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L'article provient de Le Journal de Québec
Éducation

[PHOTOS] Voici 10 morceaux d’histoire de l’Université Laval

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Photo portrait de Bibliothèque et Archives nationales du Québec (collaboration spéciale)

Bibliothèque et Archives nationales du Québec (collaboration spéciale)

2021-02-28T05:00:00Z
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À Québec, qui ne connaît pas l’Université Laval? La plupart des gens pourront situer le campus aux limites des anciennes villes de Sainte-Foy et de Sillery. Or, que connaît-on de ses origines? Comment s’est-elle développée? Voici 10 morceaux choisis pour lever le voile sur des fragments de l’histoire de l’Université Laval.

1) Des racines profondes – Le Séminaire de Québec    

Ruines du séminaire après l’incendie, 1865
Ruines du séminaire après l’incendie, 1865 BAnQ Québec (P560, S2, D2, P11371). Photographe non identifié

Le Séminaire de Québec a été fondé par monseigneur François Montmorency de Laval en 1663 pour assurer la formation des prêtres de la Nouvelle-France. À la suite de la Conquête britannique, le Séminaire étend son œuvre d’éducation aux sciences et aux lettres.

Vers le milieu du XIXe siècle, les pressions pour la création d’un établissement francophone de niveau universitaire augmentent: les anglophones disposent déjà de cinq universités, après tout! Tous les acteurs de l’époque conviennent que ce sont les pères du Séminaire qui sont les mieux placés pour assurer le succès du projet. On s’assure ainsi que l’université restera sous la supervision de l’Église catholique.

2) Le père fondateur – Louis-Jacques Casault    

Louis-Jacques Casault, vers 1850
Louis-Jacques Casault, vers 1850 BAnQ Québec (P560, S2, D1, P167). Photographe non identifié

Le père Louis-Jacques Casault est né à Saint-Thomas-de-Montmagny le 17 juillet 1808. Il entre au Petit Séminaire de Québec en 1822 et est ordonné prêtre le 27 novembre 1831. Quelques jours plus tard, il est nommé vicaire à Cap-Santé.

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En 1834, sa passion pour l’étude et l’enseignement le ramène au Séminaire de Québec. Il y enseigne la physique pendant 20 ans. En 1851 s’ajoutent les tâches de supérieur du Séminaire.

Mais son œuvre majeure reste la fondation de l’Université Laval. Dès la fin des années 1840, il est impliqué dans les démarches politiques d’acceptation du projet. Il est d’ailleurs le rédacteur de la charte de l’université.

Le père Casault est le premier recteur de l’Université Laval, de sa création en 1852 jusqu’à 1860. Il termine sa carrière comme supérieur du Grand Séminaire. Il meurt le 5 mai 1862.

3) Une naissance attendue    

Cour intérieure de l’Université Laval, quartier du Vieux-Québec, vers 1900
Cour intérieure de l’Université Laval, quartier du Vieux-Québec, vers 1900 BAnQ Québec (P560, S1, P578). Photographe non identifié

L’Université Laval est créée le 8 décembre 1852, date choisie par le père Casault. C’est en cette journée de l’Immaculée Conception que la reine Victoria signe officiellement la charte de l’université.

C’est le Séminaire de Québec qui pourvoit aux besoins de l’université naissante. Il lui donne notamment sa bibliothèque et ses laboratoires de sciences.

Bibliothèque de l’université du temps du Quartier latin, vers 1900
Bibliothèque de l’université du temps du Quartier latin, vers 1900 BAnQ Québec (P560, S1, P412). Photographe non identifié

À ses débuts, l’Université Laval compte quatre facultés: théologie, droit, médecine et lettres. La faculté des lettres est responsable de l’enseignement de toutes les matières qui ne sont pas enseignées dans les autres facultés: sciences, littérature, histoire, etc. C’est aussi en son sein que naîtront plusieurs des facultés que l’on connaît aujourd’hui.

4) Une première faculté organisée: médecine    

École de médecine de l’Université Laval, 1939
École de médecine de l’Université Laval, 1939 BAnQ Québec (P560, S2, D2, P177725-1). Photographe non identifié

La Faculté de médecine de l’Université Laval est la première à s’organiser. Elle est créée à partir de l’École de médecine de Québec, fondée en 1845. Cette dernière ferme le 30 avril 1854 et la Faculté de médecine ouvre le 25 septembre 1854. 

