Vent de liberté: l’Angleterre laisse tomber le masque et presque toutes ses mesures sanitaires
AFP, 24 heures
L'Angleterre a abandonné jeudi la quasi-totalité de ses mesures sanitaires malgré la menace du variant Omicron qui se fait toujours sentir. Le gouvernement veut maintenant que la population vive avec la COVID-19 comme avec la grippe.
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Fini le masque
Dès aujourd’hui, le port du masque n’est plus obligatoire dans les lieux publics intérieurs, même chose pour le passeport sanitaire. La semaine dernière, la recommandation de faire du télétravail a aussi été levée. Ces mesures, qui avaient été retirées pendant l’été, avaient été imposées à nouveau en décembre lors de l’arrivée en force du variant Omicron.
Malgré cette décision, le maire de Londres, Sadiq Khan, a annoncé qu'il maintenait l’obligation du port du masque dans les transports en commun dans la capitale. Certaines chaînes de supermarchés comme Sainsbury's, Waitrose ou Morrisons le demandent aussi à leurs clients.
Les résidents des maisons de retraite, dont 86,5% ont reçu leur dose de rappel de vaccin, pourront quant à eux recevoir un nombre illimité de visiteurs à partir de lundi. S’ils sont déclarés positifs au coronavirus, ils devront s’isoler moins longtemps.
Le premier ministre, Boris Johnson, espère pour sa part pouvoir lever en mars l’obligation de s’isoler en cas de test positif, «tout comme il n’y a pas d’obligation légale pour les gens qui ont la grippe de s’isoler».
Une levée des restrictions sous fond de scandale
Ce vent de liberté tombe à point pour Boris Johnson, plus que jamais fragilisé à la tête du gouvernement. Le chef d'État a été éclaboussé par un nouveau scandale, le «partygate». Des médias britanniques ont en effet révélé que des partys ont été organisés à Downing Street, la résidence officielle du premier ministre, pendant les confinements.
Depuis l'éclatement du scandale, Boris Johnson est de plus en plus contesté, y compris au sein de son parti.
Sur Twitter, il s'est néanmoins félicité de cette nouvelle étape, tout en prévenant que «la pandémie n’est pas terminée». «Tout le monde doit rester prudent, et j’exhorte tous ceux qui n’ont pas encore reçu leur vaccin à se manifester», a-t-il écrit.
The success of our booster rollout, the tireless work of the NHS and the amazing public response means Plan B measures have ended in England today.
— Boris Johnson (@BorisJohnson) January 27, 2022
The pandemic is not over – everyone should remain cautious, and I urge anyone who hasn’t yet got their vaccine to come forward.
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Les Britanniques mitigés
«On dirait qu’on retrouve Londres comme avant», se réjouit Elizabeth Hynes, 71 ans, interrogée par l’AFP près de la cathédrale Saint-Paul, dans le cœur de la capitale britannique. «On réalise à quel point le théâtre et les spectacles nous ont manqué.»
«Les choses doivent revenir à la normale», ajoute-t-elle.
C'est un «gros soulagement», reconnaît Jessie Wright, 19 ans, apprentie en ressources humaines, même si «cela fait encore un peu peur» et qu'elle «garde toujours un masque» sur elle. «Cela fait presque deux ans, et rester coincé à l'intérieur ou être contraint de rester à l'extérieur a été épuisant, surtout pour quelqu'un de mon âge», confie-t-elle.
Lewis Colbyn, un barman de 39 ans qui a déjà eu la COVID-19 et qui ne craint pas de l’attraper de nouveau, aborde cette nouvelle phase avec optimisme et prudence: «C’est peut-être trop tôt, c’est peut-être trop tard. Je ne sais pas.»
Il continuera à porter un masque dans les transports et les magasins.
Encore de nombreux cas
Les 37 millions de doses de rappel qui ont été administrées permettent, selon le gouvernement, de réduire les cas graves et les hospitalisations et d’amoindrir la pression sur le système de santé. Selon les derniers chiffres, 64% de la population de plus de 12 ans a reçu une troisième dose de vaccin contre la COVID-19.
Alors que le nombre de cas explosait pendant les Fêtes, Boris Johnson avait résisté aux appels à durcir encore les restrictions mises en place. Il estime que les faits lui ont donné raison: les hôpitaux ont tenu le coup, le nombre de patients sous ventilateur n’a jamais augmenté et les cas ont nettement baissé.
Cela dit, le Royaume-Uni, qui fait partie des pays les plus durement touchés par la pandémie avec près de 155 000 morts, connaît toujours près de 100 000 nouveaux cas enregistrés quotidiennement.