Vol de données chez Desjardins: des accusés clament que les policiers ont obtenu leurs données illégalement
Ils veulent ainsi faire exclure une partie de la preuve accumulée contre eux


Camille Payant
Deux hommes accusés en lien avec la fuite de données massive chez Desjardins souhaitent faire exclure une partie de la preuve contre eux... car ils clament que les policiers auraient obtenu illégalement certaines de leurs données personnelles.
«Ils bénéficient d’une expectative de vie privée particulièrement élevée. [...] Aucune autorisation judiciaire n’a été obtenue pour accéder à ces données sensibles», affirment Ayoub Kourdal et Imad Jbara dans une requête déposée au palais de justice de Laval.
Ironiquement, c’est grâce aux informations personnelles volées à des millions de Québécois que les accusés de 37 et 34 ans auraient réussi à s’en mettre plein les poches.
Car selon les autorités, leur fraude de 9 M$ a pu se faire en partie grâce à une liste de 1,7 million de clients de Desjardins, obtenue en 2019 lors de la plus grande fuite de données perpétrée au Québec.
Une enquête d’envergure avait alors été déclenchée, culminant finalement avec l’arrestation de Kourdal et Jbara l’an dernier.
Usurpation d’identité
Kourdal aurait usurpé l’identité de membres de Desjardins pour avoir accès à leurs comptes et les vider et Jbara aurait agi comme «gardien des listes de données nominatives et bancaires», mentionne-t-on dans les documents judiciaires.
Ils seraient toutefois tombés dans la mire des policiers à la suite d’une location frauduleuse de deux Range Rover impliquant un compte Desjardins.
Un enquêteur de l’institution financière aurait alors partagé avec la police une adresse IP liée au détournement de fonds.
• Écoutez aussi cet épisode balado tiré de l'émission d’Isabelle Maréchal, diffusée sur les plateformes QUB et simultanément sur le 99.5 FM Montréal :
Ce numéro, qui permet de localiser un utilisateur sur Internet, a ultimement permis d’identifier Kourdal et Jbara grâce à des autorisations judiciaires.
Or, selon les deux accusés, la police de Laval aurait dû obtenir un mandat en bonne et due forme pour avoir accès à ces informations.
«Elles sont hautement confidentielles puisqu’elles révèlent l’ensemble du parcours d’un individu sur ses activités en ligne, pouvant donc révéler bien plus que des informations biographiques», peut-on lire dans la requête.
Désaccord
La Couronne a répliqué en soulignant qu’«une victime doit pouvoir dénoncer l’identité de son agresseur (ou fraudeur) ou les éléments qui permettent de l’identifier à la police».
Selon elle, il s’agit du même principe que si Desjardins avait remis aux autorités une vidéo de surveillance après le braquage d’une succursale.
Rappelons qu’Ayoub Kourdal et Imad Jbara avaient été accusés quelques jours seulement avant que la Sûreté du Québec n’arrête finalement Sébastien Boulanger-Dorval, l’ex-employé de Desjardins qui serait à l’origine du mégavol de données.
Les dates du procès, qui devrait s’étendre sur 15 semaines, ne sont toujours pas connues.
Vous avez des informations à nous communiquer à propos de cette histoire?
Écrivez-nous à l'adresse jdm-scoop@quebecormedia.com ou appelez-nous directement au 1 800-63SCOOP.