[EN IMAGES] Voici 10 manoirs seigneuriaux de la grande région de Québec à découvrir
Bibliothèque et Archives nationales du Québec (collaboration spéciale)
Bâtiment typique du régime seigneurial, le manoir est une résidence de prestige. Instauré sous le Régime français (1608-1759), le régime seigneurial est aboli en 1854. Cela explique la diversité des manoirs seigneuriaux du Québec, construits entre le XVIIe et le XIXe siècle.
Nous vous présentons ici quelques habitations anciennes, disparues ou non, dont certaines ont été classées ou citées en tant qu’immeubles patrimoniaux en vertu de la Loi sur le patrimoine culturel du Québec.
1) Le manoir Giffard, à Beauport
Cette belle demeure seigneuriale se situait jadis dans le secteur de la rue du Manoir, à Beauport. Elle était occupée par Robert Giffard de Moncel, premier seigneur de Beauport et premier colonisateur de la Nouvelle-France.
Giffard fait construire son manoir en 1642 sur la rive est de la rivière Beauport, ainsi qu’un moulin à eau et un moulin à vent. Puisque son fils n’a pas de descendance, il donne la seigneurie à son neveu Ignace Juchereau Duchesnay en 1683. La propriété est transmise dans la famille jusqu’en 1835, année où le colonel Bartholomew Conrad Gugy en fait l’acquisition. De 1845 à 1850, le manoir est loué à l’asile de Beauport pour loger la direction. Il ne reste aujourd’hui aucune trace du domaine, qui a été incendié en septembre 1879.
2) Le manoir Allsopp de Cap-Santé
L’ancien manoir seigneurial fait partie de l’ensemble d’immeubles patrimoniaux du Fort-Jacques-Cartier-et-du-Manoir-Allsopp. Ces bâtiments sont situés dans la municipalité de Cap-Santé, en bordure du chemin du Roy. Le manoir Allsopp, construit au milieu du XVIIIe siècle, se trouve à proximité de l’emplacement du fort Jacques-Cartier. En 1759 et 1760, la maison est utilisée comme quartier général et hôpital pour le fort. Elle est acquise par la famille Allsopp en 1830. C’est à ce moment de l’histoire qu’elle devient le manoir des seigneurs de Jacques-Cartier et d’Auteuil, jusqu’à l’abolition du régime seigneurial en 1854.
3) Le manoir de la Baronnie-de-Portneuf
Le manoir de la Baronnie-de-Portneuf est édifié entre 1762 et 1788. Il est situé sur le tracé de l’ancien chemin du Roy, dans la municipalité de Portneuf. Ce manoir seigneurial est le seul qui subsiste encore aujourd’hui parmi les trois seigneuries érigées en baronnies pendant le Régime français, soit la seigneurie des Islets en 1675, Portneuf en 1681 et Longueuil en 1700. Le manoir témoigne d’un type de propriété très rare dans le cadre du régime seigneurial. René Robineau de Bécancour, ancien seigneur de la baronnie de Portneuf, a été fait baron par Louis XIV en 1681.
4) Le manoir Larue, à Neuville
Le manoir Édouard-Larue est construit en 1834 et 1835 par Isaac Dorion, selon les plans de l’architecte et maître-menuisier Michel Patry. Cette ancienne demeure seigneuriale a conservé la plupart de ses éléments d’origine.
Édouard-Wilbrod Larue devient seigneur de Neuville en 1828. Il fait construire ce manoir qui lui sert de résidence et de bureau. Voulant que sa demeure soit la plus imposante de la localité, Larue choisit un site en surplomb du fleuve Saint-Laurent, dominant ainsi tout le village de Neuville.
Le bâtiment demeure la propriété de la famille Larue jusqu’en 2002. Il conserve encore aujourd’hui sa fonction résidentielle.
5) La maison des Jésuites-de-Sillery
La maison des Jésuites-de-Sillery est construite entre 1702 et 1733. La propriété, adjacente au chemin du Foulon, est située entre le fleuve Saint-Laurent et l’escarpement de Sillery à Québec.
À l’origine, le bâtiment doit être utilisé comme maison de ferme et de repos pour les Jésuites. Cependant, ceux-ci réorganisent leurs activités et transforment la mission en domaine agricole. L’édifice actuel occupe l’emplacement de la première maison de la mission Saint-Joseph, qui a été fondée en 1637 pour évangéliser et sédentariser les Autochtones. Cette mission est considérée comme la première réduction amérindienne en Amérique du Nord.
