Angèle Dubeau nous parle de son deuil et de ses projets pour l’avenir
Samuel Pradier
La semaine dernière, la violoniste Angèle Dubeau a annoncé avoir été contrainte de mettre un terme à sa carrière en raison d’une blessure irrémédiable à la main. Elle ne peut malheureusement plus jouer du violon, son instrument de prédilection depuis l’enfance. Elle a accepté de nous parler de son deuil et de ses projets pour l’avenir.
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Après un an d’espoir de guérison, Angèle Dubeau a appris que sa blessure à l’index de la main droite, celle qui tient l’archet, était permanente. La violoniste a donc dû se résoudre à mettre un terme à son impressionnante carrière de plus de 50 ans. «J’ai un engourdissement constant et permanent de l’index, et ça ne peut pas s’arranger, a-t-elle précisé en débutant notre entretien. J’ai essayé de jouer, mais c’est frustrant. Je suis obligée de me brasser la main au bout de quelques minutes, ce n’est pas endurable.»
La violoniste, qui joue de son instrument depuis l’âge de quatre ans et a atteint les sommets de son art, refuse de jouer moins bien qu’auparavant et préfère se concentrer sur d’autres projets. «C’est une décision que je devais prendre, non sans déchirement. Mon violon est bien plus qu’un instrument: c’est un ami fidèle, une signature... Je ne me suis jamais imaginée sans lui et je me retrouve devant un vide.»
Une page se tourne
La musicienne reste toutefois positive, car elle sait que son expérience dans le milieu de la musique classique reste un trésor incommensurable. «Je reste la même femme passionnée et, à partir de là, je vais trouver de nouvelles avenues pour me réaliser. Je sens que j’ai encore des choses à apporter à la musique. C’est ce qui me réconforte dans tout ça, mais j’ai besoin de temps.»
Déjà, ses 48 albums en carrière vont continuer d’accompagner le public. «On sait comment la musique peut être bienfaitrice à certains moments. Elle peut être un soutien.» Angèle cumule d’ailleurs plus de 230 millions d’écoutes en continu sur les plateformes. «J’accompagne les gens dans leur vie, dans leurs petits et grands moments, les instants heureux et ceux qui sont plus tristes. C’est ma plus grande fierté.»
Quel avenir?
Ce n’est qu’en septembre dernier, après une pause d’un an, que la violoniste a compris que la situation était irrémédiable et que sa carrière était terminée. «Ce n’est pas encore passé. Je sais que le fait de l’avoir annoncé publiquement va me soulager, et je vais m’accrocher à mon côté positif. J’ai quand même beaucoup de bagages à partager et je veux trouver une façon de le faire afin que ce soit profitable pour tous.»
Même si aucun projet n’est encore amorcé, elle a néanmoins eu le temps d’y réfléchir dans les derniers mois. «Dans ma tête, il y a des choses qui ont fait leur chemin. Je connais la force et la grandeur de la musique, et j’aimerais trouver une façon de l’amener à être encore plus présente dans la vie des gens. J’ai aussi des idées en lien avec la musique et la réalité virtuelle. Je n’en ai encore parlé à personne, je n’ai fait aucune recherche, mais c’est une voie à explorer.»
Angèle va continuer à créer des listes de lecture pour Apple Music, comme elle l’a déjà fait pour Spotify. On lui demande aussi depuis longtemps de faire des conférences, et elle pourrait être tentée d’écrire une biographie. De plus, elle s’intéresse toujours à l’éducation musicale et suit la carrière de jeunes musiciens.
Un peu de recul
«Je ne prends pas ma retraite, précise-t-elle. Je dois arrêter de jouer du violon, mais j’ai encore plein de choses à faire et à offrir. Je vais retrouver la force de le faire, et je pense que ça va m’aider à faire passer ce vide que je ressens actuellement. Il faut me laisser un peu de temps, c’est trop tôt.»
Quant à ses amis violons — elle en a deux —, ils sont pour le moment en sécurité dans leurs boîtes. «On va reprendre contact, mais pas tout de suite. J’en suis actuellement incapable.»