Une agence américaine de financement en Afrique va subir des coupes franches

AFP
L’administration de Donald Trump compte réduire drastiquement l’activité d’une agence américaine qui a investi des milliards de dollars dans des projets d’infrastructures en Afrique, selon un mémo vu par l’AFP mercredi, Washington cédant ainsi un terrain stratégique face à son adversaire chinois.
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Le document indique que la Commission pour l’efficacité gouvernementale, pilotée par Elon Musk, va imposer «une réduction importante» du nombre de salariés et de programmes de cette agence gouvernementale, le Millennium Challenge Corporation (MCC).
Le MCC a été créé par le président républicain George W. Bush en 2004 afin d’aider les pays qui respectent les standards de Washington sur la démocratie, la gouvernance ou l’économie libérale.
L’institution, qui est intervenue en Afrique, mais pas seulement, bénéficiait depuis d’un large soutien des élus des deux partis.
Depuis sa création, le MCC a investi un total de 17 milliards de dollars, avec de nombreux projets en cours, notamment un demi-milliard en Zambie afin de développer routes et systèmes d’irrigation, ou au Sénégal pour étendre le réseau électrique dans des zones rurales.
Le mémo lu par l’AFP mercredi indique qu’un passage en revue de son activité n’est pas achevé, et il n’est pas clair si les contrats encore en cours seront honorés.
Le MCC avait par exemple aussi investi 100 millions de dollars au Maroc en 2016 pour soutenir l’éducation des jeunes filles ou encore 600 millions de dollars en Indonésie en 2011 afin que ce pays d’Asie du Sud-est améliore la lutte contre la déforestation et le développement des énergies renouvelables.
L’investissement dans les infrastructures pour les pays en développement est vu comme un vaste champ d’influence pour les puissances mondiales, et la Chine s’implique fortement à ce propos, particulièrement en Afrique.
Pékin est le premier partenaire commercial du continent africain, avec 167,8 milliards de dollars (151,8 milliards d’euros) d’échanges bilatéraux au premier semestre 2024, selon les médias officiels chinois, et le président Xi Jinping a affirmé vouloir continuer à investir.
Sous la présidence de Joe Biden, les États-Unis avaient affirmé ne pas pouvoir suivre sur de telles dépenses publiques, mais défendu un modèle qui respecte la gouvernance des États africains.
Donald Trump pratique lui une diplomatie transactionnelle et s’est montré peu intéressé par l’Afrique subsaharienne et les aides publiques à l’étranger qui ne bénéficient pas directement aux États-Unis.
Son gouvernement a ainsi déjà largement démantelé l’USAID, agence américaine d’aide au développement et qui était, jusqu’en 2024, l’un des tout premiers bailleurs de l’aide humanitaire dans le monde.