Requalification des travailleurs: aucune idée si le programme a fonctionné après plus de 100 M$ dépensés
Le ministère de Jean Boulet ignore si les participants au PARAF ont amélioré leur sort


Francis Halin
Malgré des millions investis dans la formation pour requalifier les travailleurs, le ministère du Travail de Jean Boulet ne sait pas si les participants de son programme-vedette se sont vraiment trouvé un meilleur emploi.
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«J’ai été suivre le cours en installation de revêtements souples. J’ai été dans le domaine, et je me suis rendu compte que ce n’était pas pour moi», confie Marilou Gosselin, une serveuse de 33 ans revenue en restauration.

«J’ai aimé faire la formation, mais ce sont plus les conditions de la construction qui ne me convenaient pas», explique-t-elle.
Comme elle, plus de 20 599 Québécois ont participé au Programme d’aide à la relance par l’augmentation de la formation (PARAF), assorti d’un chèque de 500 $ par semaine, pour avoir un nouveau diplôme ces deux dernières années.
Ce programme pour lequel 103 millions de dollars ont déjà été dépensés était l’un des éléments clés du plan de 3,4 milliards de dollars pour contrer le manque d’effectifs qualifiés, annoncé en grande pompe par le gouvernement Legault en novembre 2021.
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Info «pas disponible»
Le hic, c’est que le ministère du Travail, de l’Emploi et de la Solidarité sociale (MTESS) ne sait pas encore si les personnes qui ont participé au programme travaillent ou non dans leur nouveau domaine d’emploi.
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«Actuellement, cette information n’est pas disponible», a reconnu au Journal la porte-parole du MTESS, Catherine Poulin, qui travaille à la mise en place d’un tel suivi.
Malgré cela, on estime que le PARAF est un «succès» parce que 75,8 % des participants travaillaient quelque part 12 semaines après leur formation.
Une utilité incertaine
Pour Saidatou Dicko, professeure de sciences comptables à l’Université du Québec à Montréal (UQAM), le fait que Québec soit incapable de mesurer le succès du programme suscite des interrogations.
«Peut-être qu’ils n’ont pas assez d’employés pour suivre l’évolution du programme et sa réussite?» se demande-t-elle à voix haute.
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«L’indicateur de mesure lui-même pose problème, car on ne sait pas s’ils sont en emploi dans leur domaine de reconversion ou non», analyse l’experte.
Même chose pour Michel Séguin, professeur en éthique de l’UQAM.
«Si l’objectif était que les gens travaillent, c’est réussi. Si c’était d’aller dans des secteurs en particulier, ça reste à voir. Peut-être que le programme n’était pas nécessaire?» s’interroge-t-il.
Jeudi, le cabinet du ministre du Travail sortant, Jean Boulet, n’a pas été en mesure de fournir des explications au Journal.
Québec a aussi mis sur pied le Programme pour la requalification et l’accompagnement en technologies de l’information et des communications (PRATIC) auquel plus de 6564 personnes ont participé depuis juillet 2021.
Les deux grands programmes de Québec destinés à favoriser les réorientations de carrière
Le PARAF, Programme d’aide à la relance par l’augmentation de la formation
- Coût : 114 M$ (103 M$ déjà dépensés)
- Nombre de participants : 20 599
Le PRATIC, Programme pour la requalification et l’accompagnement en technologies de l’information et des communications
- Coût : 100 M$ 60 M$ déjà dépensés)
- Nombre de participants : 6564
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