Nick Suzuki n'est pas si loin du trophée Hart

Jean-Charles Lajoie
Signe des temps, de renouveau, de relance résolument entamée, le Canadien voit certains des membres de son organisation revenir dans les conversations en vue de la remise annuelle des trophées individuels dans la Ligue nationale de hockey (LNH).
À tout seigneur tout honneur, Lane Hutson n’a pas tardé à s’inviter dans les discussions en vue de la remise du trophée Calder, remis à la recrue par excellence de la saison. Premier de classe chez le CH, il fut aussi le premier à faire écarquiller les yeux au point de recevoir une attention importante au sujet du Calder.
Il y a bien Dustin Wolf, qui était poussé très fort par l’Ouest canadien, et évidemment Macklin Celebrini.
Dans les faits, les 57 points de Celebrini le placent à huit d’Hutson, qui a toutefois disputé 12 matchs de plus. Mais Hutson est un défenseur et son différentiel de -2 le place loin devant Celebrini, qui affiche un copieux -30.
Matvei Michkov va certainement recevoir des votes, fier de ses 58 points, qui le placent bon deuxième chez les recrues.
Mais aucun débat ne peut se terminer autrement que par le fait que Lane Hutson doit être le gagnant du trophée Calder. Le premier membre du Canadien à recevoir cet honneur depuis Ken Dryden en 1972.
La situation de Nick Suzuki est très intéressante. Les 84 points de «Slick Nick» le placent au 14e échelon des marqueurs du circuit Bettman en date de mardi.
Avec encore cinq rencontres à disputer, Suzuki peut rêver d’une saison de 90 points ou plus, un exploit franchement exceptionnel dans une équipe qui devrait entrer en séries de justesse.
Un club qui sera l’exception qui confirme la règle des équipes en séries, qui, en grande majorité, affichent davantage de buts marqués de que de buts accordés.
Avec son ronflant différentiel de -20, le CH ne fait peur à personne. Avec sa ligne de centre non plus.
Très mal appuyé, Suzuki cartonne et transforme tout en occasion de faire progresser son équipe vers les éliminatoires contre toute attente encore il y a à peine deux mois et demi.
Nick reçoit toute l’attention défensive des équipes adverses, qui savent qu’il est le catalyseur de l’attaque du Canadien. Malgré tout, il persiste et il produit. Il enfile ou prépare des buts cruciaux qui mènent son club à empocher des points de classement.
Le collectif de tous les joueurs du CH cette saison est de -117. Celui de Suzuki est de +17!
Il frôle les 20 minutes par match, il est au-dessus de 50% aux cercles des mises en jeu. Il connaît une saison exceptionnelle aux côtés d’un pur marqueur de petit format et d’un géant qui n’habite pas encore tout à fait son corps et son esprit.
Non seulement Suzuki doit être au plus fort de la lutte pour l’obtention du trophée Frank-J.-Selke, mais il doit certainement recevoir quelques votes pour l’obtention du trophée Hart, tellement sa saison a changé radicalement la face de la saison de son équipe.
Enfin, si le Canadien parvient à se tailler une place en séries, ce qui est de moins en moins de la science-fiction, Martin St-Louis doit être un des trois finalistes à l’obtention du trophée Jack-Adams.
St-Louis confond le dernier des sceptiques cette saison. Armé de sa tête dure et de ses méthodes novatrices, il peut entrer en séries avec un club que plusieurs voyaient repêcher dans les cinq premiers en juin prochain.
Elle est lointaine, l’époque où St-Louis, à genoux sur la glace, dessinait au feutre large un schéma de positionnement. Il est devenu une tête de hockey respectée de tous et dont le passage à Montréal fera époque autant qu’école.
Spencer Carbery va probablement gagner le Jack-Adams et c’est pleinement mérité, autant que la présence de St-Louis parmi les trois finalistes.