Un coup d’État militaire contre Trump. Est-ce possible?


Normand Lester
L’armée américaine pourrait-elle commencer à considérer le leadership de Trump comme une menace suffisamment sérieuse pour envisager un coup d’État, s’il continue ainsi à saper la Constitution et la démocratie?
Son ex-chef d’état-major interarmées, le général Mark Milley, l’a déjà qualifié de «foncièrement fasciste» et de «personne la plus dangereuse pour le pays». Il n’est pas le seul dans la haute hiérarchie militaire à le penser. Alors qu’il était au pouvoir, Trump a dit à son chef de cabinet, le général John Kelly, que les généraux devaient suivre ses ordres comme les généraux allemands l’avaient fait pour Hitler.
Les militaires prêtent le serment de loyauté à la Constitution des États-Unis et s’engagent à la défendre. Que se passe-t-il donc lorsque le commandant en chef, le président lui-même, la bafoue? Comme la population américaine, l’armée semble de plus en plus redouter la dérive dictatoriale de Trump.
Une prise en charge, même temporaire et transitoire, de l’autorité civile par l’armée irait à l’encontre de la séparation historique profondément ancrée entre les leaderships civil et militaire aux États-Unis.
Même si Trump a souvent manifesté son mépris à leur endroit, qualifiant les vétérans de «suckers» et de «loosers», les militaires américains sont quand même divisés à son sujet: six électeurs sur dix ayant servi dans l’armée américaine ou dans la réserve l’ont soutenu en 2024, alors que 124 généraux et amiraux à la retraite avaient signé une lettre contestant sa défaite en 2020.
Prendre les généraux de vitesse
Au cours de sa campagne de réélection de 2024, Trump a promis de purger l’armée des généraux qui lui étaient hostiles. Peu après sa victoire, le Wall Street Journal a rapporté que son équipe préparait un décret exécutif visant à établir un Conseil d’officiers supérieurs à la retraite, chargé d’identifier les généraux et amiraux qui devraient être démis de leurs fonctions. Selon d’autres médias, l’équipe de Trump posséderait une liste de généraux à traduire en cour martiale.
Trump a déclaré qu’il utiliserait l’armée pour procéder à des exclusions massives contraires à la loi Posse comitatus, qui interdit à l’armée de mener des opérations sur le territoire américain. Il a également affirmé qu’il recourrait à la Loi sur l’insurrection (Insurrection Act) et qu’il enverrait des troupes fédérales dans les villes américaines s’il le jugeait bon.
«Freins et contrepoids»: pas pour lui
Le sénateur démocrate Richard Blumenthal, membre de la Commission des forces armées, a déclaré (une suggestion incitative?) que l’armée même pourrait résister à ce qu’elle considère comme un ordre illégal si Trump utilisait sans restriction la Loi sur l’insurrection de diverses manières dictatoriales.
Il est en effet à craindre que Trump ne veuille convertir l’armée américaine en bras musclés de son programme politique: il dévalorise continuellement les freins et contrepoids (checks and balance) qui sous-tendent la démocratie américaine.