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Environnement

Voici pourquoi le parfait gazon vert de votre voisin n’est pas enviable

Photomontage Marilyne Houde
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Photo portrait de Maude Carmel

Maude Carmel

2023-05-14T09:00:00Z
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BILLET - Je propose un nouveau proverbe: l’herbe est toujours plus... sauvage chez le voisin! En effet, ce qu’on devrait envier chez les autres habitants de notre quartier, ce n’est pas l’uniformité irréprochablement émeraude de leur lot avant, mais bien la diversification et l’hétérogénéité des végétaux qui s’y trouvent. Je vous explique pourquoi. 

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Commençons par nous entendre sur ce qu’est qu’une pelouse conventionnelle: une surface où des herbes fines résistantes au piétinement ont été semées densément. Popularisée par Louis XIV, elle demeure, 350 plus tard, le choix de prédilection des banlieusards nord-américains grâce son entretien facile et sa repousse rapide.  

Le seul hic, c’est qu’un gazon uniforme, monotone et bien coupé est plutôt un terreau fertile aux maladies et à la sécheresse, en plus de nécessiter de brûler de l’essence en utilisant une tondeuse pour l’entretenir.   

Un concept bien illogique 

La relation que plusieurs êtres humains entretiennent avec leur gazon est assurément toxique. 

Prenons Dominique. Dominique habite un bungalow dont le terrain parsemé de graminées de type pelouse commence à atteindre 20 centimètres. Dans un élan d’habitude tout à fait passée date, Dominique décide de couper son herbe à l’aide d’un engin émettant oui, beaucoup de gaz à effet de serre, mais également un bruit insoutenable à s’en défenestrer.  

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Bien que parfaitement uniforme et homogène, le gazon de Dominique, maintenant raccourci de 10 centimètres, est désormais vulnérable. Exposé au soleil et dissipant mal la chaleur par temps chaud, la sécheresse le fait virer au jaune. Les vers blancs s’y introduisent et bouffent les racines, ravageant son gazon par endroits. Dominique tente le tout pour le tout et nourrit son sol de pesticides. Puisque les pesticides voyagent lorsqu’ils sont épandus, ils contaminent par le fait même le potager de son voisin, où les pollinisateurs venaient se nourrir.  

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Lorsque Dominique recoupe son gazon (redevenu vert), les résidus bourrés de produits chimiques restent au sol, tuant les microorganismes qui auraient été bien utiles lors d’une nouvelle vague de vers blancs (ils reviennent toujours, ces harpies). Son gazon redevient jaune et Dominique, dans un élan de désespoir, décide de peindre son gazon en vert.  

Oui, oui, peindre son gazon, avec une peinture en jet. Si vous ne me croyez pas, voyez cette tendance TikTok complètement démente, populaire aux États-Unis. 

Laissez la nature être sauvage 

Ne faites pas comme Dominique. Pour une devanture à faire rager votre voisin de jalousie, nul besoin de s’enduire les mains de peinture verte. Pas besoin non plus de compléter un doctorat en horticulture. Commencez tout d’abord par... laisser les pissenlits tranquilles!  

En effet, si j’ai décidé de parler dans le dos du gazon pendant une chronique entière, c’est parce que nous sommes en plein cœur de la saison de ces fleurs jaunes malaimées...et qu’il est crucial de les laisser fleurir! Pourquoi? Pour permettre aux pauvres abeilles de profiter de leur pollen et de leur nectar, assurant la survie de l’espèce! 

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Tant qu’à laisser les pissenlits enracinés, pourquoi ne pas prendre une petite pause de tonte et laisser votre herbe pousser? Si vous lui permettez de vivre un peu sa vie, naturellement, des espèces colorées et diverses (peut-être même des petits arbustes!) viendront naturellement s’y installer.  

Plus votre sol contiendra d’espèces variées, plus il sera résilient aux infestations et aux sécheresses. Sans compter qu’il deviendra le refuge d’un grand nombre de pollinisateurs! D’ailleurs, connaissez-vous le mouvement Mai sans tondeuse? Peut-être que votre municipalité y participe! 

Pour aller plus vite, il est possible de se procurer dans une quincaillerie des mélanges de graminées et fleurs d’espèces indigènes à semer directement sur votre pelouse. Du trèfle et de l’asclépiade, par exemple...en plus de faire joli, ces végétaux sont congruents avec notre écosystème et créent une biodiversité enviable. 

Je pense sincèrement que lorsqu'on a le privilège d’avoir un terrain, il devrait être à l’image de ce qu’on souhaite pour notre planète: au lieu de tout raser, pourquoi ne pas y faire émerger le plus de vie possible, et en faire profiter la faune en déclin? 

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