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Politique

Les ouvriers sous-utilisés: la réforme de la construction au Québec pourrait nuire à l’industrie

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Photo portrait de Geneviève Lajoie

Geneviève Lajoie

12 mars 2024
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La réforme de la construction du gouvernement Legault risque de nuire à la performance de l’industrie puisqu’elle compromet l'expertise régionale et ne s’attaque pas à la sous-utilisation des travailleurs actuels.

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C’est la conclusion d’une étude commandée par le Conseil provincial des métiers de la construction (L’International) réalisée par Francis Gosselin, docteur en économie et chroniqueur au Journal.

Selon les plus récents chiffres publiés par la Commission de la construction du Québec, les ouvriers ne sont rémunérés en moyenne que pour 1062 heures de boulot par an, l’équivalent de 26,5 semaines de travail. 

«Cela signifie que des gens qualifiés et disponibles ne sont mis à contribution qu’environ 50% du temps par rapport à d’autres métiers réputés "à temps plein". Dans ce contexte, il est assez surprenant d’entendre autant d’experts évoquer la pénurie de main-d’œuvre. Le problème au Québec n’est pas, en nombre absolu, un manque de travailleurs dans la construction, mais une utilisation sous-optimale de ceux et celles qui y travaillent déjà», lit-on dans le document.

L’auteur suggère que pour chaque augmentation de 1% du nombre d’heures travaillées, la pénurie serait atténuée d’environ 2000 travailleurs. Ainsi, si chaque ouvrier effectuait une semaine de travail additionnelle par an (hausse de 6%), on pourrait dire adieu au manque de bras. 

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«On nuit à la productivité»

Le projet de loi du ministre Jean Boulet visant à moderniser l’industrie, qui décloisonne les métiers de la construction et donne le feu vert à la mobilité interrégionale des travailleurs, fait donc fausse route, selon l’étude.

Non seulement les deux mesures phares du gouvernement risquent d’avoir un effet «négligeable» sur la performance de l’industrie, mais elles pourraient même être «dommageables», conclut l'économiste. 

C’est que le sous-emploi affecte davantage les régions. Les ouvriers des coins éloignés travaillent en moyenne près de trois semaines de moins que leurs collègues de Québec, de Montréal ou de la Mauricie. 

«En laissant les travailleurs en région à ce niveau famélique, il est évident qu’on nuit à la productivité, en plus d’ajouter de nombreux coûts (per diem, frais de déplacement, primes) pour les travailleurs venant d’ailleurs. La mesure de mobilité prévue au projet de loi 51 ne fait donc qu’aggraver le problème de la performance régionale».

Rappelons que les entrepreneurs pourront débarquer sur les chantiers du Québec sans embaucher de travailleurs locaux, selon la réforme caquiste de l’industrie de la construction. Le gouvernement Legault interdira même aux futures conventions collectives de limiter la mobilité interrégionale des ouvriers.

Travail au noir

Selon Francis Gosselin, Québec néglige aussi de s’attaquer au travail au noir, principalement concentré dans le secteur de la construction résidentielle.

«Alors que la trajectoire semblait se dessiner vers une graduelle élimination du travail souterrain, les plus récentes données publiées par Statistique Canada témoignent d’une recrudescence de la problématique de manière générale au Québec. Avec la Colombie-Britannique, le Québec compte parmi les pires provinces au pays en matière de travail au noir», note-t-il. 

Heures moyennes travaillées annuellement, par travailleur et par région (2022)

  • Bas-Saint-Laurent: 963
  • Saguenay–Lac-Saint-Jean: 999
  • Québec: 1121
  • Mauricie: 1029
  • Estrie: 1002
  • Grand Montréal: 1091
  • Outaouais: 866
  • Abitibi-Témiscamingue: 942
  • Baie-James: 810
  • Côte-Nord: 974

Source: Tableau provenant de l’analyse prospective des facteurs économiques impactant l’industrie de la construction commandée par le Conseil provincial des métiers de la construction (L’International) et réalisée par l'économiste Francis Gosselin.

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