«Vous devez quitter le secteur maintenant»
Nora T. Lamontagne | Journal de Montréal
Le Service de police de la Ville d'Ottawa a émis un nouvel avis à l'intention des manifestants, mercredi, en fin d'après-midi.
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Les autorités somment les membres du «convoi de la liberté» de retirer leurs véhicules de tous les sites de manifestations illégales.
S'ils n'obtempèrent pas, les manifestants s'exposent à des arrestations et des accusations d'infractions criminelles. Leur véhicule pourrait aussi être saisi alors que leur permis pourrait être suspendu, voire annulé.
Les récalcitrants pourraient aussi voir leur certificat d'immatriculation de véhicule utilitaire suspendu. Leur compte bancaire personnel pourrait faire l'objet d'un examen et son accès pourrait même y être restreint.
Une personne qui emmène un enfant ou un adolescent sur les lieux d'une manifestation illégale s'expose pour sa part à une amende pouvant atteindre 5000$ ou même à une peine d'emprisonnement de cinq ans.
Les personnes qui apportent du carburant et des provisions aux participants de la manifestation illégale pourront également être inculpées, au même titre que ceux qui y participent activement.
Mercredi matin, la police de la capital fédérale avait distribué aux camionneurs stationnés dans le centre-ville un avis écrit leur ordonnant de quitter les lieux «maintenant».
La lettre bilingue précise les conséquences auxquelles s’exposent les camionneurs en restant sur place, notamment en vertu de la Loi fédérale sur les mesures d’urgence, qui s’applique depuis lundi soir.
«Quiconque bloquant les voies de circulation [...] commet une infraction criminelle et peut être arrêté», peut-on lire.
Des accusations et des condamnations liées à l’occupation d’Ottawa pourraient entraîner une interdiction de franchir la frontière avec les États-Unis, rappelle-t-on aux destinataires.
Les agents ont remis ces avis en petits groupes sans s’éterniser auprès des camionneurs stationnés en masse dans la rue Wellington, devant le parlement, et dans la rue Kent.
Cette opération est survenue au lendemain de la démission du chef de la police d’Ottawa, Peter Sloly, et constitue la menace la plus claire que les autorités aient adressée aux manifestants depuis le début du siège.
Notice to Demonstratorshttps://t.co/CszdBRQd8B#ottnews
— Ottawa Police (@OttawaPolice) February 16, 2022
Avis aux manifestantshttps://t.co/yxYRsCRWmW#ottnouvelles
Mercredi matin, les camionneurs sondés par Le Journal y voyaient une tactique pour semer la peur.
«Ils se tirent dans le pied, parce que nous ne répondrons pas aux menaces. S’ils veulent que je m'en aille, ils n'ont qu'à lever les obligations vaccinales», lance Mat Mackenzie, un camionneur ontarien de 36 ans.
Écoutez la chronique de Geneviève Pettersen au micro de Benoit Dutrizac, sur QUB radio:
Il n’était pas le seul à ne pas prendre l’avis au sérieux.
Certains ont simplement déchiré leur copie de la lettre sous les yeux des policiers quelques secondes après l’avoir reçue. D’autres en ont fait un avion en papier ou l’ont jeté dans une toilette.
«Les policiers font leur travail et, nous, on fait le nôtre: on doit rester ici et résister pour défendre nos libertés», ajoute Goran Dzelagliga, de la cabine de son camion.
- avec Roxane Trudel