[VIDÉO] Funérailles nationales: «Un joueur plus grand que nature»
Patrick Roy a salué un «héros» à la «générosité hors du commun»
Le Journal
Patrick Roy a rendu hommage à un « homme plus grand que nature », un « héros » qui est la « preuve vivante qu’on peut et doit rêver grand ». L’ancien gardien étoile a livré un discours touchant et rempli d’émotions, mardi, quand il a salué une dernière fois son ami. Le Journal publie l’intégralité de son message soulignant les qualités humaines du Démon blond.
• À lire aussi: [EN DIRECT] Funérailles nationales de Guy Lafleur: voici tous les développements
• À lire aussi: [VIDÉO] Funérailles de Guy Lafleur: Ginette Reno chante «L'Essentiel» lors de la cérémonie
• À lire aussi: [EN IMAGES] Funérailles nationales de Guy Lafleur: un hommage digne de notre héros
« Dans les années 1970, tous les jeunes joueurs de hockey au Québec rêvaient d’être un Guy Lafleur. Moi, je rêvais d’être un Ken Dryden afin de pouvoir jouer un jour dans la même équipe que Guy Lafleur. Guy, c’était un joueur plus grand que nature dont les exploits et les prouesses n’avaient pas de limite. C’était l’idole, le héros, l’inspiration, la preuve vivante qu’on peut et doit rêver grand. »
« En 1984, quand j’ai franchi les portes du Forum, que j’ai pris le corridor pour me rendre au vestiaire en vue de ma toute première pratique avec les Canadiens de Montréal, j’ai pris toute la mesure du héros qui se dressait devant moi : une stature, de la prestance, du charisme. Le numéro 10 établi en cinq minutes. [...] Intimidé, impressionné, je vivais un moment surréel. Avant de sortir, il m’a donné un coup sur les pads et m’a dit : hé le kid, bienvenue chez les Canadiens. Parce que c’est ça, Guy Lafleur : c’est du cœur, un profond respect et de la générosité sans borne. C’est le gars qui prend le temps, car il sait que pour toi, ces quelques mots feront toute la différence. C’est sa façon de dire que maintenant, on est dans la même équipe, qu’il va être là pour toi même s’il va te shooter dessus non-stop dans les prochaines minutes. »
« Notre affrontement le plus mémorable remonte au 4 février 1989 alors que Guy faisait un retour au jeu, cette fois dans l’uniforme des Rangers de New York. C’est aussi son grand retour au Forum. Dès l’échauffement, la foule était en délire et scandait son nom ; une soirée magique, tellement magique que quand il m’a scoré deux buts, j’ai reçu une ovation ! Ce soir-là, j’ai vu un héros revenir à la maison, retrouver ses partisans et recevoir cette immense dose d’amour avec beaucoup d’humilité. Ce soir-là, ce héros a même trouvé le moyen de relativiser mes erreurs et de lancer des fleurs à ses ex-coéquipiers. Ce soir-là, au Forum, on a tous réalisé à quel point il nous avait manqué. »
« Des années plus tard, alors qu’il était au Centre Vidéotron pour tourner une publicité, il est venu me saluer et a pris le temps de jaser. Comme il l’a fait dans le vestiaire en 1984, c’était sa façon de donner un coup sur les pads d’un ancien. C’était sa façon de prendre soin des siens, de nous rappeler que même si on n’est que de passage dans une équipe, l’appartenance, l’amitié et la fierté perdurent bien au-delà d’une saison de hockey. Depuis l’annonce de son grand départ, les éloges se multiplient et clairement, la moitié de la population du Québec a une photo avec Guy Lafleur. »
« Parce que Guy, c’est aussi ça : une générosité hors du commun, un franc-parler et de l’authenticité, le respect profond des partisans, ce souci de redonner, de s’intéresser à l’autre, et de prendre cet instant qui fait toute la différence. Je peux vous dire que même nous, les anciens, on a notre photo avec Guy Lafleur, pour encapsuler ce moment où il a pris le temps, où il nous a écoutés, conseillés et soutenus, comme pour se rappeler qu’au final, c’est l’équipe avant tout. »
« Guy, quand je me replonge dans ces souvenirs, je réalise que notre relation a été à l’image d’un match de hockey de trois périodes marquantes : comme coéquipier, comme adversaire sur la glace, et comme ancien. Devant le vide immense que crée ton départ, j’avoue que j’aurais bien pris une prolongation. Mais je comprends que tu gardes ça pour le monde en haut. »
« Au-delà des statistiques, des prouesses et des exploits, on prend aujourd’hui toute la mesure de ton legs, et de tes valeurs de cœur que tu as insufflées à des générations. Repose en paix mon ami, tout le monde ici sait que tu es un vrai. »
- Écoutez la chronique de Mathieu Cyr au micro de Geneviève Pettersen à QUB radio: