Space Force: une série pleine de potentiel qui ne décolle pas [CRITIQUE]
Kazzie Charbonneau
Space Force, créée par Greg Daniels et Steve Carell de la série culte The Office (US), débarque sur Netflix aujourd'hui et avec son casting impressionnant, les attentes sont hautes. Peut-être trop hautes.
Critique sans spoilers sur l'intrigue.
La série s'amuse avec le concept de la force spatiale, une (vraie) idée propulsée par Donald Trump, avec l'objectif de dominer un nouveau terrain de guerre. L'émission Netflix démarre justement avec un président (appelé POTUS) au tweet facile qui déclare qu'il veut mettre « des bottes sur la lune » grâce à cette nouvelle branche militaire. Et son dirigeant est Mike Naird, incarné par Steve Carell.
Sur papier, Space Force a beaucoup d'ingrédients pour une recette gagnante. Excellent casting, un concept qui peut refléter la réalité et, visiblement, un gros budget. Mais, il y a des problèmes au niveau de l'exécution. Space Force pourrait être excellente, mais la première saison ne décolle pas.
Bande-annonce Space Force
La série a de la difficulté à trouver un équilibre entre humour et sérieux. Par moments, les commentaires faits par les personnages sont comiques et absurdes. Mais, il y a aussi des scènes qui veulent être sérieuses, qui donnent l'impression de regarder un PSA pro-militaire maladroit. Le problème majeur est que l'humour n'est pas assez drôle et le drame n'est pas si dramatique. Chaque épisode semble changer de cap et on ne comprend plus exactement ce qu'est Space Force. En essayant d'être un peu de tout, Space Force est malheureusement rien.
L'histoire quant à elle n'est pas totalement définie; on suit les débuts du programme Space Force, ses échecs et ses réussites. Il y a quelques histoires secondaires qui, elles aussi, sont peu définies et qui n'aident pas vraiment à développer les autres personnages.
Il est difficile de saisir Mark Naird, le personnage principal incarné par Steve Carell. C'est un militaire rigide, mais aussi absurde. Parfois, il agit en parfait imbécile et des fois, il est charismatique et intelligent. C'est vrai, les humains sont complexes, mais on dirait que les créateurs ont trop voulu que Mark Naird soit un peu de tout et ça fait en sorte qu'on ne comprend pas ses ambitions, ses valeurs ni même sa réelle personnalité.
Un rôle plus stable est celui du Dr Mallory, incarné par John Malkovich, qui aide Naird à garder les pieds sur terre avec ses interventions scientifiques. L'humour qui ressort du personnage semble plus réaliste et motivé par un découragement face aux actions de son supérieur.
Ben Schwartz, que l'on a connu dans la série Parks & Recreation et qui a prêté sa voix à Sonic au cinéma, est également excellent en tant que créateur de contenus numériques. Justement, j'aurais préféré le voir un peu plus!
Trop tard dans la série de 10 épisodes, on en apprend plus sur le personnage d'Angela Ali, incarnée par Tawny Newsome. Si les épisodes duraient plus de 30 minutes, on aurait peut-être pu mieux la connaître, car elle est très intéressante.
Bien que certaines scènes soient drôles, l'humour semble souvent arriver de nulle part. Au cinéma, certains personnages servent parfois de « comic relief », mais dans Space Force, c'est le cas de tout le monde, mais il y a trop de retenue. Ça fait en sorte que tout le monde est un peu drôle, mais pas assez.
Construire un personnage prend du temps. Après tout, on a appris cette leçon avec les débuts des séries The Office et Parks & Recreation. La première avait un Michael Scott(Steve Carell) abruti et difficile à apprécier, tandis que la deuxième présentait Leslie Knope(Amy Poehler) comme incompétente. Petit à petit, ces séries ont trouvé un équilibre. Il y a aussi Barry sur HBO qui est un bel exemple qui prouve que l'humour et le sérieux peuvent cohabiter.
Space Force a beaucoup de potentiel et oui, certains moments sont drôles. Les interventions « bébé gâté » du président américain sont particulièrement amusantes. Mais, la série doit pousser son idée encore plus loin et mieux définir ses personnages si elle veut décoller la prochaine fois.