À l’hôpital à cause de sa vapoteuse? Un Québécois de 20 ans raconte son histoire sur TikTok
Alex Proteau
Un jeune homme de 20 ans originaire de Québec pense que sa vapoteuse l’a mené tout droit à l'urgence. Souffrant toujours de problèmes respiratoires, il utilise TikTok pour sensibiliser les jeunes aux dangers de la cigarette électronique.
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Tout commence en 2018. Alors qu’il est en quatrième secondaire, comme beaucoup de ses amis, Louis Gourdeau se met à vapoter, bien que la cigarette électronique soit interdite aux moins de 18 ans.
Rapidement, son besoin de nicotine augmente et il ne peut plus passer une journée sans utiliser sa vapoteuse. À un certain point, il achète même du liquide à vapoter dont la concentration en nicotine dépasse de beaucoup celle qui est maintenant permise par Santé Canada.
Un «trou» au poumon
Puis, du jour au lendemain, il ressent une douleur au niveau de la poitrine. La douleur est telle qu’il a du mal à dormir. Inquiet, il décide de se rendre à l’hôpital.
Le 14 juillet 2020, il reçoit un diagnostic de pneumothorax, un affaissement du poumon causé par la présence d’air. «Ça crée un “trou” dans ton poumon. L’air rentre dans ton corps et le sang rentre dans ton poumon», explique-t-il.
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À ce moment, il ne subit aucune opération. Mais en mars 2021, alors qu’il a complètement arrêté de vapoter, la douleur revient et son médecin décide finalement de l’opérer. Il passe une semaine à l’hôpital dans des douleurs atroces.
Un an plus tard, les effets de la maladie se font toujours ressentir: il a le souffle court et ses poumons sont affaiblis.
À cause du vapotage?
Mais une question demeure: son pneumothorax a-t-il été provoqué par le vapotage?
«Mon chirurgien ne peut pas me confirmer que c’est à cause de la “vape”, car on n’en sait pas encore assez là-dessus, dit Louis Gourdeau. Il n’y a pas encore assez de recherches et d’études [sur le sujet], mais, apparemment, je ne serais pas le premier cas.»
Il est effectivement difficile d’établir un lien direct entre le pneumothorax et le vapotage, souligne Mathieu Morissette, chercheur à l'Institut universitaire de cardiologie et de pneumologie de Québec.
Si des maladies pulmonaires sont bel et bien associées au vapotage, il est difficile de déterminer hors de tout doute que le vapotage en est la cause, précise le chercheur. Il faut que toutes les autres causes possibles aient été éliminées.
«On sait qu’il y a des maladies qui peuvent être très sévères et qui peuvent être causées par le vapotage. C’est clair, mais c’est très rare», ajoute celui qui dirige actuellement une étude afin de mieux comprendre les effets de la cigarette électronique sur la santé.
Le fait est qu’on ne connaît pas encore bien tous ces effets.
«C’est trop récent et on n’a pas beaucoup de recul. On a mis sur le marché un produit [dont] on ne connaît pas les effets à court, moyen et long terme», mentionne Stéphane Perron, médecin spécialiste en santé publique à l’Institut national de santé publique du Québec (INSPQ).
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La popularité du vapotage dans les cours d’école est d’ailleurs une très mauvaise nouvelle, alors que la cigarette y était presque disparue, ajoute-t-il.
Il veut sensibiliser les jeunes
Une chose est sûre, toutefois: Louis Gourdeau n’a pas l’intention de retoucher à une vapoteuse. Il souhaite aussi sensibiliser les jeunes aux dangers de la cigarette électronique.
«Je me suis rendu compte à quel point la santé est la priorité no 1, dans la vie, et que c’est important», insiste-t-il.
@louisgourdo Écouter au complet 🙏 @thetipsyguy challenge #quebec #vape #surgery #fyp ♬ Night Trouble - Petit Biscuit
«Une fois qu’il t’arrive quelque chose de la sorte, tu ne veux plus toucher à ça. Ce que je veux, maintenant, est de vivre ma vie à fond, et je ne veux pas payer pour me tuer», enchaîne-t-il.
La vidéo dans laquelle il raconte son histoire a été vue plus de 490 000 fois sur TikTok.
Depuis qu’il l’a publiée, des parents lui écrivent d’ailleurs chaque jour pour le remercier d'avoir partagé son histoire. Des adolescents communiquent aussi avec lui en privé afin de lui demander des trucs pour arrêter de vapoter.
Stéphane Perron insiste justement sur l’importance de créer des ressources pour aider les jeunes qui souhaitent cesser de vapoter.