Voici pourquoi des militantes déguisées en princesses s'opposent à Bay du Nord
Anne-Sophie Poiré et Jean Balthazard
Des militantes écologistes déguisées en princesses ont tapissé les bureaux montréalais d’Environnement et Changement climatique Canada d’un message dénonçant l’approbation de Bay du Nord par le gouvernement Trudeau, un mégaprojet d'extraction pétrolière au large de Terre-Neuve.
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Dans une ruelle à proximité des bureaux d’Environnement et Changement climatique Canada au 105 rue McGill, les princesses activistes se préparent. Robes de bal, faux cils, fard à joues et brillants pour les yeux: elles se métamorphosent en princesses pour réaliser leurs actions militantes.
Le costume leur permet de ne pas être reconnues, mais aussi de souligner l’absurdité de l’inaction des gouvernements devant la crise climatique.
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«Au lieu de me déguiser en activiste environnementale fâchée, en noir, avec un masque, pourquoi pas aller à l’encontre et briser cette attente», fait valoir la princesse verte. «Il faut que les gens soient perturbés par le fait que nous sommes des femmes dans la quarantaine, dans la cinquantaine, tellement en colère qu’elles vont s’habiller un peu comme des folles et faire des actions en plein jour.»
«On ne se cache pas», lancent les deux femmes.
À 9h15 donc, alors que les rues du Vieux-Port de Montréal grouillent de monde, les lettres s’affichent en quelques minutes à peine sur l’édifice de la rue McGill: «Honte à Bay du Nord». Elles ont visiblement l’expérience du collage militant.
«Quand j’ai entendu que le projet avait été approuvé trois jours après la sortie du rapport du GIEC du 4 avril, j’étais tellement furieuse. Je ne pouvais pas juste rester chez nous. Le Canada va complètement à l’encontre des recommandations du GIEC», dénonce la princesse verte.
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«Est-ce que c’est moi la radicale dangereuse parce que je m’habille en princesse et je vais mettre un message [sur un édifice gouvernemental] ou si c’est le gouvernement Trudeau qui va à l’encontre de ce que demande la communauté scientifique internationale?», questionne la militante.
Greenwashing
L’action des princesses activistes se déploie en marge du Jour de la Terre. Bien qu’elles profitent de l’occasion pour faire valoir leur message et «leur colère», elles demeurent critiques de cette journée.
«C’est du greenwashing. En 2022, l’idée du Jour de la Terre est surannée. [...] Ce n’est plus le temps de faire un seul jour pour la planète. C’est ridicule», plaide la militante. «On est rendu à un cap où si on ne commence pas à décarboner nos économies dans trois ans, on va passer le point de non-retour. On ne peut plus attribuer un jour spécial à la protection de l’environnement.»
À 10 h 30, le collage n’avait toujours pas été retiré de la vitre des bureaux montréalais d’Environnement et Changement climatique Canada.