Voici les enjeux à surveiller à la COP15
AFP
La Conférence des parties sur la diversité biologique (COP15) s’ouvre ce mercredi à Montréal. Quelque 20 000 délégués et ministres de partout dans le monde se réunissent dans la métropole québécoise pour tenter de freiner et de renverser le déclin de la nature. Mais les points de frictions demeurent nombreux. En voici trois à surveiller.
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30% de la planète protégée
L’objectif phare parmi la vingtaine d’objectifs sur lesquels les 196 pays qui ont signé la convention sur la diversité biologique des Nations unies doivent s’entendre au terme de la COP15, c’est le 30 x 30. En gros, c’est l’objectif de protéger au moins 30% des terres et des eaux du monde d’ici 2030. Les experts estiment que c’est l’équivalent de l’accord de Paris, mais pour la biodiversité.
La précédente entente, nommée les objectifs d’Aichi, prévoyait la protection de 17% des terres et 10% des eaux. Or, ces objectifs n’ont pas été respectés : à ce jour, on parle de 15% des terres et 7,5% des eaux protégés.
Des spécialistes affirment que l’objectif 30 x 30 est un minimum — certains réclament même 50% d’aires protégées.
C’est qu’il ne faut pas non plus oublier les efforts à faire pour les 70% restants de la planète. La restauration des milieux dégradés, couper de moitié la circulation des espèces invasives et réduire l’utilisation des pesticides et des engrais sont aussi des points qui feront l’objet de négociations.
Droits des peuples autochtones
Les territoires des communautés autochtones abritent 80% de la biodiversité restante sur Terre, selon les experts climat de l’ONU. Le rôle des peuples autochtones est un fil conducteur dans les négociations, consensuel sur le principe, mais qui est loin de se traduire dans l’accord.
«Il est impossible de réaliser le 30x30 sans eux [...] parce qui si vous regardez les cartes, plus d’un tiers de la Terre est gérée par les peuples autochtones», a rappelé à l’AFP Jennifer Tauli Corpuz, dont l’association Nia Tero représente les peuples autochtones à la COP15.
Après des années de marginalisation et de déplacements forcés, parfois même au motif de la conservation (ce que certains militants appellent le «colonialisme vert»), les communautés autochtones exigent de donner un consentement libre et informé sur l’établissement de zones protégées. Elles veulent aussi des garanties sur la préservation de leur droit et la reconnaissance de leur rôle dans plusieurs autres objectifs faisant débat.
Des pays comme le Mexique, la Bolivie et la Colombie, ainsi que les Philippines ou la Nouvelle-Zélande et l’Australie sont très impliqués sur cette question, selon Mme Tauli Corpuz.
Financement
Un bras de fer s’annonce aussi sur la question du financement. Plusieurs pays en développement, dont le Brésil, l’Afrique du Sud et l’Indonésie, demandent que les pays riches transfèrent «au moins 100 milliards de dollars par an jusqu’en 2030» pour préserver la biodiversité. Cette somme s’ajouterait à l’objectif du même montant pour le climat.
En face, les pays riches sont réticents à la création d’un nouveau fonds, à la gestion jugée complexe et inefficace, et veulent privilégier une amélioration des flux actuels, via notamment les banques de développement. Ils feront de ces questions financières, cruciales pour dénouer les blocages en fin de sommet, une contrepartie à leur souhait de voir l’accord intégrer des objectifs précis, mesurables et contraignants.