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L'article provient de Le Journal de Montréal
Justice et faits divers

Arrestation musclée au District: le policier Jacob Picard a ressenti «la peur puis l’urgence d’agir»

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Photo portrait de Dominique Lelièvre

Dominique Lelièvre

2023-12-07T16:27:18Z
2023-12-07T21:24:05Z
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Aux prises avec un individu qui ne coopérait pas et qui s’est agrippé à lui, au restaurant-bar District Saint-Joseph, le policier Jacob Picard a eu «peur» et a senti une «urgence d’agir». C’est pourquoi il l’a poussé avec une force «modérée», affirme-t-il.

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Appelé à la barre des témoins par son avocate, l’agent Picard, 28 ans, a livré pour la première fois sa version des faits, jeudi, au quatrième jour de son procès pour une accusation de voies de fait causant des lésions en lien avec l’arrestation musclée d’un client le 16 octobre 2021.

Ce soir-là, il se rendait à l’établissement pour veiller au respect des règles sanitaires après y avoir constaté une première fois, la veille, des infractions à ce sujet.

Sur place, il était le seul membre de l’escouade GRIPP de la police de Québec, responsable notamment de la surveillance des bars, celle-ci étant en sous-effectif. Des patrouilleurs moins expérimentés l’accompagnaient.

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Capture d'écran
Capture d'écran

 

Client «hystérique»

Son attention, dit-il, s’est portée vers le plaignant dans cette affaire, Mathieu Gamache, car il était selon lui «en sueur» et «hystérique».

Selon ses dires, l’individu n’a offert aucune collaboration, refusant à deux reprises de mettre son couvre-visage et continuant à danser.

Le constable affirme avoir été lui-même poussé par Mathieu Gamache pendant qu’il essayait de l'escorter vers le corridor des salles de bains, où il voulait procéder à son identification.

Le citoyen, soutient-il, a d’abord empoigné un grillage pour ensuite s’agripper à sa chemise. Le policier ressent alors «la peur puis l’urgence d’agir», d'autant plus qu'ils se trouvent près du cadre de porte et que l'endroit est exigu, mentionne-t-il.

«Monsieur est accroché à ma chemise, monsieur est plus grand que moi, donc je perçois un danger, également étant donné son comportement qui est survenu auparavant où il a commis des voies de fait sur moi», a-t-il témoigné.

Il craint que le suspect puisse saisir le couteau dissimulé dans son équipement de policier ou encore qu’il soit en mesure de l’amener au sol, comme cela s’était produit deux mois plus tôt, lors d’une intervention auprès d’un individu où il avait été blessé, explique-t-il.

«Danger, danger»

«À ce moment-là, je me dis juste: là, c’est danger, danger. Il faut que je me dégage. Je décide que je le pousse pour me relâcher. Mon objectif était qu’il recule et que je puisse travailler en équipe avec mes collègues.»

Selon lui, l’objectif était de faire reculer l’individu de quelques pas pour créer une distance sécuritaire. Mais le résultat est tout autre: Mathieu Gamache heurte le mur avant de s’effondrer.

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«Monsieur a chuté vers le sol mais a fait comme un mouvement [en] vrille qu’encore aujourd’hui je ne peux pas m'expliquer», affirme-t-il, évaluant avoir appliqué «une force qui était modérée» et disant ne jamais avoir été guidé par la frustration ou la colère.

Il explique avoir fait un «examen primaire» de l’état de Gamache à ce moment et qu’il n’y avait aucune blessure ni aucun saignement apparents. 

Mais une fois relevé et menotté, l’homme aurait été agité et se serait cogné la tête avec un comptoir-bar, a-t-il continué. Il constate alors un «léger saignement».

Souvenirs vifs

En contre-interrogatoire, Jacob Picard a reconnu qu’il n’a pas jugé «pertinent» de rédiger un rapport en emploi de la force à la suite de cet incident.

Il a précisé avoir des souvenirs encore très vifs de cette soirée.

«Ça fait deux ans que je pense à cet événement-là continuellement. Je suis accusé, ça a des impacts sur ma vie personnelle, sur ma vie professionnelle», a-t-il laissé tomber.

Depuis le dépôt d’accusations criminelles contre lui, l’agent de la paix est affecté à des tâches administratives et a notamment pour mandat d’accompagner des victimes de violence conjugale, a-t-on pu apprendre.

Son récit s’avère fort différent de celui de Mathieu Gamache, qui, plus tôt cette semaine, disait au contraire avoir cherché à collaborer en essayant de récupérer son masque dans son manteau.

Considérant l’absence d’antécédents criminels du fêtard et les remords qu’il aurait exprimés une fois dans le véhicule de patrouille, l’agent Picard a finalement rédigé un simple constat d’infraction pour du désordre, «plutôt que de mettre des accusations criminelles de voies de fait sur un agent» qui auraient été plus lourdes de conséquences, a-t-il expliqué.

Rappelons que le policier est dans l’attente d’un deuxième procès d’une dizaine de jours pour une accusation de voies de fait simple en lien avec un événement survenu dans le secteur de Grande Allée, toujours à l’automne 2021.

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