Vieux-Québec: Marchand veut lutter contre le «surtourisme»
Taïeb Moalla | Journal de Québec
PARIS | Bruno Marchand s’inquiète du «surtourisme» dans le Vieux-Québec. À ses yeux, ce phénomène est en partie responsable de la perte de résidents permanents dans ce secteur patrimonial mondial qui risque de devenir un vaste «Walt Disney en carton» uniquement occupé par des logements de type Airbnb.
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C’est l’essence du message envoyé lundi matin par le maire de Québec après une rencontre, avec plusieurs hauts responsables de l’UNESCO à Paris, dont Ernesto Ottone R., sous-directeur général pour la Culture.
«Dans le Vieux-Québec, c’est plus facile de se trouver un gilet avec un orignal marqué Canada que de se trouver une pomme pour manger», a regretté le maire.
D’après lui, «si on ne gère par le surtourisme, on devient un Walt Disney de carton parce qu’il n’y a de la place que pour les touristes. Ça peut être très attractif au départ parce qu’on se dit que les touristes viennent dépenser chez-nous. Mais à long terme, c’est perdant».
«Gérer l’affluence»
Donnant l’exemple de Dubrovnik, en Croatie, le maire Marchand a évoqué l’idée de mieux organiser les horaires des croisières et de limiter ainsi le nombre de touristes qui débarquent simultanément dans un espace restreint. «Ils ont mis un paquet d’éléments en place pour faire en sorte que les gens viennent savourer la qualité de Dubrovnik. Non pas, comme touriste, tout ce que tu savoures c’est l’autre touriste qui est à côté de toi et être envahi toi aussi par des touristes, mais que tu puisses goûter à cette culture que tu visites», a-t-il illustré.
À long terme, le tourisme de masse risque de faire perdre de l’authenticité et de l’attrait pour des destinations comme Québec. Pour y faire face, cela passe notamment par une meilleure coordination des horaires de débarquement des croisières. L’expérience en serait améliorée autant pour les résidents que pour les touristes, a-t-il insisté.
La Ville de Québec réfléchit à des solutions pour «gérer l’affluence» tout en assurant consulter ses partenaires comme les citoyens du Vieux-Québec, le port de Québec ou Destination Québec cité.
«On a dans le Vieux-Québec des espace inhabités où on pourrait loger des gens. On a dans le Vieux-Québec la capacité d’amener des épiceries, d’amener une qualité de vie. On a déjà parlé de piétonnisation. On verra jusqu’où on va et à quelle vitesse», a-t-il réitéré.
Ramener des gens dans le Vieux-Québec
Selon lui, «notre objectif est de ramener des gens dans le Vieux-Québec par un paquet de moyens pour faire en sorte que cette ville-là rayonne pas juste en Airbnb et en tourisme, mais surtout avec des gens du coin qui partagent leur culture, la langue, la bouffe, la musique et qu’il y ait des familles qui y vivent».
Pour y parvenir «on a un immense besoin d’ouvrir des ponts avec l’UNESCO et de faire en sorte qu’on ait une collaboration plus forte qui permet aux villes de faire face à leurs enjeux», a déclaré le maire qui était également reçu è l’UNESCO à titre de président de l’Organisation des villes du patrimoine mondial (OVPM).
Cette collaboration passe par l’assouplissement de certaines normes en vigueur tout en respectant l’aspect patrimonial. M. Marchand a signalé la possibilité de mettre en place de mesures d’adaptation pour l’approvisionnement en électricité, comme l’installation de panneaux solaires sur les toits des immeubles.
Michel Bonsaint, représentant du Gouvernement du Québec à la Délégation permanente du Canada auprès de l’UNESCO, s’est félicité d’une «super rencontre» au cours de laquelle le maire de Québec a pu créer des liens directs avec les dirigeants de l’UNESCO.
«C’était la rencontre de ceux qui pensent les programmes et de ceux qui les font vivre», a-t-il résumé.
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