[PHOTOS] Voici sept crimes qui ont conduit à la peine capitale à Québec
Bibliothèque et Archives nationales du Québec (collaboration spéciale)
C’est le 14 juillet 1976 que le gouvernement de Pierre Elliott Trudeau abolit la peine capitale au Canada. Toutefois, au Québec, c’est au mois de mars 1960, à la prison de Bordeaux, que le dernier homme est envoyé à la potence. Voici sept crimes qui ont conduit à la peine capitale à Québec.
1) David McLane
À partir de l’été 1789 jusqu’au mois d’avril 1793, on parle abondamment de la Révolution française dans les journaux de Québec et de Montréal. Des discours du gouverneur sont aussi publiés chaque semaine pour décourager les plus hardis de se rebeller. De plus, des textes sont distribués aux frais du gouvernement auprès des magistrats, des capitaines de milice, des juges de paix et autres notables, les incitant à dénoncer ceux qui tiennent des propos contre l’autorité anglaise établie.
C’est ainsi que le 21 juillet 1797, David McLane, un marchand originaire de Providence au Rhode Island, est pendu à Québec après avoir été reconnu coupable de trahison pour avoir fomenté une insurrection chez les Canadiens français.
Lors du procès, six témoins comparaissent et incriminent l’accusé. Pourtant, lors de son témoignage, celui-ci dit qu’il est venu au Canada seulement pour y vendre du bois. La défense fait ressortir l’absurdité du projet prêté à McLane ainsi que l’absence de preuves.
Néanmoins, le jury déclare McLane coupable. Les avocats de la défense essaient de faire casser le jugement, car McLane est un étranger et il ne peut être accusé de trahison. La demande est rejetée et le juge en chef de la province, William Osgoode, condamne David McLane à être pendu et éviscéré vivant, pour avoir ensuite la tête et les membres séparés du corps. Il est exécuté en dehors des murs de la ville au milieu d’une grande foule.
2) William Pounden
Le 2 mai 1823, William Pounden assassine sauvagement sa belle-mère, Agnès Morrison, de plusieurs coups de marteau à la tête. Avec l’aide des documents judiciaires de l’enquête et du procès conservés à BAnQ Québec, il nous est possible de retracer le cours des événements.
Le 2 mai, le corps est découvert peu après midi, dans un fossé entre les murs des fortifications et le glacis, à l'arrière de l'Esplanade. C’est un caporal de l’armée qui en fait la macabre découverte.
Lors de l’enquête, William Pounden témoigne qu’il a agi sous l’influence de l’alcool et que son geste était non prémédité. À la fin de son procès, il est reconnu coupable de meurtre. Il est finalement pendu le 8 octobre 1823 à la prison située dans l’actuel Morrin Center. La potence était alors fixée à la fenêtre située au-dessus de la porte centrale de l’édifice.
3) George Schmitt
Le 7 février 1874, George Schmitt, 17 ans, tue Patrick O’Brien, âgé de 19 ans. À l’époque, l’événement se déroule dans l’auberge tenue par Raymond Drolet sur le chemin Sainte-Foy. Selon plusieurs témoins, à son arrivée, George Schmitt est accompagné d’une prostituée et d’un autre homme. Au courant de la soirée, on dit également qu’ils boivent de façon excessive.
Alors que Patrick O’Brien se tient au bar, Schmitt, complètement intoxiqué, commence à l’invectiver en l’accusant d’avoir fait tomber le manchon de sa compagne qu’elle avait laissé au bar. C’est alors que la victime lui dit de se calmer. Les deux hommes en viennent à se battre. Pendant la bagarre, Schmitt sort un pistolet. Il tire sur la victime qui est mortellement atteinte à la tête. Patrick O’Brien décède dans le courant de la nuit.
George Schmitt est arrêté le 9 février. Il subit un procès et on le condamne à la peine capitale. Il doit être pendu le vendredi 26 juin 1874. Toutefois, le 30 mai 1874, sa sentence est commuée en un emprisonnement à vie.
Pour en savoir plus, vous pouvez aussi consulter les registres d’écrou de la prison de Québec.
4) Nathaniel Randolph Fritz Dubois
Le 23 février 1890, Nathaniel Randolph Fritz Dubois assassine toute sa famille (femme, enfants et belle-mère) à coups de hache dans la maison familiale, pour ensuite jeter leurs corps à la cave. Après son crime abject, il s’enfuit, mais il est rattrapé par le juge de paix Damase Naud. À ceux qui l’arrêtent, il leur dit qu’il a fait un mauvais coup et qu’il en est bien content.
Le procès de Dubois a lieu du 17 au 23 avril 1890 au palais de justice de Québec. La défense tente de plaider la folie et la provocation, mais sans succès.
Dubois est reconnu coupable des meurtres. Il est pendu le 20 juin 1890 à la prison de Québec. La dépouille de Dubois est inhumée dans le cimetière protestant de Mount Hermon de Québec.
5) Eugène Bigaouette
Eugène Bigaouette, 41 ans, avait planifié son geste. C’est le 23 novembre 1925 qu’il assassine sa mère de 78 ans, Marie-Anne Boivin.
Eugène est le fils cadet de la victime. À 41 ans, il habite encore la demeure familiale. Les gens de son entourage le considèrent comme un individu aux comportements étranges. Avant la mort de sa mère, Eugène Bigaouette l’accompagne à la banque pour faire transférer tout son argent dans un seul compte. En tout, elle possède quelques milliers de dollars. Il s’agit de l’héritage qu’elle laisse à Eugène à sa mort.
