Xavier Dolan veut prendre une pause du cinéma : «je suis comme tanné»


Maxime Demers
Portant à la fois les chapeaux de scénariste, de réalisateur, de producteur, d’acteur et de monteur, Xavier Dolan s’investit toujours à fond dans ses projets. Or, cette énorme pression qu’il s’impose à chaque fois commence à peser lourd sur ses épaules, au point où il songe sérieusement à prendre une pause de la réalisation.
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«Je me suis vraiment donné à 200 % de façon entière, passionnée et même agressive dans ce projet-là», admet le cinéaste au sujet de la création de La nuit où Laurier Gaudreault s’est réveillé, sa première série télé attendue sur Club illico le 24 novembre.
«Mais en même temps, je n’ai plus tellement envie de faire ce métier-là en ce moment. Je suis comme tanné. On est en 2022, et le monde a drastiquement changé. Moi, dans ce monde-là, je ne ressens plus nécessairement le besoin de raconter des histoires et de me raconter. J’ai envie de prendre du temps pour être avec mes amis et ma famille. J’ai envie de tourner de la pub et de me construire une maison à la campagne un jour quand j’aurais mis assez d’argent de côté. Je ne dis pas ça de façon triste du tout. J’ai simplement envie de vivre autre chose, d’autres expériences.»
Ce n’est pas le travail de réalisateur en tant que tel qui l’épuise. Au contraire, il dit s’être éclaté en tournant La nuit où Laurier Gaudreault s’est réveillé. Ce qu’il trouve «décourageant» et «drainant», c’est plutôt de devoir traverser toutes les étapes de la production.
«Si je pouvais tourner un film ou une série et disparaître après, je le ferais, avance-t-il. Mais on sait qu’avant le tournage, il y a la préparation et qu’ensuite, il y a toutes les étapes de la post-production. Je pense que je ne suis plus vraiment fait pour ça.»
Et le cinéma?
Dolan n’a pas fait une croix sur le cinéma, ses premières amours, mais il dit ne pas avoir de projet de film en chantier pour le moment. Les succès mitigés de ses deux derniers longs métrages – Ma vie avec John F. Donovan et Matthias et Maxime – l’ont évidemment échaudé.
«Le fait d’avoir sorti Donovan un mois avant Matthias et Maxime, ç’a tué les deux films, déplore-t-il. C’est sûr que tu ne passes pas tout ce temps-là à faire un film à la sueur de ton front pour que seulement cinq personnes le voient!»
En attendant de trouver l’inspiration pour un autre projet, le cinéaste se réjouit de pouvoir partager La nuit où Laurier Gaudreault s’est réveillé avec le public.
«Ce n’est pas anodin s’il y a dans cette série une réflexion sur la vie, la mort, le deuil, la rédemption, la famille, observe-t-il. C’est une œuvre assez globale et existentielle. Et c’est peut-être ma façon de dire au revoir pour un petit bout de temps...»