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L'article provient de Le Journal de Montréal
Affaires

Qui va payer et quand? L'automobile déboussolée face aux fluctuants droits de douane de Trump

AFP
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16 avril à 13h01
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Qui va payer, et quand? Faut-il muscler la production aux États-Unis malgré l'incertitude? Les revirements de Donald Trump en matière de droits de douane déboussolent les constructeurs automobiles, qui doivent prendre des décisions lourdes de conséquences.

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Si M. Trump a renoncé à imposer certains droits de douane, les importateurs américains doivent s'acquitter depuis le 3 avril de taxes de 25% sur les automobiles.

Pour l'instant, les stocks permettent aux vendeurs d'écouler leurs véhicules sans augmenter les prix. Mais ce répit ne durera que quelques semaines, selon des fabricants et experts du secteur rencontrés mardi à un forum avant le Salon international de l'automobile de New York.

Car si les droits de douane sont maintenus, les constructeurs devront prendre une décision douloureuse: quel surcoût répercuter à leurs clients et quel surcoût absorber dans leurs comptes.

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Aucun acteur de la chaîne ne peut à lui seul «absorber» cet impact, a mis en garde Kjell Gruner, président de Volkswagen Group of America.

«On ne peut pas juste dire: "Bon, les clients vont digérer ça". L'augmentation du prix serait trop importante», a-t-il déclaré. «Et on ne peut pas non plus dire que c'est aux concessionnaires de le faire».

Pessimisme ambiant

Depuis son retour à la Maison-Blanche en janvier, Donald Trump a fait pleuvoir les barrières douanières sur les partenaires commerciaux des États-Unis, dans le but affiché de rééquilibrer la balance commerciale du pays et de rapatrier la production aux États-Unis.

La semaine dernière, il a suspendu pour 90 jours un grand nombre de droits de douane, mais pas ceux de 25% sur l'automobile ni ceux sur l'acier et l'aluminium, essentiels à l'industrie auto.

Lundi, M. Trump a laissé entrevoir la possibilité d'un nouveau revirement en déclarant qu'il «cherchait quelque chose pour aider certains constructeurs de voitures».

Si Donald Trump espère contraindre les entreprises à développer leurs moyens de production aux États-Unis, des experts soulignent que ces investissements sont des engagements lourds, de longs termes, nécessitant un climat d'affaires stable. Alors qu'il est actuellement très incertain, en raison des changements incessants annoncés par le président américain.

Patrick Manzi, économiste en chef de la National Automobile Dealers Association, qui représente de nombreux concessionnaires, a ouvert le forum en présentant des perspectives économiques sombres.

«Je m'attends à ce que les consommateurs hésitent à acheter des biens onéreux», a déclaré M. Manzi, qui estime à 60% la probabilité d'une récession aux États-Unis.

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Impact à venir

Malgré tout, plusieurs constructeurs ont annoncé vouloir investir aux États-Unis.

Volvo a souligné l'augmentation de la production dans une usine de Caroline du Sud. Randy Parker, patron de Hyundai North America, a rappelé que le conglomérat sud-coréen avait annoncé la construction d'une nouvelle aciérie en Louisiane pour un montant de 21 milliards de dollars.

Et depuis Tokyo, Honda a annoncé mercredi relocaliser aux États-Unis la production de son modèle Civic hybride.

M. Parker - qui a plaisanté en se demandant si la politique tarifaire américaine n'avait pas changé depuis qu'il avait consulté son téléphone pour la dernière fois - a présenté la stratégie de Hyundai comme «très simple».

«Notre plan est de vendre des voitures, point final», a-t-il déclaré. «De vendre comme des fous».

Hyundai a promis de bloquer ses prix à court terme, rejoignant ainsi d'autres marques comme Nissan et Ford, qui ont annoncé des mesures similaires.

Signe toutefois que les consommateurs redoutent une explosion des prix à venir, les ventes d'automobiles aux États-Unis ont augmenté en mars. Et cette tendance se poursuit en avril, selon Thomas King, analyste chez JD Power.

Pour cet analyste, le marché automobile américain ne ressentira vraiment les effets des droits de douane qu'au quatrième trimestre: il s'attend à ce que les prix des voitures augmentent alors d'environ 5%, ce qui entraînerait une baisse d'environ 8% des ventes.

Et «si nous devions connaître une récession, l'écart serait évidemment plus important», prévient l'analyste.

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