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Environnement

Voici de quoi auront l'air les maisons du futur au Québec

Illustration Romain Lasser
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Photo portrait de Camille Dauphinais-Pelletier

Camille Dauphinais-Pelletier

2022-07-21T11:00:00Z
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Avec la lutte aux changements climatiques, nos logements vont changer, et les différences vont commencer à être observables dès les prochaines années. De quoi auront l’air les maisons du futur? On a déjà plusieurs pistes de réponses. 

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Les bâtiments sont responsables de 21% des émissions de GES à travers le monde, selon le dernier rapport du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC).  

C’est beaucoup, mais la bonne nouvelle, c’est qu’on a plusieurs solutions pour réduire cette empreinte. D’ici 2050, la construction de bâtiments optimisés d’un point de vue environnemental va devenir une pratique standard, toujours selon le GIEC.  

Voici trois grandes tendances et comment elles se déploieront au Québec.  

1. Des maisons plus petites, dans des quartiers plus denses  

Les maisons du futur seront plus petites. C’est logique: plus un bâtiment est grand, plus il requiert de matériaux pour être construit, et il nécessite davantage d’énergie pour le chauffage et la climatisation. Les grandes maisons remplies de pièces qui sont inutilisées la plupart du temps, ce n’est pas soutenable d’un point de vue environnemental.  

Les habitations seront aussi plus concentrées qu’actuellement : la densité est la clé. «Ça va faire moins de kilomètres de route à paver et entretenir, un moins gros réseau d’aqueduc, des réseaux d’hydro moins gros... avec le modèle de banlieue où tout le monde vit dans une maison unifamiliale avec un gros terrain – qu'on a obtenu en rasant un boisé ou en dézonant une terre agricole –, on n’y arrivera pas», explique Émile Boisseau-Bouvier, analyste de politiques climatiques chez Équiterre.

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«Il va falloir densifier le Québec dans toutes ses régions», ajoute-t-il. «Mais ça ne veut pas dire qu’on va tous vivre dans des tours du centre-ville», précise-t-il rapidement.  

En effet, des quartiers résidentiels de petits plexs avec des commerces et des cœurs villageois sont aussi des milieux de vie denses. C’est plus facile d’y faire ses courses sans avoir recours à l’automobile et d’y implanter du transport en commun.  

En plus, la densité rapproche les gens des services publics, qui sont d’autant plus pratiques si on vit dans une petite habitation : bibliothèque, piscine... et pourquoi pas services de partage d’outils ou de voitures?  

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2. Plus de bois, moins de béton 

Les balcons et les arches décoratives en béton, ce sera chose du passé. Par contre, on verra davantage d’utilisation de bois ou de briques recyclées.  

C’est que les matériaux utilisés pour construire une maison ou un appartement ont un gros impact sur son empreinte carbone.  

L’exemple du bois est éloquent. «L’énergie requise pour faire du bois, c’est la photosynthèse. Le processus de fabrication, la nature s’en occupe! Après il reste juste à le transformer, et on peut replanter, c’est renouvelable», résume Caroline Frenette, professeure en génie à l’Université du Québec à Rimouski.  

En plus, lorsqu’il pousse, le bois séquestre le carbone et nous permet de le stocker. C’est loin d’être le cas pour d’autres matériaux, dont la fabrication émet du carbone par exemple lors de l’extraction et la fonte de minerai, explique la spécialiste en écoconstruction.  

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Les matériaux recyclés sont aussi à privilégier - au Québec, pas moins de 41% des déchets dans nos dépotoirs sont des matériaux de construction, selon RECYC-QUÉBEC. Et plusieurs bâtiments que l’on détruit sont encore en bon état : on veut simplement utiliser l’emplacement pour mettre autre chose, signale Caroline Frenette. Ça en fait du bon matériel qui prend le chemin des poubelles! 

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3. Elles ne fonctionneront pas avec des combustibles fossiles. Du tout.  

Les chauffages et les cuisinières au gaz devraient disparaître de nos logements.  

Au Québec, on est chanceux, notre électricité produite grâce à l’hydro est propre. «C’est très difficile d’imaginer un monde carboneutre où on a encore du gaz naturel dans les bâtiments alors qu’il peut être remplacé», résume Simon Langlois-Bertrand, phD et chercheur sur les questions énergétiques à l’Institut de l’énergie Trottier de Polytechnique Montréal. 

Le seul moment où on peut manquer d’électricité pour subvenir à la demande, c’est l’hiver, quand il fait très froid et que tout le monde met de la pression sur le réseau en même temps. Avec l’électrification des transports et d’autres secteurs, c’est vrai qu’il va falloir faire attention à notre consommation d’électricité, mais la solution n’est pas de recourir au gaz naturel, croit Simon Langlois-Bertrand.  

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«On peut améliorer de beaucoup l’efficacité énergétique des bâtiments», avec l’installation de thermopompes et de l’isolant de meilleure qualité, explique-t-il.  

D’autres pistes de solution : moduler plus intelligemment la demande d’énergie notamment dans les grands bâtiments publics ou dans les tours à bureaux, parfois chauffés à fond alors qu’ils sont presque vides. Être plus tolérant face à la variation de température à l’intérieur.  

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Les prochaines étapes 

Le GIEC le dit dans son rapport: la meilleure façon de s’assurer que les bâtiments sont construits et rénovés de façon écoresponsable, c’est en l’inscrivant dans le code du bâtiment ou dans des réglementations municipales et en le rendant obligatoire.  

Le gouvernement canadien a par exemple annoncé que d’ici 2025, toute l’électricité utilisée dans ses bâtiments proviendrait de sources renouvelables. 

La Ville de Montréal, de son côté, interdit à partir de 2024 que toutes les nouvelles constructions de petite taille soient branchées au gaz naturel, un exemple qu’il faudrait suivre partout au Québec, selon Émile Boisseau-Bouvier. 

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