À 55 ans, Mario St-Amand est retourné à l’université à temps plein
Daniel Daignault
Le comédien Mario Saint-Amand se fait discret depuis quelque temps. Si le prétexte de notre conversation était de parler de sa participation au film d’animation Katak, le brave béluga, c’était aussi une occasion idéale d’en savoir plus sur ce qui l’a occupé au cours des dernières années.
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Mario, on peut dire que tu effectues en quelque sorte un retour à ton métier en prêtant ta voix à un personnage dans ce film d’animation.
C’est une belle aventure. Je joue le rôle de Jack-Knife, un épaulard qui veut se nourrir des petits bélugas de ce monde. C’est la troisième fois que je participe à un film d’animation avec 10e Ave Productions. Ç’a été super agréable et les images sont magnifiques!
On t’a vu pour la dernière fois à la télé en 2017, dans District 31. Qu’as-tu fait depuis ce temps?
Je suis revenu sur la Côte-Nord! J’ai cinq ans d’université dans le corps et, pendant que j’étudiais, je n’aurais pas eu l’occasion de travailler. C’est prenant, l’université à temps plein, surtout quand on a 50 ans. En plus, la pandémie a alourdi les études. Je finis mon bac en travail social cette session-ci. J’ai aussi étudié en études autochtones et en toxicomanie, ce qui était important pour moi, parce que ça fait partie de mon désir de venir en aide aux jeunes qui ont des problèmes de consommation. Je vais devoir compléter le tout avec une maîtrise pour faire une spécialisation.
Malgré ce changement de carrière et de vie, tu n’as pas cessé d’exercer ton métier de comédien.
Je n’ai jamais dit que j’arrêtais d’être un acteur, je n’ai jamais fait une croix sur ma carrière, mais lorsque je suis parti de Montréal, de toute évidence, le mot a couru que je n’étais plus disponible. J’ai étudié presque quatre ans à l’université à Québec, et là, je fais ma dernière année sur la Côte-Nord. Pour Katak, j’ai d’abord participé à la création des personnages d’animation avec ma voix, en jouant les textes, puis les personnages ont été créés en studio. Nancy Florence Savard, la productrice, est l’exemple même de quelqu’un qui voulait travailler avec moi, et j’ai embarqué! Je suis un trooper, j’aime ça. Que je sois à Sept-Îles ou à Tombouctou, je saute dans mon char et je m’en viens! Le plaisir de travailler avec une équipe, je l’ai vécu avec Katak, sans oublier le plaisir de prêter ma voix à tout un univers que les jeunes vont aimer voir dans une grande salle.
Qu’est-ce qui a motivé ton entrée à l’université?
Ça s’inscrit dans toute ma démarche personnelle. En fait, ça date du moment où j’ai travaillé avec Marcel Simard (réalisateur du film Love-moi, en 1991). C’est avec lui que j’ai fait mon premier film. Marcel est aussi un travailleur social qui a oeuvré auprès des jeunes de la rue. J’aimais sa volonté de capter l’essence même des personnes qui n’avaient pas de voix et de leur en donner une par l’entremise d’un film. Ma rencontre avec Janette Bertrand a aussi été importante, par les rôles qu’elle m’a amené à jouer. Ce n’est donc pas étonnant qu’en 2018, j’aie eu le désir de faire quelque chose que je n’avais jamais eu l’occasion de faire, c’est-à-dire aller à l’université pour apprendre.
Est-ce que ça te manque de tourner?
C’est sûr! Quand on a goûté à la camaraderie qui peut exister sur un plateau de tournage, ça ne nous quitte jamais. Il n’y a pas une journée qui passe sans que quelqu’un me demande, par l’entremise de Facebook, quand on va me revoir dans un rôle. J’ai des projets et je souhaite qu’ils fonctionnent quand je vais avoir terminé l’université. En ce moment, je suis trois cours de psychologie, dont un sur la diversité culturelle, et ce que je découvre va me servir énormément comme acteur.
Mis à part tes études, comment se passe la vie à Sept-Îles?
J’habite sur le bord de la rivière Moisie et j’ai le plaisir de voir le soleil se lever et se coucher, ce qui est très inspirant. Et, à 55 ans, je suis toujours célibataire. Mais je dois dire que je ne laisse pas la chance à une femme de venir à ma rencontre parce que je suis enfermé dans ma maison du 1er septembre à la fin avril, à étudier. Pendant l’été, j’ai travaillé avec des chercheurs en toxicomanie pour payer mes études. En plus, j’ai eu un emploi sur la Côte-Nord dans un centre qui loue des kayaks pour descendre la rivière Moisie. Je suis en forme, je vais d’ailleurs faire mon 15e marathon en juillet.
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