La propriété présente un intérêt patrimonial exceptionnel en raison de sa valeur archéologique, car l’occupation de Sillery remonte à plus de 3000 ans. Les Amérindiens fréquentaient cet endroit pour la chasse, la pêche, la fabrication d’outils en pierre ainsi que le troc. De plus, on y trouve des vestiges de la mission Saint-Joseph, notamment de la chapelle Saint-Michel, construite en 1647, des fortifications érigées en 1649 ainsi que du premier cimetière amérindien catholique en Amérique du Nord datant du XVIIe siècle.
6) Le manoir Mauvide-Genest à Saint-Jean-de-l’Île-d’Orléans
Situé du côté sud de l’île d’Orléans, dans la municipalité de Saint-Jean, le manoir Mauvide-Genest est une ancienne résidence seigneuriale. Il appartenait à Jean Mauvide, chirurgien du roi, marchand et seigneur de la moitié sud-ouest de l’île d’Orléans de 1752 à 1799.
La première maison de Jean Mauvide est construite vers 1734, à la suite de son mariage avec Marie-Anne Genest. Vers 1738, le bâtiment est haussé d’un étage. Il est aussi agrandi de façon importante avant 1755. La chapelle est ajoutée plus tard, en 1929.
En 1993, le manoir est désigné lieu historique du Canada. Il est acquis en 1999 par la Société de développement de la seigneurie Mauvide-Genest et la Fondation des seigneuries de l’île d’Orléans. On y réalise d’importants travaux de restauration en 2000 et 2001. Le manoir abrite aujourd’hui le Centre d’interprétation du système seigneurial sous le Régime français.
7) La maison Jean-Boudreau
La maison Jean-Boudreau est construite sur les terres de l’ancien domaine seigneurial de Deschambault. Elle se trouve en retrait de l’ancien chemin du Roy dans la municipalité de Deschambault-Grondines.
En 1775, Jean Boudreau acquiert du seigneur de La Gorgendière une partie du domaine seigneurial de Deschambault. Il y fait construire une première maison en bois en 1776, puis une résidence en pierre vers 1790.
Vers la fin du XIXe siècle, la résidence est acquise par Thomas Grantham, qui l’occupe jusqu’à son décès, en 1935. En 1918, une part importante de l’ancien domaine seigneurial de Deschambault est achetée par le gouvernement du Québec, qui veut y implanter la Pépinière provinciale. Au début des années 1930, le manoir devient une ferme-école. Alors que la maison est en ruine, elle est de nouveau acquise, en 1936, par le gouvernement, qui l’agrandit et la restaure. La demeure est occupée jusqu’en 1982 par la famille du régisseur de la ferme-école, devenue station de recherche agricole. Abandonnée pendant quelques années, la résidence est transformée en auberge en 1987.
8) Le domaine Pointe-de-Saint-Vallier
Le domaine Pointe-de-Saint-Vallier est un ensemble résidentiel aménagé à partir de la deuxième moitié du XVIIIe siècle. Il est situé sur le territoire de l’ancienne seigneurie de La Durantaye. Le site regroupe la maison Amos, une grange, une maison de villégiature et un terrain qui comporte des secteurs cultivés et des secteurs boisés. L’ensemble se trouve en bordure du fleuve Saint-Laurent et de l’anse de Bellechasse, près de la rivière des Mères, dans la municipalité de Saint-Vallier.
En 1745, on érige sur le site une résidence qui correspond à la partie est de l’actuelle maison Amos. Après avoir connu différents propriétaires, le domaine est réquisitionné en 1809 par Xavier-Roch Tarieu de Lanaudière, l’un des coseigneurs de l’endroit. En 1810, ce dernier fait ériger une seconde résidence, qu’il greffe à la première maison. Plusieurs propriétaires se succèdent ensuite au fil des années. En 1923, Mathilde Beaudry, épouse d’Arthur Amos, acquiert la propriété. Le domaine est alors nommé Murval.
Le domaine Pointe-de-Saint-Vallier est nommé site du patrimoine en 1998. La famille Amos en demeure propriétaire jusqu’en 1999. La même année, la propriété est rachetée par Héritage canadien du Québec et la Société canadienne pour la conservation de la nature. La famille Amos continue de séjourner au domaine jusqu’en 2007. Restaurée en 2011, la maison Amos devient un site patrimonial cité avec l’adoption de la Loi sur le patrimoine culturel.
