon implication dilue ma colère; ça la canalise. J’essaie d’en faire quelque chose de bien. 

Ça fonctionne! Tu joues bien ce rôle aussi. Revenons à Indéfendable. Tu entres dans «le tunnel de 160 jours de tournage»... Es-tu prête?

Oui, je plonge dans ce tournage avec bonheur. J’aime mon personnage. Marie-Anne porte beaucoup d’intrigues humaines. Bien sûr, j’adore jouer les scènes de procès et il y a de beaux enjeux juridiques, mais j’ai surtout aimé ce que mon personnage a traversé sur le plan personnel dans la première saison, et ce qui l’attend aussi. Il y a plein de femmes qui vont se retrouver dans les enjeux de Marie-Anne, dans ses deuils. Même si le rythme de la série est rapide, on réussit à transmettre beaucoup d’émotions. Et je réussis à être connectée avec mes partenaires. 

Photo : /
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Donc on devrait s’attacher de plus en plus à Marie-Anne?

Je pense que oui. Les auteurs ont quand même pris un pari risqué de faire commettre l’adultère à deux personnages principaux. Je trouve ça moderne, je trouve ça audacieux. En réalité, le nombre de fois que ça arrive dans des milieux de travail est très élevé. J’apprécie que ce ne soit pas seulement une série pleine de bons sentiments. Il y a aussi des zones grises, comme il y en a dans la vraie vie. C’est très assumé. Et c’est aussi très polarisant pour les téléspectateurs. On dirait qu’on se rallie derrière les personnages. Marie-Anne a été un peu catégorisée comme la «pas fine», mais je pense que dans la prochaine saison, elle va démontrer un visage très humain. Il n’y a pas de bons ou de méchants finalement. Et c’est ce qu’on va constater au fil des intrigues. 

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On sent que tu aimes ce rôle...

Oui, c’est un grand cadeau. C’est fou! On ne m’a jamais autant parlé d’un personnage, on ne m’a jamais autant abordée dans la rue. Une quotidienne à la télévision, on ne soupçonne pas à quel point ça génère des réactions. On reçoit des marques d’affection. Les gens ont aimé certains de mes rôles, mais celui-ci, c’est tout autre chose! Ça me touche. Les gens sont vraiment très gentils. C’est un privilège. 

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Comment se passe ton quotidien pendant ces mois de tournage? As-tu le temps de faire autre chose ou tout est centré sur le travail? Dis-tu à tes proches que tu les revois dans six mois?

Moi, je suis une personne qui profite de la vie. Pour “jouer” la vie, il faut en profiter. Je ne suis pas capable de me mettre en mode hibernation quand je rentre dans le tunnel de job. Je n’ai jamais été comme ça. Je me garde toujours un peu de temps pour la récréation, sinon je suis malheureuse. Bien sûr, je prends mon métier très au sérieux, mais on ne sauve pas des vies non plus. Quand je travaille, je me lève tôt et je me libère de plein de trucs dans ma vie, comme la comptabilité, etc. Je me décharge de plein d’affaires justement pour arriver sur le plateau le cœur léger et libre. Et aussi pour avoir le temps de voir mes amis et de décrocher. Je n’aime pas ça quand on dit: «Moi, je rentre dans le marathon, alors il n’y a plus rien qui existe...» C’est une façon de voir ça, mais ce n’est pas la mienne. 

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Face à la maladie d’un proche, on réalise encore plus l’importance de profiter de la vie...

Oui, autant que faire se peut. C’est sûr qu’il y a des semaines au cours desquelles la portion récréation est plus mince, mais la maladie, ça relativise plein de choses. Il faut dire que mon métier est aussi ma passion. Et je n’ai pas énormément de hobbies. Alors même si je travaille beaucoup, je n’ai pas de problème avec ça. Je n’ai pas d’enfant et j’aime vraiment ce que je fais. Pour moi, le travail n’est pas une façon de m’engourdir ou de fuir la réalité. Ça prend de la place dans ma vie parce que je l’ai, cette place-là. Éventuellement, si ma vie change, je vais revoir mes priorités. Mais c’est vrai que, naturellement, il y a un tri qui se fait. Je veux être là pour mon père. Je veux lui apporter mon soutien. Je ne veux pas être dans le déni. Mais j’ai aussi envie de profiter de la vie et de prendre les décisions en fonction de ça. En ce moment, ce que je me souhaite, c’est de ne pas vivre de grands bouleversements. Parfois, on veut que ça bouge, mais là, pour l’instant, je n’en ai pas envie. J’ai quitté une île et je suis arrivée à une place que j’aime. En ce moment, je resterais un petit peu sur mon île...

On suit Anne-Élisabeth Bossé dans la quotidienne Indéfendable, dont la seconde saison revient à l’antenne de TVA dès l’automne. Elle tient le rôle de Mylène Clermont dans le quatrième chapitre de Plan B, sur Tou.tv Extra.

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