William Cloutier nous offre un accès exclusif de sa vie de famille à Paris
Patrick Delisle-Crevier
Lorsqu’il a mis les pieds à Paris la première fois, il y a quelques mois, William Cloutier était en terrain inconnu, loin de sa famille et de son quotidien. Il se rendait dans cette ville à la demande de Luc Plamondon afin de passer une audition pour Starmania. Aujourd’hui, William a fait de Paris sa deuxième demeure et y est bien installé avec sa femme et leurs deux fils, Liam et Éloi. Entrevue avec celui qui brille dans le costume de Johnny Rockfort sur les planches de La Seine Musicale dans cette nouvelle version de Starmania.
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William, comment vas-tu?
Ça va très bien. Je suis de retour à Paris depuis quelques semaines avec ma petite famille et, cette fois-ci, tout est plus simple pour nous. Nous avons retrouvé nos repères assez rapidement, car nous sommes maintenant en terrain connu. Mon plus vieux, Liam, a repris l’école à Paris; il a pu réintégrer sa classe de l’année dernière. C’est beaucoup plus fluide pour nos activités familiales puisque nous connaissons les lieux. On a repris notre ancienne vie à Paris après une pause de deux mois qui nous a permis d’aller au Québec pour nous marier et revoir nos familles.
Cette pause a-t-elle été salutaire pour toi?
Oui, vraiment. Je dirais qu’elle a aussi été nécessaire pour mieux revenir. C’était le fun aussi pour nos enfants de retourner dans notre maison au Québec. J’en ai profité pour faire des spectacles, aller à des premières médiatiques pour voir des shows comme Hair et La Famille Addams accompagné de mes garçons. J’ai fait de la musique avec Benjamin Nadeau, le co-compositeur et réalisateur de mon premier album, On ira. Nous sommes aux prémisses des chansons pour le deuxième album. On en a aussi profité pour se marier, Sara et moi. D’ailleurs, le clip de mon tout dernier single radio, S’aimer plus fort, révèle des moments forts de cette mémorable journée. Mais là, nous sommes de retour à Paris et nous sommes prêts pour un autre petit marathon de Starmania jusqu’à la fin du mois de février.
Que retiens-tu de ton arrivée la première fois à Paris?
Ç’a été un petit choc culturel et social. Il s’agit d’une ville francophone, mais il y a bien des choses qui fonctionnent différemment. À mon arrivée à l’aéroport de Paris, j’étais perdu et en décalage horaire. Quand j’essayais de trouver le bon chemin, on me répondait en anglais puisque personne ne semblait comprendre mon accent canadien. J’étais arrivé dans la nuit, et ma rencontre avec l’équipe se faisait le lendemain. Tout ça avait été stressant et vertigineux. J’avais passé mon audition avec une belle naïveté. Pour moi, c’était: advienne que pourra! Je faisais confiance aussi au fait que c’était Luc Plamondon qui insistait pour que j’y sois et que je passe une audition. Je me suis dit que, s’il insistait tant, c’était parce que tout ça était possible. Finalement, on avait aimé ma voix qui, aux dires de plusieurs, s’apparenterait à celle de Daniel Balavoine, qui a été le premier Johnny Rockfort. Pour moi, c’est un beau compliment.
Comment t’es-tu retrouvé sous la loupe de Luc Plamondon?
Dans le cadre de Star Académie, on avait fait un spécial comédies musicales et opéras rock. J’avais chanté la chanson S.O.S. d’un terrien en détresse avec Bruno Pelletier, qui a lui aussi été Johnny Rockfort. Luc a eu vent de cela, et ensuite, lorsque j’ai chanté avec Lunou sur scène dans le cadre de notre tournée à deux, il était dans la salle et est venu me voir en coulisses. J’étais sous le choc de le rencontrer! C’est là qu’il m’a proposé d’aller passer une audition à Paris. Je me disais que mes chances étaient minces, puisque tout était déjà mis en branle à Paris. Je me disais aussi qu’il me voyait meilleur que je ne l’étais et je n’y croyais pas trop. J’ai donc attendu, parce que j’avais trop le vertige. Mais ensuite, il m’a revu sur scène, cette fois avec Lara Fabian; il était à nouveau dans la salle. J’ai ensuite reçu un appel de Luc et, devant son insistance, j’ai finalement envoyé mes vidéos. Le lendemain, j’étais dans l’avion en direction de Paris. Je n’ai pas eu le temps de réfléchir et de voir l’Everest que j’aurais à escalader. Je n’ai pas eu le temps de constater toute l’ampleur du défi à relever que représentait ce spectacle.
