«Face-à-face TVA» annulé: quelques secrets sur les débats
La Commission des débats est une curieuse bibitte qui coûte cher


Mario Dumont
J’ai eu le privilège de participer à quatre débats des chefs. C’était à une époque lointaine, avant même que n’existe la formule des Face-à-face de TVA. Dans mon esprit, cette formule est devenue la référence.
Les échanges vifs et directs font ressortir le meilleur, le pire et surtout le vrai de la bouche des chefs. C’est le public qui y gagne, aidé dans son effort pour faire un bon choix.
Malheureusement, il n’y aura pas de Face-à-face cette année, Mark Carney ayant refusé l’invitation. Les libéraux ont expliqué ce refus par l’absence du Parti vert dans la liste des convoqués. Quelle blague! Justin Trudeau, un débatteur naturel qui profitait de cette formule, n’avait pourtant jamais remis en question l’absence des «verts»...
Évidemment, il s’agit d’une dérobade. Le Parti libéral a tout simplement fait le calcul que les reproches liés à cette absence constituaient un dommage moindre qu’une performance médiocre dans un événement aussi regardé. On s’inquiétait sans doute du français de monsieur Carney et de sa connaissance limitée des enjeux québécois.
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Contribution demandée
Certains ont reproché à TVA d’avoir demandé aux partis une contribution de 75 000$ pour aider à payer une partie des frais de production.
Cette suggestion n’aurait pas dû étonner quiconque connaît la situation des médias privés au Canada. TVA a mis à pied 550 employés l’an dernier, on s’en souvient?
Ce n’est pas pour rien que trois des quatre partis, ayant compris la situation, avaient accepté d’y participer.
Cela soulève la question de l’autre débat. Nommez-le «le débat de Radio-Canada», «du consortium» ou encore par son nom officiel: celui de la Commission des débats des chefs. Vous saviez cela?
En 2018, Justin Trudeau a créé ce nouvel organisme gouvernemental. C’est de là que viendra l’argent, des fonds publics, pour payer la production des débats français et anglais de la mi-avril.
Oui, oui, vous ne rêvez pas. Il existe au Canada un organisme permanent avec des employés permanents pour organiser les débats électoraux... tous les quatre ans.
Le budget est de 700 000$ par an pour les années sans élection et de 3,6 millions pour une année électorale.
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Ils font quoi?
La dernière élection a eu lieu en septembre 2021. Imaginons-nous en septembre 2022: que font les employés payés dans ces bureaux-là?
Ils font un bilan détaillé du débat de l’année précédente? Heu... Ou plutôt ils planifient le prochain dans trois ans? Heu...
Au total, dans un cycle électoral complet, les deux débats du consortium nous coûtent près de six millions.
TVA demandait une contribution 75 000$ aux quatre partis, soit 300 000$ en tout. Quelle aubaine!
Des débats avec l’argent public... pour quel résultat? Un débat qui n’en est pas un. Les chefs parlent comme dans un colloque, se répondant à peine de temps à autre. Pire, dans le dernier débat en anglais, l’animatrice s’est permis de traiter tout le Québec de raciste. Et comme dans toute bureaucratie, personne n’était responsable.