Comment être sûr que votre costume d'Halloween n’est pas de l’appropriation culturelle?
Alex Proteau
Comment être sûr de ne pas faire de l’appropriation culturelle lorsqu’on se déguise pour l’Halloween? Bien qu’il n’existe pas de guide du parfait déguisement, on vous présente quelques pistes de réflexion qui devraient vous permettre de ne pas faire parler de vous pour les mauvaises raisons à votre party costumé.
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Tout d’abord, qu'est-ce que l’appropriation culturelle?
Lorsqu'on parle d'appropriation culturelle, aucune définition ne fait l'unanimité.
Pour Rachida Azdouz, psychologue et spécialiste en relations interculturelles à l’Université de Montréal, on s’entend généralement pour dire que l’appropriation culturelle consiste à «exploiter ou faire un usage mercantile de produits ou d'éléments culturels appartenant à un groupe qui a été historiquement opprimé et dominé».
«Mais il y a une conception encore plus large qui considère les sentiments et les souffrances d'un peuple comme des éléments culturels qui ne doivent pas être abordés par un groupe perçu comme dominant, même dans le domaine artistique», ajoute-t-elle.
Pour Romeo Gongora, professeur à l’École des arts visuels et médiatiques de l’UQAM, l’appropriation culturelle concerne surtout les rapports de pouvoir. Selon lui, elle «se fait aux dépens de ceux qui sont opprimées par ceux qui sont dominants et privilégiés».
L’Halloween... et l'appropriation culturelle
Chaque année, à l'approche de la fête d'Halloween, l'appropriation culturelle revient inévitablement dans l'actualité.
Cette semaine, une fête d’Halloween avec une thématique du Jour des morts (Día de Muertos), organisée par l’association étudiante de l’Université du Québec à Chicoutimi (UQAC), a suscité la controverse. Accusée de faire de l’appropriation culturelle, l’association étudiante a finalement décidé de retirer sa thématique.
Le retrait de cette thématique est un parfait exemple de la «culture de l’annulation,» a dénoncé le ministre de l’Éducation, Jean-François Roberge.
Alors, comment peut-on être bien sûr de ne pas faire de l'appropriation culturelle?
La meilleure façon d'éviter toute forme d’appropriation, c'est d'opter pour un déguisement correspondant à une personne ou une chose fictive, soutient Rachida Azdouz. «Moins un déguisement est associé à quelque chose de réel, moins il est potentiellement conflictuel», observe-t-elle.
Vous pourriez donc opter pour un costume de Martien ou encore pour celui d’un personnage de Dune, le film de science-fiction du Québécois Denis Villeneuve dont tout le monde parle. Et pourquoi ne pas vous déguiser en personnage de Squid Game?
Et si vous hésitez: informez-vous auprès d’une personne appartenant à la culture associée à votre costume, conseille Romeo Gongora.
Une chose est sûre, toutefois: ne vous déguisez pas en personne autochtone et ne vous peinturez pas le visage en noir (comme l’a déjà fait notre premier ministre Justin Trudeau).
«Dans le contexte de l’Halloween, il est important de respecter la multitude de cultures, particulièrement à Montréal», enchaîne M. Gongora.
Rachida Azdouz abonde dans le même sens: arborer une coiffe autochtone pour son party entre amis, c'est de mauvais goût et c'est déplacé.
Romeo Gongora insiste d'ailleurs: l’idée n’est pas de censurer qui que ce soit ou de gâcher la fête, c’est plutôt une question de respect.
Repenser la fête d'Halloween?
Mais Rachida Azdouz est sans équivoque: «La liste des déguisements acceptables est impossible à dresser.»
Et alors que la liste de déguisements à proscrire s'allonge, c'est la pertinence de la célébration de la fête d'Halloween qui pourrait être à revoir, selon elle.
«Si on commence à rogner ou à éroder, on n’arrêtera plus. Ce n’est pas le type de déguisement qui doit être remis en question, mais la pertinence même de la fête», pense-t-elle.
«Est-ce que la pratique du déguisement est encore pertinente dans une société comme la nôtre, où les sensibilités sont exacerbées et peuvent donner lieu à des tensions ou plaintes? Si on en arrive là, on perd de vue l'esprit de l'événement, son sens.»
– Avec l'Agence QMI