Vladimir Poutine baisse le ton
![Vladimir Poutine et Valery Gerasimov, chef d’état-major des armées russes.](/_next/image?url=https%3A%2F%2Fm1.quebecormedia.com%2Femp%2Femp%2F65854863_409061c56c6979-9798-43e2-9be2-e98642c61688_ORIGINAL.jpg&w=3840&q=75)
![Photo portrait de Normand Lester](/_next/image?url=https%3A%2F%2Fm1.quebecormedia.com%2Femp%2Femp%2FNormand_Lester_404ea9a8377-f7ad-4cfc-b9a9-606d68c656fe_ORIGINAL.jpg&w=3840&q=75)
Normand Lester
Poutine a décidé de « retirer partiellement ses troupes » de la frontière avec l’Ukraine. La télévision d’État russe a diffusé des images de chars chargés sur des wagons, retournant dans leurs garnisons. La Russie s’éloigne de sa rhétorique guerrière pessimiste de ces dernières semaines pour poursuivre ses objectifs par des négociations plutôt que par la guerre.
Les législateurs du Parlement russe lui ont demandé de reconnaître les régions russophones de l’est de l’Ukraine comme des États indépendants. Cela pourrait être une manœuvre pour aider Poutine dans ses négociations avec l’Occident. Il a dit qu’il ne reconnaîtrait pas immédiatement leur indépendance.
Poutine se dit prêt à négocier des « garanties de sécurité » en Europe de l’Est et le positionnement des missiles à courte et moyenne portée en Europe, une idée que Joe Biden a lancée lors de discussions avec lui. Le ministre russe des Affaires étrangères Lavrov affirme que dans les multiples pourparlers en cours, l’Occident avait « réagi positivement aux initiatives qu’il avait longtemps rejetées », ajoutant « qu’il sera possible d’arriver à un résultat global très décent ».
L’instrument de Poutine pour déstabiliser l’Occident
Nous assistons dans la crise actuelle à une démonstration de la « doctrine Gerasimov ». En février 2013, le général Valery Gerasimov, l’actuel chef de l’état-major des forces armées russes, a publié un article de 2000 mots qui expose une nouvelle théorie de la guerre moderne qui porte désormais son nom. Elle situe la politique et la guerre dans le même continuum.
Il écrit : « Les “règles de la guerre” elles-mêmes ont changé. Le rôle des moyens non militaires pour atteindre des objectifs politiques et stratégiques s’est accru, et, dans de nombreux cas, ils ont dépassé le pouvoir de la force des armes par leur efficacité. »
- Écoutez l'édito de Normand Lester à l'émission Mario Dumont diffusée chaque jour en direct 15 h 30 via QUB radio :
Pour Gerasimov, les tactiques non militaires (opérations psychologiques, politiques et subversives) ne sont pas auxiliaires à l’usage de la force, mais le moyen préféré de gagner. Le chaos est la stratégie que la Russie doit poursuivre. L’objectif est de créer un environnement de troubles et de conflits permanents au sein des États adversaires. Grâce à internet et aux réseaux sociaux, ce genre d’opérations est désormais possible. Les États-Unis sont la principale cible russe. Un monde unipolaire dominé par les États-Unis est inacceptable pour la Russie.
Gerasimov, Poutine, Xi et... Sun Tzu, même combat
Ce concept qui transcende les frontières entre la paix et la guerre inspire l’approche de Vladimir Poutine en politique étrangère. L’objectif stratégique de Poutine est de détruire toute l’architecture de l’ordre mondial actuel. Son ami chinois Xi Jinping est d’accord. La stratégie d’hostilités tous azimuts à la Gerasimov a des failles. Sa mise en œuvre peut être compromise lorsqu’on expose publiquement la façon dont ses applications tactiques fonctionnent et ce qu’elles visent à atteindre. C’est une stratégie vieille comme le monde. Le général chinois Sun Tzu expliquait dans L’art de la guerre il y a 2500 ans qu’il faut vaincre l’ennemi sans combat par la ruse, l’espionnage et d’autres moyens détournés afin de s’assurer une victoire à moindre coût.