Voici comment Donald Trump pourrait s’y prendre pour annexer le Canada


Gabriel Ouimet
Donald Trump martèle qu’il a l’intention d’annexer le Canada aux États-Unis. Doit-on prendre les menaces du président au sérieux? Comment le milliardaire pourrait-il s’y prendre pour arriver à ses fins expansionnistes? Quels sont ses objectifs? Un expert répond à nos questions.
Doit-on prendre ses menaces au sérieux?
Mardi, Donald Trump a réaffirmé sa volonté de faire du Canada le «51e État» américain. Selon le président élu, la disparition de la frontière canado-américaine, qu’il a qualifiée de «ligne artificiellement tracée», serait bénéfique pour la sécurité nationale et économique américaine.
La première question qui se pose: le Canada doit-il craindre les ambitions du républicain?
«Il faut prendre ses déclarations aux sérieux, mais pas au pied de la lettre. Certains le voient comme une volonté de remettre les États-Unis à l’avant-plan sur la scène internationale. Ce serait en quelque sorte le retour de la loi du plus fort dans les relations internationales», mentionne d’emblée Julien Tourreille, chercheur en études stratégiques et diplomatiques à la Chaire Raoul-Dandurand.

Comment pourrait-il annexer le Canada?
Une invasion militaire
82% des Canadiens sont contre l’intégration de leur pays aux États-Unis une annexion aux États-Unis, révèle un sondage Léger effectué au mois de décembre. L’idée ne séduit pas plus les chefs des principaux partis fédéraux, qui se sont tous positionnés contre.
Par conséquent, l’annexion évoquée par Trump devrait se faire contre le gré d’une majorité de Canadiens.
«Le premier scénario théorique, à ce moment, et ils [les États-Unis] l’ont déjà fait dans le passé, ce serait celle d’une invasion militaire. Mais Donald Trump a lui-même écarté cette option, donc c’est très très improbable», explique Julien Tourreille.
Des offres ciblées
L’équipe de Trump pourrait alors se rabattre sur certaines zones précises du pays en tentant d’acheter une province ou un territoire canadien, comme ils l’ont fait avec la Louisiane [achetée à la France en 1803] et l’Alaska [acheté à la Russie en 1867].
Le président se buterait toutefois à plusieurs difficultés, tant légales que constitutionnelles. C'est sans oublier l’obstacle principal: «le Canada n’est pas à vendre», rappelle Julien Tourreille.
L’expert souligne aussi que Donald Trump aurait également beaucoup de difficulté à convaincre ses alliés, notamment à Washington, du bien-fondé de son projet.
«Aux dernières élections, il y a eu un référendum à Puerto Rico sur la question. La population s’est prononcée en faveur de l’adhésion de leur territoire comme un État à part entière, mais l’adhésion est bloquée à Washington, parce que les républicains savent que l’adhésion de ce nouvel État risque de profiter aux démocrates lors des élections à venir», illustre-t-il.
On n’en sait d'ailleurs peu sur ce que Donald entend lorsqu’il évoque l’idée de faire du Canada le 51e État. «Est-ce qu’il parle du Canada entier? D’un gros bloc homogène?», questionne le chercheur.
Une nouvelle «union américaine»?
Une autre avenue que pourrait emprunter Donald Trump: tenter de mettre sur pied une nouvelle forme de coopération, profitable aux États-Unis, en Amérique du Nord.
«Il pourrait, par exemple, viser l’établissement d’un bloc très sécuritaire et très fort économiquement calqué sur le modèle de l’Union européenne», imagine le chercheur.
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Quels sont les objectifs de Donald Trump?
Le premier, c’est d’entretenir l’image de l’homme fort qui est contre le statu quo, analyse M. Tourreille.
«Il veut montrer qu’il a des idées qui ébranlent l’establishment, ce qui plait beaucoup à ses électeurs. Ses déclarations visent aussi à déstabiliser ses adversaires en les entrainant sur un terrain qu’ils ne connaissent pas et en les obligeant à réagir», poursuit-il.

Les déclarations du président élu pourraient aussi servir à faire diversion aux promesses qu’il a faites en campagne électorale et qu’il pourrait avoir du mal à respecter.
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«Il est toujours incapable d’expliquer comment l’imposition de tarifs allait favoriser l’économie américaine. Pire encore, il n’a pas expliqué comment ça n’allait pas relancer l’inflation. Ça [ses déclarations sur l’annexion du Canada] lui permet aussi d’éviter de parler des coupes d’impôts prévues pour les plus riches et de détailler son plan pour lancer la plus vaste opération de déportations des immigrants clandestins», énumère Julien Tourreille.