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Culture

Yvon Deschamps n’est pas fermé à un retour sur scène

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Samuel Pradier

2023-07-30T11:00:00Z
2023-07-31T00:20:28Z
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À près de 88 ans (il les aura le 31 juillet), Yvon Deschamps est remonté sur scène le 20 juillet pour le gala ultime de juste pour rire. Si l’événement célébrait la fin de la formule de ces galas inventés il y a plus de 40 ans, c’était aussi l’occasion de souligner l’apport indéniable d’Yvon Deschamps à l’humour et à la culture québécoise. Nous avons eu la chance de lui parler au lendemain de ce gala pour faire un petit bilan avec lui.

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C’est un Yvon Deschamps en grande forme qui nous a parlé au téléphone lundi, en début d’aprèsmidi, alors qu’il se trouvait à son chalet dans les Laurentides. «Je vais super bien, et vous?» a-t-il lâché, avant de faire retentir son rire contagieux. On le sent tout de suite plus émotif lorsqu’on lui demande comment il a vécu cet ultime gala Juste pour rire, où il a reçu des ovations à chacune de ses apparitions. 

Photo : Dominic Gouin / TVA Pub
Photo : Dominic Gouin / TVA Pub

«C’était merveilleux. J’ai toujours aimé les galas, dans le sens où on fait un métier très solitaire. Dans mon cas, j’écrivais seul, je performais seul. J’étais responsable de chaque mot et de chaque seconde de mes spectacles. Dans les galas, on se retrouvait à plusieurs humoristes. On pouvait parfois être jusqu’à plus d’une trentaine durant quelques jours, et c’était très agréable de revoir tout le monde.» Pour cette dernière soirée, tous ses amis étaient présents. «Martin Matte m’a envoyé un petit mot, le lendemain matin, pour me dire que c’était le fun. On était heureux d’être là, il n’y avait aucune compétition, tout le monde aimait ce que les autres faisaient. C’était fantastique!»

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DU STRESS EN MASSE

S’il se souvient des galas comme des moments de bonheur, leur préparation était moins heureuse pour l’humoriste. «La première fois, j’en ai animé un, mais l’année suivante, je leur ai dit que je voulais en faire plusieurs. C’est tellement stressant! Pendant au moins trois mois, je ne dormais pas, ça me rendait malade. Je me disais que, tant qu’à subir ça, autant le vivre pour plusieurs galas, parce que c’était quand même beaucoup de travail. J’écrivais l’ouverture, les présentations et au moins un nouveau numéro de cinq ou six minutes. Ça remplissait mon année, parce que j’en avais pour six mois à me demander ce que j’allais faire. Mais, au final, pour moi, ç’a été des années très agréables, même si c’était difficile.» 

TOMA ICZKOVITS/AGENCE QMI
TOMA ICZKOVITS/AGENCE QMI

Comme il l’a récemment rappelé dans une entrevue, le travail ne faisait pas peur aux humoristes à l’époque. Même si c’était difficile, Yvon Deschamps a quand même participé à 11 galas dans un seul été. C’était en 2007. «Ils m’avaient appelé pour que je participe à un gala. Je leur ai dit que je n’allais pas m’énerver pendant des mois pour un numéro dans un seul gala. Ils m’ont alors proposé de faire un numéro différent dans chaque gala. J’ai accepté en pensant qu’il y en avait seulement 5, mais, cette année-là, ils en avaient programmé 11! J’ai été pris par surprise.» 

UN NUMÉRO PERCUTANT

Pour le Gala ultime de Juste pour rire le 20 juillet, Yvon Deschamps avait décidé de ne pas écrire de nouveau matériel. C’était annoncé depuis le début. Il a repris son numéro sur les ethnies. «Je ne voulais pas travailler: je suis à la retraite et je veux rester à la retraite. J’avais dit que je reviendrais avec quelque chose, et ce numéro m’est venu à l’esprit. J’ai changé deux ou trois petites choses, mais c’était dans ma tête, je n’ai rien écrit.»