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Six professeurs de l’École de médecine de Québec acceptent d’enseigner à la nouvelle faculté. Il s’agit de Jean Blanchet en pathologie générale, de Charles-Jacques Frémont en médecine opératoire, de James Arthur Sewell en pathologie interne, de Jean-Zéphirin Nault en matière médicale, de Jean-Étienne Landry en anatomie et d'Alfred Jackson en toxicologie. 

L’édifice de la Faculté de médecine est le premier à être construit par la toute nouvelle université. Il est érigé en 1854 sur la rue Saint-Georges, connue depuis 1876 sous le nom de rue Hébert.

5) Un premier édifice de service ou protéger la moralité des étudiants – Le pensionnat    

Édifice du pensionnat, Université Laval, quartier du Vieux-Québec, vers 1900
Édifice du pensionnat, Université Laval, quartier du Vieux-Québec, vers 1900 BAnQ Québec (P560, S1, P872). Photographe non identifié

Qui dit université, dit lieu de résidence pour les étudiants. Dès la création de l’Université Laval, les pères du Séminaire ont cru en l’importance de la construction d’un édifice consacré à l’hébergement des étudiants: le pensionnat.

L’objectif est de mettre les étudiants à «l’abri de toutes dangereuses sollicitations du monde». Ces jeunes gens laissés à eux-mêmes, avec une toute nouvelle liberté, auraient à coup sûr créé les plus grands scandales! Pour éviter cela, des prêtres du Séminaire résident dans le pensionnat, veillant à la bonne marche de ce dernier et à la piété de ses pensionnaires.

La première pierre du pensionnat, construit en face de la Faculté de médecine, est bénie le 21 septembre 1854. Comme il a été prévu pour loger moins de 100 étudiants, il devient impossible pour l’université de répondre à la demande au début du XXe siècle. Plusieurs propriétaires de la ville en profiteront pour héberger des étudiants.

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6) Incursion dans la métropole – La succursale de Montréal    

Succursale de l’Université Laval à Montréal, située à l’angle sud-est des rues Saint-Denis et Sainte-Catherine (là où se trouve l’actuel pavillon Hubert-Aquin de l’UQAM), entre 1895 et 1919.
Succursale de l’Université Laval à Montréal, située à l’angle sud-est des rues Saint-Denis et Sainte-Catherine (là où se trouve l’actuel pavillon Hubert-Aquin de l’UQAM), entre 1895 et 1919. BAnQ Québec (P547, S1, SS1, SSS1, D2, P183). Photographe non identifié

En 1878, l’Université Laval ouvre une succursale à Montréal. D’abord dispersée dans différents locaux, elle compte trois facultés: théologie, droit et médecine.

Dès 1887, s’ajoute une Faculté des arts, aussi appelée «Faculté des collèges», qui vise à corriger la disparité entre les cours classiques offerts dans la région. La même année, l’École polytechnique de Montréal, fondée en 1873, s’affilie à l’Université Laval. 

Un nouvel immeuble est inauguré en 1895 au coin sud-est des rues Saint-Denis et Sainte-Catherine. Situé à proximité de l’École polytechnique, il peut accueillir tous les étudiants de l’université.

Que Montréal ait pour université francophone une succursale d’une université de Québec cause bien des irritations. Le jeu se calme un peu en 1889, alors que Rome accorde plus d’autonomie à la succursale de Montréal. Mais l’effet est de courte durée. Le 8 mai 1919, la succursale devient complètement autonome. Elle s’appellera dorénavant l’Université de Montréal.

7) On sort des murs – La Faculté des sciences    

Façade de l’École de chimie, boulevard de l’Entente, vers 1935
Façade de l’École de chimie, boulevard de l’Entente, vers 1935 BAnQ Québec (P560, S2, D2, P144923-2). Photographe non identifié

Au début du XXe siècle, on voit apparaître un intérêt grandissant pour la chimie et ses applications concrètes dans l’industrie. C’est dans ce contexte que l’Université Laval fonde l’École supérieure de chimie le 29 octobre 1920. De grands industriels tels que Georges-Élie Amyot et William Price y investissent.

