10 femmes tombées amoureuses de tueurs en série
Jean-Philippe Lepage, magazine Dernière Heure
Malgré les actes barbares qu’ils ont commis, des tueurs en série connaissent du succès auprès de certaines femmes.
Afton et le gourou
Charles Manson est sans aucun doute le tueur le plus célèbre n’ayant jamais tué de ses propres mains. Il a été condamné à mort, en 1971, pour les meurtres de l’actrice Sharon Tate et de six autres personnes. La peine de mort ayant été suspendue en Californie en 1972, il est condamné à la prison à vie.
Afton Elaine Burton, que Manson a surnommée Star, a commencé vers le milieu des années 2000, en secret, une relation épistolaire avec Manson alors qu’elle était encore adolescente et habitait chez ses parents, dans l’Illinois rural. À 18 ans, elle quitte son village pour se rendre à Corcoran, en Californie, où se trouve la prison où Manson, alors âgé de 72 ans, purge sa peine. Elle trouve un travail chez McDo, prend un petit appartement et consacre l’essentiel de son temps libre à visiter Manson et à s’occuper de lui.
En 2013, elle annonce ses fiançailles avec le gourou: «C’est ce pour quoi je suis née, déclare-t-elle à l’époque. Même si les gens pensent que je suis folle.» Toutefois, le mariage ne sera jamais célébré, et la rumeur veut qu’Afton ait été aussi diabolique que son idole: ses démarches auraient eu pour seul dessein d’obtenir les droits légaux sur la dépouille du célèbre gourou, dans le but de pouvoir construire un mausolée et de faire payer les admirateurs qui viendraient lui rendre hommage!
Carol Ann et le tueur de femmes
Carol Ann Boone a rencontré Ted Bundy, un des tueurs en série les plus célèbres, reconnu pour son charme charismatique, alors qu’ils étaient collègues au service de la ville d’Olympia, dans l’État de Washington, en 1974. Cependant, c’est durant le second procès de Bundy, en Floride, qu’elle a accepté sa demande en mariage, en pleine cour, devant le juge. Selon une loi de l’État de Floride, une demande en mariage acceptée en cour, devant un juge, constitue un mariage légal. Convaincue de l’innocence de Bundy, elle avait déménagé en Floride et témoigné pour lui à ses deux procès dans cet État. En octobre 1981, tandis que Bundy est dans le couloir de la mort depuis plus d’un an, et malgré l’interdiction des visites conjugales, Boone donne naissance à une fille et déclare que Bundy en est le père. Le mariage finit par un divorce, en 1986. Puis, la veille de son exécution, en 1989, Ted Bundy, qu’on surnomme «le tueur de femmes» (Lady Killer), confesse finalement une trentaine de meurtres. Les spécialistes pensent qu’il en aurait commis au moins 36, et certaines estimations vont jusqu’à plus de 100!
Veronica et Shirlee, et l’étrangleur des collines
L’étrangleur des collines (Hillside Strangler), qui a terrorisé la ville de Los Angeles à la fin des années 1970 en faisant 12 victimes, était en fait deux personnes: Kenneth Bianchi et son cousin Angelo Buono Jr. En 1980, ayant développé une fascination pour les tueurs en série, Veronica Compton, actrice et auteure, contacte Kenneth Bianchi et en tombe amoureuse. Au cours du procès de Bianchi, elle donne un faux témoignage dans le but de le disculper, mais il n’aura pas l’effet escompté. Bianchi la convainc ensuite d’utiliser son modus operandi pour tuer une femme – allant jusqu’à lui fournir du sperme pour qu’elle puisse l’introduire dans le corps de sa victime –, ce qui ferait croire aux autorités qu’il est innocent puisque le Hillside Strangler serait toujours en liberté. Compton arrive à attirer une femme dans un motel et tente de l’étrangler, mais la victime réussit à s’échapper, et Compton est condamnée pour tentative de meurtre en 1981. Kenneth Bianchi aurait tenté de garder le contact avec elle par la suite, mais elle ne lui a pas répondu. Toutefois, la vie amoureuse de Bianchi ne s’est pas arrêtée là. Le 20 septembre 1989, après trois ans de correspondance passionnée et de nombreuses conversations au téléphone, Shirlee Joyce Book lui rend visite pour la première fois. Il l’épouse en prison deux jours plus tard. Shirlee, qui aurait d’abord tenté de séduire Ted Bundy, a demandé le divorce en 1993, quand elle a su que Bianchi correspondait avec d’autres femmes.
Doreen et le rôdeur nocturne
Doreen Lioy a fait la connaissance de Richard Ramirez par l’entremise de la télévision quand celui-ci a été arrêté, en 1985, après qu’il a fait au moins 14 victimes. Comme nombre d’autres femmes, elle a assisté à tout son procès, puis elle a commencé à lui rendre visite en prison. «Il est gentil, drôle et charmant, a-t-elle déclaré à CNN à l’époque. Je crois qu’il est vraiment une bonne personne. C’est mon meilleur ami.» En 1988, Ramirez fait la grande demande à celle qui le croyait innocent et qui savait très bien que la plupart des gens la trouvaient aussi folle que naïve. Le mariage est célébré en 1996 dans la prison californienne de San Quentin – une alliance en or pour elle et une en argent pour lui, Ramirez lui ayant expliqué qu’un sataniste ne porte pas d’or. Pendant plusieurs années, la journaliste qui travaillait dans le milieu des magazines a affirmé qu’elle allait se suicider quand Ramirez, aussi connu sous le nom de «rôdeur nocturne» (The Night Stalker), serait exécuté. Elle l’a plutôt quitté en 2009 quand un test d’ADN a confirmé qu’il avait bel et bien tué et violé une petite fille de neuf ans.