Tu as dû remettre ta tournée personnelle au Québec...
Oui. Ça n’a pas été une décision facile à prendre. Cela m’a un peu pincé le cœur. Mais je considérais que l’expérience Starmania était nécessaire; je ne pouvais pas laisser passer cette chance-là. C’est certain que j’ai hâte de reprendre ma tournée et de retrouver mon public avec mes chansons. Quand j’ai décidé de prendre une pause pour participer à Starmania, j’estime que c’était la chose à faire, car c’est très étroitement lié avec qui je suis en tant qu’artiste. J’éprouve du plaisir à jouer et à chanter en même temps. Si ce spectacle n’avait pas été aussi important dans notre histoire, je ne sais pas si je me serais lancé là-dedans tellement c’est prenant. Je suis fier de défendre un show autant d’actualité. Ça parle de la surpuissance des médias, de l’utilisation, par la politique des médias, des fake news, de la violence urbaine, du terrorisme, de la question de genre, de la volonté d’être une célébrité... Luc Plamondon et Michel Berger étaient de véritables visionnaires quand ils ont créé cet opéra rock en 1979. C’est tellement immense comme opportunité d’incarner Johnny Rockfort entouré de la meilleure équipe. C’est un terrain de jeu formidable et un sacré défi vocal.
Star Académie, ça a changé ta vie, non?
Oui, sérieusement! Il n’y a pas si longtemps, j’ai donné ma démission à la compagnie où j’occupais un emploi depuis 10 ans. À l’époque, je me disais que ce poste serait ma stabilité et que mes projets musicaux seraient un à-côté. Quand on a des enfants, on n’a pas le choix: il faut un salaire stable. J’espérais que j’arriverais un jour à remplacer cet emploi par la musique, mais je ne pensais pas pouvoir le faire aussi vite. J’ai d’abord pris un congé sans solde de deux ans, juste au cas. Finalement, comme ce congé devait prendre fin juste avant Starmania, j’ai donné ma démission officielle. Ç’a été spécial ensuite pour moi de réaliser que mon revenu principal serait relié à ma voix et à la scène. J’en suis fier parce que c’était mon souhait ultime depuis que j’étais tout jeune. Je pense que j’ai bien joué mes cartes et que Star Académie a été un grand moteur dans tout ça.
À quoi ressemble votre vie de famille à Paris?
Je dirais que ce n’est pas tellement une ville familiale, et pour plein de raisons. Rien ici n’est adapté pour les poussettes, tant dans les métros que dans les commerces. Il faut toujours soulever la poussette et il faut beaucoup marcher aussi. Il faut apprivoiser les transports en commun, car se déplacer en voiture dans Paris, ce n’est pas simple. Dernièrement, on a su que les gens ne célébraient pas l’Halloween ici. Ç’a donc été un choc pour nos deux fils de ne pas pouvoir faire la récolte des bonbons comme au Québec. Finalement, on a laissé un message à nos voisins pour leur demander d’embarquer avec nous et de célébrer! La réponse a été fort positive, et la soirée, fort agréable. Le système scolaire est différent aussi, puisque les enfants n’ont pas d’école les mercredis et qu’il y a beaucoup plus de jours de vacances ici. Heureusement, ma chérie, leur maman, est avec moi!
Et est-ce que les enfants aiment la vie à Paris?