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L’École de chimie connaît des débuts modestes dans l’immeuble du Quartier latin. Elle y occupe rapidement un grand nombre de locaux. C’est alors que l’université décide de construire un nouvel édifice sur le boulevard de l’Entente à Sainte-Foy. L’immeuble peut accueillir ses premiers étudiants dès décembre 1925. Cette école assure l’enseignement de toutes les sciences, mais elle est avant tout au service de la formation des chimistes.

Les sciences prennent de plus en plus d’ampleur, si bien qu’en 1937, l’École supérieure de chimie devient la Faculté des sciences. Elle compte alors six départements: chimie, biologie, mathématiques, géologie et minéralogie, mines et métallurgie ainsi que physique.

École des mines, vers 1950
École des mines, vers 1950 BAnQ Québec (P428, S3, SS1, D13, P11-2). Photographe non identifié

En 1940, un nouvel édifice s’ajoute sur le boulevard de l’Entente pour loger l’ensemble des locaux de la faculté. Cet édifice, construit à l’est du premier, s’appelle l’École des mines. 

8) Une faculté qui dérange: la Faculté des sciences sociales et le père Georges-Henri Lévesque    

Buste de Georges-Henri Lévesque, Université Laval
Buste de Georges-Henri Lévesque, Université Laval Photo Annie Labrecque

L’École des sciences sociales, qui relève de l’Institut supérieur de philosophie, est créée en 1932. Elle offre exclusivement des cours du soir au grand public.

Le père Georges-Henri Lévesque est engagé en 1936 pour y enseigner. Il a une vision assez précise de l’orientation qu’il veut donner à cette école: remettre en question les idées reçues, ouvrir de nouvelles voies pour la réflexion et la recherche. Ce qui n’est pas sans déranger quelques confrères et dirigeants de l’Université Laval.

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Qu’à cela ne tienne! Il devient le directeur de l’École en 1938. Il a alors les coudées franches pour l’organiser selon sa vision. En 1943, il atteint son objectif. L’École des sciences sociales devient la Faculté des sciences sociales. On y enseigne les disciplines suivantes: économie, sciences politiques, sociologie, relations industrielles et service social.

Tant comme enseignant que comme doyen de la Faculté, de 1943 à 1955, le père Lévesque contribue à moderniser le Québec. Ce n’est pas un hasard si certains artisans de la Révolution tranquille sont passés par la Faculté des sciences sociales.  

9) Les femmes à l’Université Laval – Des débuts timides    

Inscriptions à l’Université Laval, 4 septembre 1975
Inscriptions à l’Université Laval, 4 septembre 1975 BAnQ Québec (E10, S44, SS1, D75-550, PC2). Photo Daniel Lessard

De nos jours, les femmes peuvent fréquenter l’université, mais cela n’a pas toujours été le cas.

Avant les années 1920, l’université est essentiellement une affaire d’hommes, à tout le moins en ce qui concerne les universités francophones québécoises. C’est en 1929 que les femmes peuvent officiellement s’inscrire à l’Université Laval et uniquement à la Faculté des lettres.

Il y a eu une incursion timide des femmes au début du XXe siècle, puisqu’elles ont alors pu s’inscrire aux cours du soir de la Faculté des lettres. C’est ainsi que Marie Sirois devient, en 1904, la première diplômée de l’Université Laval. Par contre, son diplôme de littérature lui est remis dans la plus grande discrétion. Marie Gérin-Lajoie reçoit quant à elle le premier baccalauréat ès arts décerné à une femme par la succursale de Montréal de l’Université Laval en 1911.

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En 1936, deux femmes s’inscrivent à la Faculté de médecine: Yvette Brissette et Anne-Marie Colin. Ces deux pionnières terminent leurs études et reçoivent leur diplôme. 

La première femme à avoir une carrière d’enseignante à l’Université Laval est Agathe Lacoursière-Lacerte. Bardée de diplômes à la suite de ses études aux États-Unis et en Europe, elle y est engagée pour enseigner les langues à l’été 1937. En septembre de la même année, on lui confie la création du Département d’espagnol de la Faculté des lettres. Elle doit attendre 1948 pour y obtenir un poste de professeur titulaire.  

