Voici ce qui passe en Iran, où des femmes brûlent leur hijab en pleine rue
Jean-Michel Clermont-Goulet
La colère s'est emparée des rues en Iran après la mort d’une jeune femme, Mahsa Amini, arrêtée par la police des mœurs pour «port de vêtements inappropriés». Alors que les manifestations se multiplient, des femmes iraniennes vont jusqu’à brûler leur hijab en signe de contestation. On fait le point.
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Pourquoi Mahsa Amini a-t-elle été arrêtée?
Le 13 septembre dernier, Mahsa Amini s’est fait arrêter par l’unité spéciale de la police iranienne chargée de veiller au respect du port du voile et des autres règles vestimentaires strictes imposées dans la République islamiste. La jeune femme de 22 ans était en visite avec sa famille dans la capitale iranienne, Téhéran.
La raison évoquée par les autorités pour son arrestation: elle et un groupe de femmes ne portaient pas adéquatement le voile.
#MahsaAmini would have been turning 23 today. Happy birthday. #Iran pic.twitter.com/j8WaIoDvy1
— Oslo Women's Rights Initiative (@oslOWRI) September 21, 2022
Depuis la révolution islamiste de 1979, les femmes sont obligées de couvrir leurs cheveux. Il leur est aussi interdit de porter des manteaux courts au-dessus du genou, des pantalons serrés, des jeans troués et des tenues de couleurs vives.
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Comment Mahsa Amini est-elle morte?
La jeune femme kurde serait tombée dans le coma après avoir «soudainement souffert d’un problème cardiaque». Son décès a été constaté à l'hôpital trois jours après son arrestation, rapporte la télévision d’État.
La police de Téhéran a pour sa part confirmé le décès Mahsa Amini par communiqué, avançant «qu’il n’y avait pas eu de contact physique» entre les agents de police et la jeune femme.
Des femmes se révoltent
La jeune femme est devenue un symbole de la lutte contre les méthodes brutales employées par la police des mœurs, mais aussi contre la répression à l’égard des Iraniennes.
Plusieurs vidéos de manifestantes brûlant leur voile circulent sur les réseaux sociaux. D'autres images montrent des femmes en train de se couper les cheveux.
The brave people of Mazandaran, my birthplace dancing for the freedom they deserve.
— Masih Alinejad 🏳️ (@AlinejadMasih) September 20, 2022
I am crying by watching women burning their headscarves.#Mahsa_Amin got killed because of this headscarf but she became a turning point for Iranian women and a tipping point for the regime. pic.twitter.com/vnDsYCjHBR
#مهسا_امینی pic.twitter.com/kT8IfYlG3s
— شین (@ShinD1982) September 18, 2022
La presse s'est également emparée de l'affaire. «Chère Mahsa, ton nom va devenir un symbole», pouvait-on lire sur la une du journal économique Asia, dimanche dernier.
Des manifestations et des morts
Depuis quelques jours, des femmes et des hommes manifestent en Iran contre la police des mœurs, qui n’en est pas à ses premières contestations. Huit personnes ont d'ailleurs perdu la vie depuis le début du soulèvement, selon un décompte provisoire.
Juste dans la nuit de mardi à mercredi, des manifestations, qui rassemblaient parfois plus de 1000 personnes, ont eu lieu dans une quinzaine de villes iraniennes.
Les manifestants ont bloqué les rues, lancé des pierres sur les forces de sécurité, incendié des véhicules de police et des poubelles et scandé des slogans antigouvernementaux. La police a utilisé des gaz lacrymogènes et procédé à des arrestations pour disperser la foule.
«Non au foulard, non au turban, oui à la liberté et à l’égalité!» ont crié des manifestantes lors d’un de ces rassemblements.
Des manifestations ont également été organisées ailleurs dans le monde, dont à New York et à Istanbul, en soutien aux femmes iraniennes.