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Il nous a humblement avoué avoir eu le trac avant de remonter sur scène. «Je n’avais pas performé devant une grande salle depuis près de 15 ans. Ça m’a stressé une demi-heure, deux jours avant le gala, et c’est tout. Je me suis dit que ma carrière n’était pas en jeu, alors autant en profiter. Comme disait Gilles Vigneault, qui n’a jamais eu le trac: “Est-ce qu’il peut y avoir mort d’homme? Non, alors il n’y a rien de grave.”» 

Ce qui le rendait plus nerveux, c’était sa capacité à garder le rythme de son monologue et d’avoir une bonne prononciation. «En vieillissant, la morphologie de notre visage change, et on prononce moins bien. Aussi, quand on est stressé, on a la bouche sèche et ça devient difficile. Heureusement, ma plus jeune, Sarah-Émilie, m’a aidé. Elle chante beaucoup, et elle avait une tisane pour éclaircir la voix. Elle avait aussi des pastilles qui donnent de la salive. Elle m’a sauvé la vie! Je suis entré sur scène et j’étais comme il y a 20 ou 30 ans. J’ai bien fait ça. Je suis fier de moi!» raconte-t-il en éclatant de son rire si particulier. Il semblerait que les applaudissements nourris du public ne l’ont pas laissé insensible. «Le problème, c’est qu’il y a un manque après. C’est pour ça que j’ai dit à Judi: “On part en tournée!” Je sais que je suis très privilégié. Ce n’est pas hier que j’ai commencé et j’ai encore beaucoup de fans; il y a beaucoup de monde qui m’aime encore. Je suis vraiment gâté pourri.» 

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Photo : Julien Faugere / TVA Pu
Photo : Julien Faugere / TVA Pu

Yvon explique alors qu’il a eu l’idée de faire des conférences au cours desquelles il parlerait de sa vie pendant 90 minutes. Il présenterait une conférence un soir dans une grande ville avant de profiter du reste de la semaine pour visiter et être en vacances dans la région où il se trouverait. On se prend alors à rêver de l’annonce d’une nouvelle tournée d’Yvon Deschamps. «J’aurais pu le faire si j’avais cinq ans de moins, mais là, je suis beaucoup trop vieux. Donc, on oublie ça. Je suis à la retraite!» 

UNE ICÔNE VIVANTE

Presque tous les humoristes parlent d’Yvon Deschamps comme d’une légende qui les a fait rêver et leur a donné envie de faire la même chose que lui. «C’est très agréable que les petits jeunes trouvent que j’ai fait du bon travail, mais il faut le prendre avec un grain de sel. Je suis content, ça me fait plaisir. Même des gens proches de moi, comme Daniel Lemire, qui me dit que je suis son idole. Je ne suis pas son idole, je suis son ami! Il ne faut pas s’enfler la tête avec ça.» 

PAS FERMÉ À UN RETOUR

S’il a accepté de remonter sur scène pour cet ultime gala, c’était d’abord pour clore le concept de Juste pour rire, mais surtout parce que la soirée était présentée au bénéfice de la Fondation Yvon Deschamps Centre-Sud. «On a réussi à aller chercher 500 000 $, c’est fabuleux! En plus, la fondation a une entente avec Juste pour rire pour trois ans. Il y aura donc deux autres événements, mais on ne sait pas encore sous quelle forme. Ce seront des événements qui auront directement ou indirectement un lien avec moi. On va voir ce qu’on va faire exactement, mais ça ne veut pas dire que je serai présent. En même temps, je ne dis pas non... J’aime ça me faire aimer!» 

Alain Decarie / Le Journal de Mo
Alain Decarie / Le Journal de Mo

Pour le moment, Yvon Deschamps profite de son été. «On a une maison dans les Laurentides, et on va y passer le reste de l’été avec nos enfants et nos petits-enfants. Ils vont venir se baigner, jouer aux cartes, aux poches, au ping-pong, au billard, et rire. Nous autres, on est des joueurs, on a toutes sortes de jeux.»  

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