9) Le manoir Taschereau, à Sainte-Marie-de-Beauce
Ce manoir est construit entre 1809 et 1811 pour le seigneur Jean-Thomas Taschereau. La famille Taschereau s’est illustrée dans l’histoire du Québec par sa contribution à l’établissement de la seigneurie de Sainte-Marie, son rôle dans le développement de la Nouvelle-Beauce et son engagement politique et religieux.
Le manoir Taschereau n’a jamais été un manoir seigneurial, mais il a parfois été identifié comme tel parce que son propriétaire initial était titulaire de la seigneurie de Linière, située de l’autre côté de la rivière Chaudière.
Construit dans l’esprit du palladianisme anglais, le bâtiment est modifié de façon importante en 1944. La façade et les murs latéraux sont décorés d’éléments d’inspiration ionique, tout comme l’abri d’auto et l’annexe, ajoutés de part et d’autre du bâtiment. De plus, le fronton au centre de la façade est réutilisé pour couronner le nouveau portique.
Endommagé par les inondations de la rivière Chaudière en 2019, puis laissé à l’abandon, le manoir Taschereau de Sainte-Marie est détruit par les flammes dans la nuit du 2 au 3 février 2021.
10) Le domaine seigneurial de l’Île-aux-Grues
C’est en 1769 qu’est construite la partie centrale du manoir de l’Île-aux-Grues. À l’époque, le seigneur et son épouse s’y rendent seulement à l’automne, pour percevoir les cens et les rentes et pour chasser.
Le domaine constitue un témoin représentatif du régime seigneurial. Le manoir, qui est le cœur du domaine, sert à la fois de résidence et de bureau au seigneur. Tous les bâtiments nécessaires à la subsistance se trouvent à proximité. Le domaine seigneurial de l’Île-aux-Grues comprend la résidence, les dépendances, une grange ainsi qu’un pavillon de chasse.
Daniel MacPherson fait l’acquisition du domaine en 1802; c’est le premier propriétaire qui y réside en permanence. Il cède la propriété à son fils John en 1828. Celui-ci réalise des travaux d’agrandissement entre 1829 et 1847. James MacPherson Le Moine, avocat, historien et écrivain, en hérite en 1873 et l’utilise comme résidence d’été. Le site demeure la propriété de la famille MacPherson pendant plus de 130 ans.
Le domaine a aussi appartenu au peintre Jean-Paul Riopelle.
Un texte de Catherine Lavoie, technicienne en documentation, Bibliothèque et Archives nationales du Québec.
- Vous pouvez consulter la page Facebook de Bibliothèque et Archives nationales du Québec (BAnQ) en cliquant ici, et son site web en vous rendant ici.
- Vous pouvez également lire nos textes produits par la Société historique de Québec en cliquant ici.
Sources
- «Rue du Manoir», Ville de Québec, [en ligne ici]
- «Ensemble d’immeubles patrimoniaux du Fort-Jacques-Cartier-et-du-Manoir-Allsopp», Répertoire du patrimoine culturel du Québec, [en ligne ici].
- «Manoir de la Baronnie-de-Portneuf», Répertoire du patrimoine culturel du Québec, [en ligne ici].
- «Manoir Édouard-Larue», Répertoire du patrimoine culturel du Québec, [en ligne ici].
- «Maison des Jésuites-de-Sillery», Répertoire du patrimoine culturel du Québec, [en ligne ici].
- «Manoir Mauvide-Genest», Répertoire du patrimoine culturel du Québec, [en ligne ici].
- «Lieu historique national du Canada du Manoir-Mauvide-Genest», Parcs Canada, [en ligne ici].
- «Maison des Jésuites de Sillery», Maisons du patrimoine – espaces muséaux de la Ville de Québec, [en ligne ici].
- «Maison des Jésuites», Ville de Québec, [en ligne ici].
- «Maison Jean-Boudreau», Répertoire du patrimoine culturel du Québec, [en ligne ici].
- Nadeau, Jean-François. «Le manoir Taschereau détruit par les flammes», Le Devoir, 4 février 2021, [en ligne ici].
- «Manoir Taschereau», Répertoire du patrimoine culturel du Québec, [en ligne ici].
- «Domaine Pointe-de-Saint-Vallier», Répertoire du patrimoine culturel du Québec, [en ligne ici].
- «Domaine seigneurial de l’Île-aux-Grues», Répertoire du patrimoine culturel du Québec, [en ligne ici].