10) On quitte le cœur de Québec – La création d’un campus moderne    

École forestière, édifice de l’arpentage et du génie forestier, Cité universitaire, 1952
École forestière, édifice de l’arpentage et du génie forestier, Cité universitaire, 1952 BAnQ Québec (E6, S7, SS1, P62109). Photo François Simard

Au début du XXe siècle, il y a une augmentation des inscriptions à l’Université Laval et l’offre de cours se diversifie. Cela crée une pression pour une expansion physique de l’université. Par contre, cela est impossible au sein du Quartier latin. En 1940, la situation devient intenable.

Sous l’impulsion d’Ernest Lemieux, le Conseil universitaire choisit, en 1944, d’ériger un campus universitaire. On achète alors des terrains au milieu de la campagne fidéenne et silleroise. Dès le mois de septembre 1947, on entreprend la construction du premier édifice sur le nouveau campus: le pavillon Abitibi-Price pour loger la Faculté d’arpentage et de génie forestier.

Les autres édifices suivent peu à peu, selon le plan établi en 1952 par l’architecte Édouard Fiset, inspiré des campus universitaires américains. La répartition des 41 édifices doit se faire aux quatre coins du vaste terrain pour les regrouper selon leurs fonctions: administrative, sportive, religieuse, etc. On planifie alors un campus pouvant accueillir 15 000 étudiants.

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Le plan initial est révisé dans les années 1960 et 1970 pour mieux l’adapter aux réalités climatiques du Québec. On construit plutôt de plus grands édifices regroupant plusieurs facultés ou services.

Vue de l’Université Laval à la hauteur du pavillon Louis-Jacques-Casault, 26 juin 1975
Vue de l’Université Laval à la hauteur du pavillon Louis-Jacques-Casault, 26 juin 1975 BAnQ Québec (E10, S44, SS1, D75-354, P26). Photo François Lessard

Un texte d'Annie Labrecque, Bibliothèque et Archives nationales du Québec  

  • Vous pouvez consulter la page Facebook de Bibliothèque et Archives nationales du Québec (BAnQ) en cliquant ici, et son site web en vous rendant ici.  
  • Vous pouvez également lire nos textes produits par la Société historique de Québec en cliquant ici.   

Sources        

  • «1878-1919 – Naissance d’une université», Université de Montréal, Secrétariat général (en ligne).    
  • CAOUETTE, Marie, «Première à l’Université Laval, une femme enseignante – Entretien avec Agathe Lacoursière-Lacerte», Cap-aux-diamants, no 21, printemps 1990, p. 51-53.    
  • DESMEULES, Marc et Louis LAROCHELLE, «La Faculté de médecine de l’Université Laval et la médecine à Québec – Quelques notes historiques», M/S : Médecine sciences, vol. 19, no 10, octobre 2003, p. 1025-1029.    
  • FOURNIER, Marcel, «Le père Georges-Henri Lévesque – La parole et l’action», Sociologie et sociétés, vol. 32, no 1, printemps 2000, p. 7-9.    
  • GIROUARD, Guylaine, L’admission des femmes à l’Université Laval, 1901-1945, mémoire présenté à la Faculté des lettres, Université Laval, septembre 1991, 145 p.    
  • LECLERC, Richard, «Le campus de l’Université Laval – Lieu de modernisation d’une institution universitaire catholique et du Québec», Études d’histoire religieuses, vol. 79, no 2, 2013, p. 41-54.    
  • «Origine et histoire», Université Laval, notre université (en ligne).    
  • OUELLET, Danielle, «L’émergence de la chimie et de la physique à l’Université Laval», Recherches sociographiques, vol. 35, no 3, 1995, p. 579-604.    
  • ROY, Camille, L’Université Laval et les fêtes du cinquantième, Québec, Typographie Dussault & Proulx, 1903, 395 p.    
  • SYLVAIN, Philippe, «Louis-Jacques Casault, fondateur de l’Université Laval», Les Cahiers des dix, no 38, 1973, p. 117-132.    
  • L’Université Laval 1852-1952, Québec, Les Presses universitaires Laval, 1952, 22 p.      
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