Oui, vraiment! Sara et moi en parlions dernièrement.On se disait justement à quel point nous étions heureux d’avoir réussi cette transition à l’étranger avec nos deux fils. On a même été touchés parce que Liam, qui a sept ans, et son petit frère, Éloi, qui a deux ans et demi, nous ont tous les deux dit qu’ils aimaient ça être ici. On avait un peu peur de leur imposer notre choix, mais finalement, l’expérience nous a prouvé que nous faisions les bonnes choses. Ç’a été une belle validation de nos décisions en tant que parents.
Ta famille va-t-elle rester toute l’année avec toi?
Non, en mars, ma femme et les enfants vont retourner au Québec, car nous partons en tournée avec Starmania. C’était impensable que la petite famille suive avec les enfants qui vont à l’école. Donc, nous profitons pleinement de ce temps que nous passons ensemble à Paris. Au début de l’aventure Starmania, quand je suis arrivé ici, j’ai été seul un petit bout de temps et ç’a été difficile, car Éloi, mon deuxième fils, était si jeune. J’ai trouvé ça difficile de me séparer de ma famille. Il fallait que ma famille puisse me suivre à Paris: c’était une condition essentielle pour que je poursuive le spectacle. Je ne voulais pas être un père absent — déjà que je me prépare à me séparer d’eux au printemps! Je vais revenir passer un peu de temps avec eux quelques semaines avant de repartir pour une dernière stretch. Ensuite, nous viendrons présenter le spectacle ici. J’ai tellement hâte!
Et comment se passe la vie des jeunes mariés?
J’ai encore du mal à m’habituer à ce nouveau titre, mais je suis fier d’être marié à ma belle Sara. Un an après la grande demande, nous voilà ici, à Paris, dans une nouvelle vie. On n’a pas encore choisi la destination de notre voyage de noces et on est ouverts aux propositions. Nous voulons un endroit où nous pouvons décrocher complètement des enfants et du quotidien. On a très hâte.
Habituellement, après le mariage vient le moment de fonder une famille. Mais toi, tu as un peu fait les choses à l’envers...
C’est vrai que je n’ai pas suivi l’ordre des choses, mais je ne le regrette pas puisque nous voilà de jeunes mariés avec notre famille déjà établie. Nous avons eu notre premier enfant quand j’avais 20 ans, et Sara en avait 18. Avec le recul, c’est vrai que c’était jeune, mais je ne regrette rien. Même que quand je regarde mon parcours artistique, je me dis que, si j’ai «fighté» autant, c’est peut-être parce que justement je n’avais pas de temps à perdre et parce qu’il n’y avait pas juste moi à qui je devais penser. J’avais un sentiment d’urgence: je devais trouver rapidement une façon de bien gagner ma vie. Ça n’a pas été facile; les trois premières années ont été intenses. On a aussi eu notre première maison alors qu’on était très jeunes. Donc, on a vécu certaines grandes étapes de la vie tôt et on en récolte les fruits aujourd’hui. Nous en profitons beaucoup plus et surtout nous commençons à respirer un peu. Sara et moi, on forme une bonne équipe. Sara est organisée, moi je suis plus bordélique. Je suis le nuage gris parfois, et elle est le soleil.
Commences-tu à penser à l’après-Starmania?
Je commence tranquillement à penser à mon deuxième album. Je n’ai pas fait de tournée avec le premier, je vais donc avoir deux albums à présenter sur scène au public. Ce sera vraiment un moment très spécial pour moi. J’ai très hâte à ce rendez-vous, qui devrait arriver quelque part en 2025. Et idéalement, mon deuxième album verra le jour durant la période où nous présenterons Starmania au Québec. Je suis aussi en démarchage ici. Il y a déjà des labels français intéressés qui sont venus me voir dans Starmania et que j’ai rencontrés pour avancer dans mon développement en France.
La nouvelle production de Starmania, créée à Paris en novembre 2022, s’arrêtera à la Place Bell à partir du 6 août.
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