Réchauffement climatique: il y aura de plus en plus d’ours noirs dans nos forêts


Mathieu-Robert Sauvé
Les Québécois qui se promènent en forêt risquent de rencontrer des ours noirs de plus en plus souvent, selon des biologistes, car l’espèce se reproduit plus jeune en raison du réchauffement climatique.
Il y aura de plus en plus d’ours dans nos forêts, affirment deux experts interrogés par Le Journal. Dans les habitats de qualité élevée, les ourses ont leurs premiers oursons à quatre ans plutôt qu’à cinq ans et leurs petits voient leurs chances de survie augmenter en moyenne de 13%, ont constaté les spécialistes ayant publié leur étude dans Ecological Monographs.

«Ces jours-ci, les ours noirs sortent de leur tanière après leur hibernation. On a de bonnes raisons de croire que les mères et leurs oursons trouveront de bonnes conditions de survie dans plusieurs régions du Québec», commente le biologiste Christian Dussault, chercheur spécialiste de la faune au ministère de l’Environnement, de la Lutte contre les changements climatiques, de la Faune et des Parcs (MELCCFP).
165 ourses sous surveillance
En collaboration avec Sandra Hamel, professeure au Département de biologie de l’Université Laval, 94 recherches sur les ours menés au cours des dernières années ont été passées au peigne fin et ajoutées aux observations sur le terrain. Résultat: les populations d’ours et leur densité sont appelées à augmenter au Québec.

Mais les changements climatiques n’ont pas que des effets positifs, nuance M. Dussault. Lors de printemps hâtifs, la mortalité peut désavantager les animaux qui ne trouveront pas suffisamment de nourriture au sortir de leur hibernation. De plus, les gels subits peuvent affecter les arbres et les arbustes fruitiers, essentiels à leur alimentation en fin de saison.
10 ans de suivi
M. Dussault étudie les ours depuis 2013. Il a notamment coordonné le suivi par télémétrie de 165 femelles sur cinq ans, ce qui a impliqué pour ses équipes d’aller dans les tanières en plein hiver afin de peser les mères et les oursons et prélever des échantillons de sang et de tissus.
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Le chercheur tient à souligner que les dangers pour les humains ne sont pas augmentés même si la population d’ours est en progression. «Les ours sont des animaux solitaires qui ne s’attaquent que très rarement aux humains», précise-t-il.
D’ailleurs, aucun incident n’est survenu au cours des centaines de manipulations des agents de la faune dans plus de 400 tanières.
On évalue à environ 70 000 le nombre d’ours noirs dans la plupart des régions, mais on note les plus grandes concentrations en Outaouais, avec trois ours par kilomètre carré. Par comparaison, on en trouve 10 fois moins en Gaspésie.
Quoi faire quand on croise un ours en forêt?
- On rapporte en moyenne 1869 signalements d’ours noirs par année, avec un sommet au mois de juillet.
- En cas d’attaque, ce qui est exceptionnel, ne faites pas le mort! Défendez-vous avec ce que vous pouvez – branche d’arbre, cailloux ou même poings.
- Devant un ours noir, il faut rester calme. Ce sont des animaux craintifs qui évitent généralement les humains.
- Levez les bras de façon à paraître plus grand.
- Faites du bruit en frappant des objets ou en criant.
- Ne courez pas, cela pourrait déclencher un instinct de poursuite. Reculez lentement.
- Ne bloquez pas son chemin. Il doit pouvoir fuir sans entrave.
Sources: MELCCFP et revue Espaces
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