Vous devriez bientôt voir des seins nus sur Instagram
Genevieve Abran
Il pourrait bientôt être permis de montrer des seins nus de femmes et de personnes non-binaires sur Instagram et Facebook, un changement qui – s’il se réalise – a de quoi réjouir les photographes d’ici.
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«En 2023, il est vraiment temps que les gens se réveillent et réalisent qu’un mamelon de femme, ce n’est pas sale», lance d’emblée la photographe spécialisée dans le style boudoir Nathalie Godin.
Dans le cadre de son travail, Nathalie Godin a souvent souffert des règlements stricts de Meta, qui interdit toujours que des mamelons de femmes ou de personnes non-binaires soient visibles sur ses plateformes.
Ce règlement controversé pourrait toutefois bientôt être chose du passé, selon le quotidien britannique The Guardian.
Le 17 janvier dernier, le conseil consultatif de Meta aurait recommandé que la compagnie modifie sa politique sur la nudité et les activités sexuelles chez les adultes «afin de respecter les droits de la personne».
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«Nous faisons constamment évoluer nos politiques afin de rendre nos plateformes plus sécuritaires pour tout le monde», a soutenu un porte-parole de Meta, tout en reconnaissant que l’entreprise pourrait en faire plus afin de soutenir la communauté LGBTQ+.
Meta a 60 jours pour répondre publiquement aux recommandations du conseil.
De l’incertitude malgré tout
Bien qu’elle se dise «soulagée» par cette décision, Nathalie Godin n’est pas prête à crier victoire.
«Je vais le croire quand je vais le voir», mentionne la photographe qui pratique le style boudoir «pour aider les gens à célébrer leur corps, leur sexualité ou même leur sensualité».
Même son de cloche du côté de la photographe Sara Hini, qui s'est souvent fait avertir par Meta pour avoir partagé des photos sur lesquelles «on voyait trop de peau».
«La censure sur Instagram m’a poussée à me créer un Patreon, où je partage mon travail non censuré, raconte la photographe. C’est très libérateur d’avoir une plateforme où les gens paient un certain montant par mois pour avoir accès à mes photos.»
Sara Hini espère d’ailleurs que Meta ne cachera plus les publications des artistes qui ont déjà enfreint certaines règles, une pratique à laquelle l’entreprise s’adonnerait et que des créateurs de contenu dénoncent.
Plus de diversité
Pour le photographe André Rainville, alias Villedepluie, cet allègement des règles sur Facebook et Instagram est un pas dans la bonne direction.
«Ça va être bon pour habituer les jeunes à voir des corps différents», affirme l’artiste, qui y voit un moyen de combattre l’hypersexualisation du corps des femmes.
Selon lui, ce changement dans la politique de Meta pourrait aussi permettre aux photographes, qui dépendent beaucoup de Facebook et Instagram pour faire connaître leur travail, d’avoir une plus grande liberté de création.