Marie et le prédateur urbain
Reconnu coupable et condamné pour cinq meurtres et six viols en 2002, Patrice Alègre a écopé d’une sentence à vie, avec 22 ans de sûreté. Marie (prénom fictif), à l’aube de la quarantaine, a eu un mari et des enfants, s’est séparée et a repris des études en psychologie, dans le cadre desquelles elle a dû contacter trois tueurs en série et les convaincre de répondre à ses questions. Elle a donc pris le téléphone et contacté celui que le psychiatre chargé de l’analyser pour les autorités françaises a surnommé «le prédateur urbain». «Mon projet de vie n’était pas de tomber en amour avec un meurtrier en série», a déclaré Marie au magazine L’Obs. C’est pourtant ce qui s’est passé au fil des conversations, et Marie, qui a déménagé en France, est prête à l’accueillir et à le soutenir, a déclaré l’avocat d’Alègre à une station de radio toulousaine. «C’est quelqu’un de très gentil, de très attentionné, qui s’intéresse à vous. Je sais que c’est difficile à croire, mais c’est vrai, a poursuivi Marie dans les pages de L’Obs. Je ne me suis jamais sentie aussi respectée. Il n’a rien à voir avec les autres tueurs avec lesquels je correspondais, je l’aime parce que c’est lui, cela n’aurait pas pu être un autre.»
Natalya et le tueur à l’échiquier
Natalya vient de la ville de Niagan, en Sibérie, comme la joueuse de tennis Maria Sharapova. Sauf qu’à défaut de frayer avec les célébrités mondiales, Natalya est connue, elle, pour être amoureuse d’un des pires meurtriers en série de Russie, Alexandre Pitchouchkine, qui a été condamné à la prison à vie en 2007 pour le meurtre de 48 personnes. Comme bien d’autres femmes qui, atteintes d’hybristophilie, ressentent une attirance pour des criminels, Natalya a écrit à plusieurs meurtriers emprisonnés, et Pitchouchkine lui a répondu. Tombée amoureuse du tueur après trois ans de correspondance et sans jamais l’avoir vu en personne, elle dit qu’elle aurait aimé porter son enfant et a même accepté sa demande en mariage. «Peu importe ce que les gens disent, je l’aime plus que la vie elle-même», a-t-elle déclaré au quotidien russe MK, en 2016. Dans la même entrevue, elle indique aussi qu’ils ne peuvent plus correspondre depuis quelques années, car les autorités correctionnelles russes les en empêcheraient. «Je vis dans l’espoir qu’ils nous permettent de communiquer à nouveau», ajoute celle qui croit qu’avoir pris part à un documentaire qui l’a présentée, en robe de mariée, comme la femme de celui qui voulait tuer 64 personnes – d’où son surnom de «tueur à l’échiquier»: un jeu d’échecs ayant 64 cases – lui a valu de ne plus pouvoir lui parler.
Carol et Phillip Jablonski
Carol Spadoni a rencontré Philip Jablonski en 1982, après avoir répondu à une petite annonce de Jablonski, qui purgeait une peine de prison de 12 ans pour le meurtre de la mère de son enfant. Ce fait n’a pas semblé trop émouvoir Spadoni, qui s’est mariée avec le prisonnier dans la même année. Toutefois, en 1990, quand Jablonski est sur le point d’être libéré pour bonne conduite – malgré le fait qu’il ait tenté d’étrangler sa mère avec un lacet à l’occasion d’une visite de celle-ci –, elle commence à avoir peur et fait part de son trouble à l’agent de probation de Jablonski. Celui-ci interdira formellement à Jablonski de se rendre à la demeure de Spadoni, qui vit avec sa mère, mais celui-ci n’écoutera pas. Le 23 avril 1991, il tue violemment Carol Spadoni, 46 ans, et tue également sa mère, Eva Petersen, 72 ans, en plus de la violer après sa mort. Les enquêteurs ont même retrouvé un enregistrement dans la voiture de Jablonski, dans lequel il décrit lui-même ces meurtres horribles, ainsi que deux autres. Trouvé coupable de ces assassinats sordides, il est condamné à mort. Cependant, plutôt que sur la chaise électrique, c’est dans sa cellule qu’il trouvera la mort en 2019, à l’âge de 73 ans, après avoir vécu dans le couloir de la mort pendant un quart de siècle.
Kristin et le disciple
«Je suis le diable. Je suis ici pour faire son travail», aurait déclaré Charles Watson à Wojciech Frykowski au moment des meurtres dans la demeure de Sharon Tate. Disciple de Charles Manson, Watson a joué un rôle central dans les meurtres sanglants de Tate et des LaBianca, en 1969. Il a vu, lui aussi, sa condamnation à mort commuée en peine de prison à vie. Watson s’est engagé dans une relation par correspondance avec Kristin Svege, ce qui les a menés à célébrer leur mariage en prison en 1979. Svege a pu lui donner quatre enfants même s’il était incarcéré, car des visites conjugales étaient permises avant 1996. Le couple a divorcé en 2003 après que Kristin a rencontré un autre homme, mais Kristin et Watson seraient restés en bons termes. Toujours en prison malgré 17 demandes de libération conditionnelle depuis 1976, Watson est devenu chrétien en 1975 et pasteur en 1983, et il a obtenu un diplôme de la California Coast University en gestion des affaires.