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L'article provient de 24 heures

Violence armée à Montréal: l'incompréhensible mort de Jayson Colin

Jayson Colin, victime d'un homicide à Montréal-Nord
Jayson Colin, victime d'un homicide à Montréal-Nord Photo courtoisie Stefan Verna / CDEC Montréal-Nord
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Photo portrait de Anne-Lovely Etienne

Anne-Lovely Etienne

2022-08-17T15:54:04Z
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BILLET - 10 août. Un jeune homme noir est criblé de balles à Montréal-Nord, à la sortie d’une cour d’école. Ce n’est pas un film de Spike Lee. Il s’agit bel et bien de la réalité. Jayson Colin a froidement été assassiné dans le hood. Et sa mort me fait réfléchir.

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Jayson devient tristement la victime du 19e homicide de l’année à survenir sur l’île de Montréal. Un détail me touche particulièrement: l’école dont il sortait est celle que fréquente mon beau-fils de 14 ans, non loin de la maison de mon conjoint.

Je ne connaissais pas Jayson, mais il semblait être un jeune homme exceptionnel. J’ai discuté avec quelques personnes qui ont eu la chance de le côtoyer dont Paulandre, une jeune entrepreneure, qui l’avait rencontré lors du programme de démarrage d’entreprises de la Corporation de développement économique communautaire (CDEC) de Montréal-Nord. 

«On se voyait presque tous les jours et Jayson avait eu l’idée de redonner aux jeunes, à sa communauté. Il était un passionné de hockey. Il voulait rendre ce sport accessible aux jeunes du quartier. Il était tellement gentil et rieur», raconte-t-elle. 

Il était le fils unique de sa mère, une ancienne intervenante d’ailleurs très impliquée au sein de la communauté de Montréal-Nord. «Je considère ça comme une tragédie. Personne ne mérite d’enterrer son enfant dans de telles circonstances. Ronide est une mère magnifique qui s’est beaucoup sacrifiée pour son fils», m’a écrit une amie de la famille. 

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Ça me donne la rage au cœur. Jayson, dépeint par ses proches comme un être humain gentil, engagé, fonceur et responsable ne méritait pas de mourir. C’en est assez.

Ça me rappelle aussi la mort de Molière Dantes alias Mon Oncle Tchouchou, décédé il y a un an, lors d’une fusillade à Rivière-des-Prairies. Sa fille Thery, enceinte de six mois, et sa nièce Mikerline m’avaient raconté à quel point leur deuil s’annonçait difficile.

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Des chiffres qui font peur

On ne parle pas d’anecdotes. Les chiffres le montrent: la violence armée augmente à Montréal. 

Le rapport annuel du Service de police de la Ville de Montréal (SPVM) de 2021, a enregistré 144 décharges d’armes à feu, soit une chaque 2,5 jours, comparativement à 71 pour l’année 2020.

Le week-end dernier, Le Journal rapportait que 80 coups de feu ont été tirés à Montréal en 24 heures

Avec ces chiffres et ces histoires, en marchant seule jusqu’à ma voiture vers la maison de mon conjoint à Montréal-Nord, je panique. Les fusillades surviennent à quelques rues de chez lui. Je me demande : pourrais-je être la cible de scoring, ce phénomène dans lequel des jeunes s’amusent à tirer sur n’importe qui et n’importe où, pour faire partie d’un gang? 

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La violence armée qui tue désormais plusieurs innocents assassine l’esprit de communauté et étouffe petit à petit l’espoir d’un avenir meilleur à Montréal-Nord, à Rivière-des-Prairies, à Saint-Léonard et dans tous les autres quartiers disproportionnellement touchés par cette violence.

Des questions sans réponse

Plusieurs interrogations se bousculent donc dans ma tête...

Est-ce que les autorités prennent véritablement au sérieux ce qui se passe à Montréal-Nord?

Si les victimes étaient des richissimes d’Outremont ou de Westmount et des autres quartiers environnants, réagiraient-elles autrement?

Est-ce que les citoyens de Montréal-Nord peuvent encore compter sur les instances gouvernementales et sur le SPVM pour assurer leur sécurité? 

Est-ce que la police craint d’effectuer son travail par crainte de représailles ou d’accusation de profilage raciale?

J’aimerais tellement comprendre ce qui se passe. Vous travaillez dans la police ou vous avez des informations et vous désirez me contacter pour m’aider à comprendre? Écrivez-moi à anne-lovely.etienne@quebecormedia.com, je garderai votre témoignage anonyme. 

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