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L'article provient de 24 heures

Voici trois quartiers de Montréal qui se sont récemment embourgeoisés

TOMA ICZKOVITS
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Photo portrait de Guillaume Cyr

Guillaume Cyr

2022-04-28T10:00:00Z
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Ce n’est un secret pour personne : les quartiers du Plateau-Mont-Royal et de Rosemont se sont embourgeoisés depuis longtemps. Alors que Saint-Michel pourrait bien devenir le prochain quartier touché par ce phénomène, voici trois endroits à Montréal qui ont connu cette transformation dans les dernières années.  

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Embourgeoisement à Verdun  

TOMA ICZKOVITS
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Avec sa position géographique de choix, près du centre-ville et sur la rive du fleuve Saint-Laurent, l’arrondissement de Verdun est devenu un endroit très attrayant durant les dernières années, selon Marie Sterlin, qui s’est penchée sur la question de la gentrification dans son nouveau livre Gentriville. D’après son expérience comme recherchiste sur le sujet, le quartier, initialement ouvrier, est touché par ce phénomène depuis environ huit ans.  

«Il y a eu une volonté politique d’améliorer les artères commerciales et la pression sur l’immobilier s’est exercée à ce moment», évoque Mme Sterlin, qui est aussi conseillère d’arrondissement pour le Mile-End.  

La proximité du transport en commun [trois stations de métro à Verdun] nourrit la gentrification, ajoute Mme Sterlin. Le réaménagement de l’artère principale et commerciale, la rue Wellington, a aussi eu un impact selon elle.      

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La rue Wellington à Verdun
La rue Wellington à Verdun TOMA ICZKOVITS

Depuis quelques années, des groupes d’opposition se sont formés à Verdun pour s’opposer à la montée de l’embourgeoisement, comme «Verdun, Ensemble Contre la Gentrification», qui organise chaque année des mobilisations.   

Hausse moyenne des loyers entre octobre 2010 et octobre 2021 à Verdun*  

De 583$ à 886$, une augmentation de 303$ (52%). 

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L'embourgeoisement à Pointe-Saint-Charles  

TOMA ICZKOVITS
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Pour le chercheur à l’Institut de recherche et d’informations socioéconomiques (IRIS) Guillaume Hébert, il ne fait aucun doute que Pointe-Saint-Charles est touché par l’embourgeoisement depuis maintenant plusieurs années. Situé à distance de marche du centre-ville, ce secteur historiquement ouvrier, avec plusieurs services communautaires, intéresse les investisseurs immobiliers.  

Le regroupement d’organismes communautaires du quartier, Action-Gardien, a dévoilé en janvier dernier un rapport dressant le portrait du marché locatif dans Pointe-Saint-Charles. 

On y apprend que le quartier compte au moins 136 logements locatifs de moins sur le marché privé qu’au début des années 2000. 

Pour M. Hébert, un marché résidentiel en changement, avec notamment plus de condos et moins de logements locatifs, est un des signes d’embourgeoisement d’un quartier. «[On peut l’observer par] la transformation des immeubles par le choix des matériaux, par l’apparence et les rénovations. Et ce n’est absolument pas diabolique... mais c'est un indicateur», souligne-t-il.   

Hausse moyenne entre octobre 2010 et octobre 2021 dans l’arrondissement du Sud-Ouest (le quartier Pointe-Saint-Charles n’est pas comptabilisé individuellement)* 

De 630$ à 823$, une augmentation de 193$ (31%).   

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L'embourgeoisement à Hochelaga-Maisonneuve  

La promenade Ontario
La promenade Ontario TOMA ICZKOVITS

Le quartier historiquement défavorisé d’Hochelaga-Maisonneuve a bien changé dans les 20 dernières années, avancent les experts. Le quartier compte maintenant de nouveaux cafés, microbrasseries et épiceries spécialisées, avec notamment l’aménagement de la promenade Ontario et la revitalisation de la Place Valois.  

«Avoir une microbrasserie qui apparait dans un quartier, ça rend énormément de gens heureux. Mais il faut être sensible à ces signaux», indique le chercheur à l’IRIS Guillaume Hébert.  

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Même si ses installations peuvent profiter à la population locale, Louis Gaudreau, professeur à l’École de travail social de l’UQAM et aussi spécialiste depuis 10 ans sur les questions de logement, évoque notamment que les investissements publics peuvent être un «accélérateur» au processus d’embourgeoisement, rendant le quartier plus attrayant pour les investisseurs immobiliers et une nouvelle clientèle.    

Un regroupement résistant s’est d’ailleurs formé au fil des années. Le comité hochelaguien de lutte anti-gentrification a organisé un «festival contre la gentrification» en 2018 et rejetait l’image HoMa, terme qui a été utilisé pour redorer l’image du quartier en le comparant avec le quartier huppé SoHo à Manhattan. 

«[Hochelaga-Maisonneuve] est un des principaux fronts de l’embourgeoisement. Il y a eu une forme de résistance, et même violente avec du vandalisme», précise pour sa part le chercheur Guillaume Hébert en référence à certains commerçants qui en ont été victimes. Même si le chercheur déplore ces actions, il explique qu’elles ont fait connaître à la population les enjeux de l’embourgeoisement.  

Par exemple, en 2016, une boutique de vêtements pour enfants, un restaurant et un magasin d'aliments véganes avaient été vandalisés. Ceux-ci vendaient «du linge et de la bouffe trop chers», selon les tracts distribués à l'époque par des activistes. 

Hausse moyenne entre octobre 2010 et octobre 2021 à Hochelaga-Maisonneuve* 

De 594$ à 803$, une augmentation de 209$ (35%).   

*Selon les données de la Société canadienne d’hypothèques et de logement (SCHL)

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