La Force triomphe à la maison
Félix Desjardins
La glace est brisée pour la Force de Montréal à domicile. Menée par une Jade Downie-Landry magistrale, la nouvelle équipe de la Premier Hockey Federation a offert un spectacle de qualité dans une victoire de 5 à 3 face au Metropolitan Riveters, samedi au Centre 21.02.
La troupe de Peter Smith ne pouvait rater son coup. En tournée à travers la Belle Province tout au long de la saison, elle jouait pour la première et dernière fois de la campagne sur la patinoire de l’Auditorium de Verdun.
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L’attaquante Jade Downie-Landry a bien compris l’importance de cette mission. Elle a été de tous les instants de la victoire des hôtes, inscrivant trois buts et deux mentions d’aide face à l’équipe établie à Newark, au New Jersey.
«Je suis vraiment content pour [Jade], a lancé Smith au terme de la rencontre. Elle voit tellement bien le jeu. C’est une joueuse intelligente qui a d’excellentes aptitudes. Elle rend les joueuses autour d’elle meilleures.»
L’ancienne de l’Université McGill a inscrit le but vainqueur en début de troisième période, en battant d’abord la défenseure Reagan Rust de vitesse, puis la gardienne Rachel McQuigge en logeant le disque sous son bras.
La native de Saint-Jean-sur-Richelieu a mis la cerise sur le gâteau quelques instants plus tard en permettant pour la deuxième fois du match à sa capitaine Ann-Sophie Bettez de trouver le fond du filet. Downie-Landry a plus tard fait pleuvoir les couvre-chefs en glissant la rondelle dans un filet désert, grâce à la générosité de sa coéquipière Samantha Isbell.
«Des fois, il y a des “games” où ça va bien, a candidement exprimé l’étoile du match. Les passes qui m’ont été faites étaient des bonbons, comme on dit. Le troisième but, c’était tellement une belle chose, la passe que Sam m’a faite. J’étais émue, un peu, parce que c’était très généreux.».
Devant la cage montréalaise, Tricia Deguire a signé la victoire en repoussant 19 des 22 tirs adverses. Fanni Garat-Gasparics, Sarah Bujold et Kennedy Ganser ont trompé sa vigilance.
Des unités spéciales
Vendredi, l’attaquante Kim Deschênes avait exprimé sa crainte de voir le match se transformer en bataille des unités spéciales, et elle n’aurait pu viser plus juste. Au total, 10 pénalités mineures ont été décernées par les officielles, qui n’ont pas fait preuve de beaucoup d’indulgence.
C’est d’ailleurs en supériorité numérique que Fanni Garat-Gasparics, représentante de la Hongrie sur la scène internationale, a ouvert la marque pour les Riveters. Elle a profité d’un rebond généreux accordé par Deguire pour faire scintiller la lumière rouge.
Par chance, la Force a pu compter sur une Downie-Landry en grande forme en attaque massive. La joueuse de centre du premier trio a mis la table pour le premier but de l’histoire de la Force à domicile, inscrit par Bettez, en tricotant habilement autour de la défensive adverse. Le numéro 27 a d’ailleurs aussi fait mouche pour la première fois de la rencontre avec une joueuse en plus sur la patinoire, grâce à son tir des poignets dévastateur.
Downie-Landry, qui compte maintenant huit points en trois rencontres pour amorcer la saison, ne s’est pas arrêtée là. Pendant que l’attaquante adverse Kelly Babstock visitait le cachot pour la deuxième fois de la rencontre, elle a trouvé la lucarne d’un tir des poignets véloce pour redonner les devants aux siennes en milieu de deuxième vingt.
La Force sera de retour en action dimanche, à l’aréna Raymond-Bourque de Saint-Laurent.
Permettre aux jeunes filles d’y rêver
À quelques minutes de la mise au jeu protocolaire, une foule jeune, curieuse et déjà décorée de bourgogne attendait impatiemment les débuts de ses nouvelles héroïnes locales.
Environ six mois après avoir accueilli un nouveau club de basketball professionnel, l’Alliance de Montréal, l’Auditorium de Verdun a une fois de plus été le berceau d’une nouvelle organisation du paysage sportif québécois : la Force de Montréal.
Depuis l’arrêt des activités de la Ligue canadienne de hockey féminin et, du même coup, des Canadiennes de Montréal, le public montréalais n’a eu que très rarement la chance de voir du hockey féminin de haut niveau.
En se fiant à l’énergie et à la passion des quelque 2500 personnes réunies au Centre 21.02ー un record de la Premier Hockey Federation ー, on arrive facilement à la conclusion qu’il en était grand temps.
«L’ambiance dans le “building” était incroyable, a noté la grande vedette de la rencontre, Jade Downie-Landry. C’est une sensation qu’on rêve toutes de vivre. C’était incroyable.»
«Cette foule, c’est exactement ce que ces joueuses méritent, a ajouté l’entraîneur-chef Peter Smith. J’étais vraiment heureux pour elles.»
Symbole du manque cruel d’opportunités dans le hockey féminin professionnel, la capitaine Ann-Sophie Bettez a même avoué qu’elle a songé à la retraite avant la création de la Force.
«Des fois, les meilleures choses arrivent quand tu t'y attends le moins, a-t-elle philosophé. Même cet été, je me demandais si j'allais continuer à jouer au hockey. La venue de cette franchise, pour moi, ça veut dire beaucoup.»
Ouvrir la voie
Au son de la batterie de l’artiste Domino Santantonio, l’escadron montréalais a été présenté en grande pompe avant le début des hostilités.
Galvanisée par les mots d’encouragement du président de l’équipe, Kevin Raphaël, la foule remplie de garçons et de filles de bas âge a réservé un accueil chaleureux aux membres de la Force. De quoi inspirer une équipe qui tente d’ouvrir la voie aux prochaines générations d’amoureuses de notre sport national d’hiver.
«C'est de donner un rêve que nous, on n'avait pas quand on était jeunes, a expliqué Bettez. C'est vraiment encourageant et ça nous donne envie de travailler encore plus fort pour mettre le meilleur produit sur la glace pour qu'elles, quand elles arrivent à notre âge, puissent être dans nos patins.»
«C’est tellement le “fun” qu’il y ait des petites filles qui vont pouvoir rêver de jouer professionnellement, a renchéri Downie-Landry. Les petits gars, ça fait longtemps qu’ils ont cette opportunité. Je trouve ça incroyable que les petites filles l’aient aussi maintenant.»