Des dizaines d’armes saisies chaque année dans les écoles du Québec, dont des armes de poing
Il est toutefois difficile d’avoir un portrait précis des saisies puisqu’elles ne sont pas comptabilisées partout
Maude Boutet et Denis Therriault
Couteaux, armes à air comprimé, pistolet à impulsion électrique: des dizaines d’armes sont saisies chaque année dans les écoles primaires et secondaires du Québec. Encore plus troublant, on a même saisi des armes de poing.
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Selon les données parcellaires recueillies par le Bureau d’enquête auprès des 72 centres de services scolaires de la province, le Centre de services scolaire des Hautes-Rivières, à Saint-Jean-sur-Richelieu, a saisi des armes de poing: une en 2019 et une autre en 2020.
Il est toutefois difficile d’avoir un portrait précis de la situation puisque les établissements ne sont pas tenus de tenir un décompte des armes saisies.
Différents corps de police confirment eux aussi avoir saisi divers types d’armes en milieu scolaire un peu partout au Québec. Le Service de police de la Ville de Gatineau a notamment saisi un pistolet à impulsion électrique en 2020, puis un second en 2021.
Des armes à air comprimé et des armes à plomb ont aussi été confisquées.
Ces saisies font craindre le pire alors que la violence n’a jamais été aussi présente dans les écoles comme le démontre un reportage de J.E qui sera diffusé à LCN samedi et dimanche.
- Écoutez le segment judiciaire avec Félix Séguin diffusé chaque jour en direct 8 h 35 via QUB radio :
ARMES BLANCHES POPULAIRES
Ce sont les armes blanches qui ont été les plus saisies depuis 2019 dans les différents centres de services scolaires de la province.
Elles comprennent autant les couteaux et les canifs que les lames d’exacto et celles d’aiguisoirs.
Par exemple, le Centre de services scolaire des Draveurs, à Gatineau, rapporte 78 saisies d’armes blanches depuis 2019. Au CSS des Hautes-Rivières, sur la Rive-Sud de Montréal, sans avoir les données de l’ensemble de leurs établissements, on en dénombre 35.
UN PORTRAIT DIFFICILE À DRESSER
Difficile, voire impossible, d’avoir un portrait juste des armes qui ont circulé dans les écoles du Québec dans les dernières années.
L’équipe du Bureau d’enquête a fait une demande d’accès à l’information auprès des 72 centres de services scolaires de la province pour connaître le nombre et les types d’armes saisies dans les établissements primaires et secondaires depuis 2019.
Si certains ont effectué une compilation, d’autres nous ont carrément répondu ne détenir aucune information à ce sujet ou ne pas pouvoir les fournir en totalité.
Au Centre de service scolaire de Saint-Hyacinthe, on indique ne pas détenir de rapport, mais on indique qu’il y a pu y avoir des saisies dans 10 établissements.
Certains centres de services scolaires précisent le type d’armes saisies, alors que d’autres offrent simplement un nombre total de saisies sans plus de précision. C’est le cas du CSS de Charlevoix, où 6 armes ont été saisies depuis 2019, et du CSS du Lac-Saint-Jean, qui en a saisi 12.
La centralisation des données et l’accès facile à certains indicateurs font partie des sept priorités du nouveau ministre de l’Éducation, Bernard Drainville.
- Écoutez l'entrevue avec l'enseignant Luc Papineau à l’émission de Richard Martineau via QUB radio :
Des agents de sécurité pour protéger le personnel
La direction de l’école secondaire Gérard-Filion à Longueuil a dû embaucher des agents de sécurité il y a un peu plus d’un an après avoir été informée que des élèves avaient instauré un système de codes de couleur pour intimider des membres du personnel.
Les élèves identifient un enseignant ou un éducateur spécialisé avec une couleur, nous a confié un employé qui ne veut pas être identifié.
«Par exemple, Mme Sylvie est cool, elle a un code vert, ils la laissaient tranquille. Monsieur Sylvain, lui, c’est différent. Il a un code bleu. Donc, des jeunes l’accrochaient quand il marchait dans les corridors. Ces élèves-là pouvaient perturber les cours de certains profs, les suivre dans le stationnement où ils les intimidaient. C’était filmé. Et ça se retrouvait sur Snapchat», explique-t-il.
ENQUÊTE POLICIÈRE
Le service de police de Longueuil confirme avoir ouvert une enquête qui n’a toutefois pas débouché sur des accusations.
Des membres du personnel des écoles secondaires Gérard-Filion et Monseigneur-A.-M.-Parent de Longueuil se disent aussi préoccupés par des bagarres organisées entre élèves qui peuvent être très violentes.
Les jeunes appellent ça des «deux minutes» ou des «fight two minutes», nous confie un enseignant qui ne veut pas être identifié.
«De courtes bagarres où il n’y a aucune règle. Souvent, c’est un jeune contre un jeune. Là, tu peux avoir un troupeau d’élèves autour. Pour bloquer. Ils ne veulent pas que le jeune se sauve. Tout est permis. Parfois, la règle change. C’est du quatre contre un. Ou plus. C’est violent.»
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