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Symbole controversé: voici ce que signifie la «thin blue line»

Photo tirée du compte Twitter @jaggimontreal
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Photo portrait de Andrea Lubeck

Andrea Lubeck

2022-02-14T22:03:30Z
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Des manifestants auraient aperçu samedi des policiers du Service de police de la Ville de Montréal (SPVM) arborant un écusson représentant un drapeau du Canada noirci traversé d’une mince ligne bleue. Ce symbole, nommé «thin blue line», suscite la controverse. On vous explique ce que ça signifie et pourquoi ça fait autant jaser.

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Si cette question revient au goût du jour après la manifestation contre les mesures sanitaires du week-end dernier, elle n’est pourtant pas nouvelle à Montréal. Dès le début de l’année 2021, des policiers du SPVM ont été aperçus avec ce symbole cousu sur leur uniforme, comme l’a d’abord rapporté The Rover.

Quelle est la définition du symbole?  

La mince ligne bleue représente le rôle des policiers comme pierre angulaire de l’équilibre entre l’ordre et le chaos dans la société. 

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Autrement dit, c’est l’idée que, si la police n’était pas là, «il n’y aurait pas de paix sociale possible», explique Louis Audet Gosselin, directeur scientifique et stratégique du Centre de prévention de la radicalisation menant à la violence (CPRMV).

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D’autres portent le symbole pour honorer la mémoire des policiers morts en service. 

«Comme tous les symboles, la “thin blue line” n’a pas une seule signification, et celle-ci évolue dans le temps et dépend aussi des contextes», ajoute M. Audet Gosselin.

Pourquoi est-il sujet à controverse?  

S'il est sujet à controverse, c’est que le symbole a été repris par des groupes d’extrême droite en réaction aux manifestations liées au mouvement Black Lives Matter, notamment le mouvement Blue Lives Matter (la vie des policiers compte).

Plusieurs estiment donc que la définition du symbole est galvaudée par cette réappropriation, si bien qu’il est difficile d’être certain qu’un policier le porte pour sa signification première.

«C’est vu comme un déni des mouvements Black Lives Matter et de contestation des brutalités policières, et un soutien implicite à une forme de racisme institutionnel», précise Louis Audet Gosselin. 

AFP
AFP

On ne peut toutefois présumer des intentions des policiers qui portent la «thin blue line» et de la signification qu’ils lui prêtent, rappelle-t-il. «C’est ça, l’enjeu, avec les symboles: quand on l’utilise en tant qu’autorité publique, c’est important de tenir compte de toutes les perceptions qui existent du symbole, au-delà des intentions.»

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Il y a aussi toute la question de la neutralité projetée par la police qui entre en ligne de compte. 

«Le CPRMV essaie de conduire les gens à dénoncer les crimes haineux à la police, mais si des policiers utilisent des symboles controversés qui peuvent être associés à l’extrême droite, on risque de creuser le fossé entre eux et certaines communautés encore plus. Ça peut endommager le lien de confiance», souligne M. Audet Gosselin. 

Les policiers peuvent-ils le porter?  

Au Québec et à Montréal, on se trouve en quelque sorte dans une zone grise. Il n’y a pas de règlement qui interdise spécifiquement le port de symboles partisans – hormis les signes religieux. La Loi sur la police indique pourtant qu’un policier ne peut altérer son uniforme, sauf exception.

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Si le SPVM reconnaît que la «thin blue line» ne fait pas partie de l’uniforme des policiers, le corps policier dit toutefois être en train d’étudier la question d’un point de vue éthique.

Ailleurs au pays, la Gendarmerie royale du Canada (GRC) a interdit le port de la «thin blue line» à ses forces, tout comme la police provinciale de l’Ontario, la police d’Ottawa et la police de Saint John’s, au Nouveau-Brunswick.

À l’inverse, le chef de la police de Calgary, Mark Neufeld, a défendu l’usage du symbole par certains de ses policiers, qui le portent depuis plusieurs années.

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