Bigaouette obtient du notaire une autorisation pour vendre les meubles de la succession ainsi qu'une procuration de la Banque Royale de Québec, indiquant que le compte bancaire allait lui être transféré après la mort de sa mère.
Le 23 novembre 1925, Eugène Bigaouette tue sa mère par strangulation dans la maison familiale. Lorsqu'il est arrêté et qu'on lui apprend qu'il doit comparaître devant la justice, il déclare: «J'aurais-t-y mon argent ensuite?» Déclaré coupable, c’est le 19 août 1927 qu’Eugène Bigaouette est pendu à la prison de Québec.
6) David Dubé
Dans les années 1890, Thomas Adam Mooney s’installe avec son épouse, Margaret Charters, à Saint-Dunstan, aujourd’hui la municipalité de Lac-Beauport.
Mooney s’absente régulièrement pour travailler à la construction de chemins de fer dans la région de Montréal. Pour ne pas laisser sa femme s’occuper seule de la maison, il engage un jeune homme pour faire des travaux d’entretien sur la propriété. Il s’agit de David Dubé.
Ils entretiennent une relation en l’absence de Mooney. Lorsque la victime revient chez lui, c’est à leur plus grand déplaisir.
Seul Dubé est accusé du meurtre de Mooney. Il a d’ailleurs mentionné à plusieurs reprises qu’il «s’occuperait» de lui s’il revenait. Le motif ne peut être énoncé plus clairement. Pendant son procès, Dubé reconnaît avoir agressé la victime, mais il refuse d’admettre qu’il a porté le coup fatal. David Dubé est finalement condamné à la pendaison pour le meurtre prémédité de Mooney.
Il est pendu dans la cour de la prison de Québec le 6 juillet 1900. Il avait tout juste 19 ans.
7) Honorat Bernard
Le 24 janvier 1937, Honorat Bernard et Arthur Fontaine s’échappent de la prison provinciale de Québec. Avant de partir, ils volent cinq revolvers à leurs gardiens. À la radio, on répand rapidement la nouvelle. Pendant 24 h, la population est sur le qui-vive. C’est grâce à une délation que les criminels sont finalement retrouvés dans une maison de chambres de la rue Saint-Jean, située à l’époque au 547. Une escouade de policiers débarque sur les lieux vers 17 h.
Après avoir visité toute la maison, les policiers se dirigent vers le sous-sol. La porte de la chambre est fermée à clé. Après plusieurs sommations, les policiers passent à l’action. Alors qu’un policier vient pour enfoncer la porte, celle-ci s’ouvre subitement et plusieurs coups de feu sont tirés. Le détective Léopold Châteauneuf est atteint mortellement. Son compagnon, le détective Aubin, tire sur Arthur Fontaine et l’abat. Sa mort met un terme à la confrontation. C’est alors que les policiers s’aperçoivent que Honorat Bernard s’est enfui.
Le criminel se réfugie près de Neuville, dans la maison d’Arthur Noreau. Après en avoir chassé ses occupants, Bernard se barricade dans la maison. Les policiers sont informés de la situation par le propriétaire de la maison. Ils se rendent alors sur les lieux, armés jusqu’aux dents. Après plusieurs pourparlers, le criminel se rend finalement à la police le 27 janvier.
Après son procès, il est condamné à la peine de mort par pendaison pour le meurtre du détective Léopold Châteauneuf. C’est le 9 juillet 1937 qu’il est pendu à la prison de Québec. C’est la dernière exécution au Québec à l’extérieur de Montréal.
Un texte de Catherine Lavoie, technicienne en documentation, Bibliothèque et Archives nationales du Québec
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Sources
- Claude Galarneau, «McLANE, DAVID», dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 4, Université Laval/University of Toronto, 2003, http://www.biographi.ca/fr/bio/mclane_david_4F.html.
- Nicole-Labrie, Luc. «David Dubé et le meurtre de Saint-Dunstan, 1899-1900.» dans Histoire engagée. http://histoireengagee.ca/blogue/
- Veillette, Éric. «L’affaire Dubois: la gravité du geste entraîne-t-elle un plaidoyer de folie» dans Historiquement Logique! https://historiquementlogique.com/2016/05/08/laffaire-dubois-la-gravite-du-geste-entraine-t-elle-un-plaidoyer-de-folie/
- Journal Canadian spectator, le mercredi 8 octobre 1823, p.3 (Article sur le crime de William Pounden)
- 10 février 1874. Le Journal de Québec, p.2 (Article sur le crime de Georges Schmitt)
- 9 février 1874, Le Courrier du Canada, p.2 (Article sur le meurtre de Patrick O’Brien)
- 30 mai 1874, Morning Chronicle, p.3. (Article sur la clémence accordée à Georges Schmitt)
- 18 février 1890, Le Canadien, p.1 (L’affaire Dubois et le crime de Saint-Alban)
- La Presse, le 19 août 1927, p.3 (Article sur le crime d’Eugène Bigaouette et son exécution)
- Le Soleil, le vendredi 6 juillet 1900, p.1 (Article sur la description de l’exécution de David Dubé).
- Le Soleil, le mardi 26 janvier 1937, p.1 (Bataille au revolver dans un sous-sol de la rue Saint-Jean)